Air Sénégal frappée par une saisie judiciaire : Quatre avions cloués au sol, pour une dette de près de 3 milliards FCfa

Saisi par les sociétés Aergen Aircraft Twenty Limited et Sasof III Aviation Ireland DAC, le tribunal a autorisé l’immobilisation immédiate de deux Airbus A319 et deux Airbus A321 de la flotte d’Air Sénégal. Ces appareils avaient été mis en location à la compagnie nationale, mais les contrats ont été résiliés depuis août 2024, pour non-paiement prolongé.

Selon les ordonnances judiciaires, la compagnie doit régler :
• 1,56 million de dollars à Aergen, pour la période de septembre 2022 à février 2025.
• 3,47 millions de dollars à Sasof, pour la période de novembre 2022 à mai 2025.

Tensions sur le tarmac de l’AIBD

Ce mardi matin, un huissier de justice mandaté par les sociétés plaignantes, s’est rendu à l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD), pour procéder à l’exécution de la saisie. Mais selon des sources proches du dossier, l’huissier a été empêché d’accéder aux avions, la compagnie n’ayant pas délivré les badges d’accès nécessaires.

En réponse, les créanciers ont introduit une demande d’astreinte particulièrement sévère :
500 millions FCfa par heure de vol ou par jour de retard dans l’exécution de la saisie.

Une dette qui s’alourdit, une flotte sous pression

Cette affaire s’inscrit dans un contexte plus large de difficultés financières chroniques pour Air Sénégal. Depuis plusieurs mois, la compagnie fait face à de nombreuses poursuites de ses bailleurs internationaux, notamment le groupe Carlyle Aviation.

En août 2024 déjà, quatre avions avaient été saisis aux États-Unis, par décision de justice. Et en janvier 2025, malgré un paiement de 10 millions de dollars pour régulariser une partie des créances, deux avions avaient encore été brièvement bloqués, pour absence de certificats à jour.

Aujourd’hui, la dette globale d’Air Sénégal est estimée entre 100 et 150 milliards FCfa, incluant des créances dues à divers fournisseurs techniques, compagnies de leasing et prestataires d’entretien.

Un coup dur pour l’image nationale et les usagers

Cette nouvelle saisie jette une ombre sur la fiabilité des vols de la compagnie. De nombreux passagers s’inquiètent des annulations de dernière minute, des perturbations de programme ou même de la pérennité de certains vols long-courriers.

Pour le personnel navigant et technique, c’est également la crainte d’un plan social, voire de licenciements, si les opérations continuent à être paralysées.

Et maintenant ?

Le dossier reste pendant devant le Tribunal de commerce de Dakar, avec une audience prévue le 23 juin 2025. La question centrale : les créanciers réussiront-ils à faire exécuter l’immobilisation effective des avions, ou l’État interviendra-t-il pour sauver la flotte stratégique ?

La rédaction de Leral TV suit ce dossier de très près et vous tiendra informés des développements à venir.