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Après le vote des Sénégalais : Macky Sall a-t-il enfin compris ?

Après le vote des Sénégalais Macky Sall comprendra-t-il enfin le message que les populations lui ont envoyé via les urnes ? A 18 mois de la fin de son mandat, il a encore son destin en main. Soit il choisit de le finir en beauté en allant dans le sens voulu par ses compatriotes, soit il persiste dans le déni de la défaite et écoute ses thuriféraires qui ne prêchent que pour leur chapelle et qui veulent lui faire faire un troisième mandat lourd de danger. Tribune


Rédigé par leral.net le Samedi 13 Août 2022 à 10:53 | | 0 commentaire(s)|

Les Législatives du 31 juillet ont été l'occasion pour les Sénégalais de lancer au Président Macky Sall un signal fort. Lors de ces élections, le Peuple a clairement montré qu'il veut la réduction des pouvoirs du président, une gestion vertueuse et un contrôle plus strict des affaires publiques etc.

Aujourd'hui ce qui reste au Président Sall, c'est d'analyser froidement la victoire à la Pyrrhus de son clan, de comprendre le message contenu dans les urnes et tenter d'y apporter des solutions. Ce qu'il convient surtout d’éviter, c'est d'écouter ses thuriféraires, qui malgré cette victoire qui a des allures de défaite, persistent dans leur déni de la défaite et clament victoire. Passer de 125 députés à 82 est une dégringolade et il n y a pas de quoi pavoiser.

Malheureusement, la mouvance présidentielle, toujours arc-boutée aux chiffres, n’a pas semblé le comprendre et continue de se glorifier de cette victoire suffisamment étriquée pour ne pas donner à Bby la majorité absolue ! Alors que la meilleure attitude aurait été de se libérer du fétichisme des chiffres pour se pencher rigoureusement sur les facteurs économiques, sociologiques et politiques qui ont concouru à cette débâcle. Mais l'habitude étant une seconde nature, il est à craindre que le président, habitué à des manœuvres politiques au point d'être qualifié par ses partisans de «génie» politique, ne tente encore, comme il sait si bien le faire, de miner les coalitions Yewwi-Wallu en tentant une entreprise de débauchage comme ce fut le cas après les Locales.

Seulement, cette entreprise risque d’être contre-productive parce que lors de ces Législatives, ce Peuple a montré qu'il sait se faire respecter et n’hésite plus à sanctionner tous ceux qui trahissent sa confiance. Aujourd'hui, le constat est que les Sénégalais, à travers leur vote, exigent la réhabilitation des valeurs ; et tous les élus qui vont monnayer leurs suffrages pour des privilèges sont attendus au tournant et seront systématiquement déchus de leur mandat.

Actuellement, il est clair que la principale opposition du pouvoir n'est pas Yewwi ou Wallu, mais c'est surtout la demande sociale, présente et pressante ; mais aussi la mal gouvernance qui caractérise le régime.

D'ailleurs, ce sont ces mêmes facteurs qui ont eu raison du Pds et risquent aussi de terrasser l'Apr. Étant donné qu'il n'est jamais trop tard pour bien faire, le Président Sall qui a encore les cartes en main sur ses prochains 18 mois à venir, peut avoir une sortie honorable comme ses prédécesseurs s'il joue franc jeu. Et jouer franc jeu, c'est avant tout respecter son engagement à passer la main en 2024, comme il l'avait déclaré. Pour ce faire, il ne doit plus écouter ces «guêpes» et autres «frelons» pour parler comme Yaxam Mbaye, ou ces «virus Ebola» qui l'entourent pour paraphraser Mbagnick Ndiaye, qui ne lui veulent pas que du bien.

Comme il avait, en 2018, dit et redit à son peuple qu'il n'avait plus le droit de se représenter s'il lui renouvelait sa confiance en 2019, il est tenu de respecter son engagement. Étant donné qu' il sera le premier président de l'histoire du Sénégal à n’être pas candidat à sa succession, il doit apaiser les craintes et faire comme Abdou Diouf en nommant une personnalité neutre pour organiser la présidentielle de 2024.

L'essentiel est que le Sénégal gagne. Mais, s'il écoute ces gens mus par leur seul intérêt et qui le poussent à prendre des sens interdits, et qui n’hésitent pas à l'abandonner quand il est en difficulté, comme ce fut le cas lors des événements du mois de mars, il sera seul à payer les conséquences, étant entendu que les conseilleurs ne sont pas les payeurs.
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