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Archives manquantes, bilan incertain : Le Livre blanc relance le débat sur le massacre de Thiaroye, en 1944

Rédigé par leral.net le Lundi 1 Décembre 2025 à 10:58 | | 0 commentaire(s)|

Remis au président de la République le 16 octobre dernier, le Livre blanc consacré au massacre de Thiaroye du 1er décembre 1944, apporte de nouveaux éclairages sur l’une des pages les plus sombres de l’histoire coloniale française. Le document de 301 pages, intitulé « Le Massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye », insiste sur le […]

Remis au président de la République le 16 octobre dernier, le Livre blanc consacré au massacre de Thiaroye du 1er décembre 1944 apporte de nouveaux éclairages sur l’une des pages les plus sombres de l’histoire coloniale française. Le document de 301 pages, intitulé « Le Massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye », insiste sur le caractère prémédité de la tuerie et sur les efforts déployés par les autorités françaises de l’époque, pour en dissimuler l’ampleur.

Les rédacteurs affirment que les responsables militaires et administratifs, « ont tout fait pour camoufler » les faits, notamment en modifiant les registres de départ des tirailleurs depuis la France et les documents d’arrivée à Dakar. Alors que le bilan officiel retient 70 morts, les chercheurs estiment que les chiffres les plus crédibles se situent entre 300 et 400 victimes. De nombreux soldats auraient « disparu des archives », comme s’ils « n’avaient jamais existé ».

L’épisode tragique survient alors que 1 280 tirailleurs, originaires de l’ensemble des territoires de l’Afrique-Occidentale française, sont regroupés au camp de Thiaroye après leur démobilisation. Ils réclament le paiement des soldes promises depuis des mois. Leur mobilisation, pacifique selon les auteurs, se heurte à une intervention militaire brutale. Le Livre blanc indique qu’aucun acte de résistance n’a été relevé et que la tuerie s’est étendue au-delà du camp, jusqu’à la gare et au cimetière, où certains blessés auraient été achevés.

Le rapport développe une réflexion plus large sur le sens politique de l’événement. Pour ses auteurs, Thiaroye constitue « la clôture sanglante des espérances d’égalité » nourries par les soldats africains, au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Le massacre illustre, selon eux, le maintien d’un ordre colonial attaché à préserver ses prérogatives, y compris par la violence.

Lors de la remise du document, le 16 octobre, le Président Bassirou Diomaye Faye a souligné les limites de la coopération française pour l’accès aux archives, évoquant une « certaine amertume ». Les chercheurs confirment ces difficultés : certaines archives seraient inaccessibles, incohérentes ou auraient disparu. Les tombes des victimes demeurent entourées d’incertitudes, même si les auteurs indiquent qu’elles se trouvent probablement dans le cimetière des soldats indigènes du camp de Thiaroye ou dans le secteur sud-ouest du site.

Le Livre blanc recommande enfin, que les commémorations liées aux tirailleurs soient organisées avec l’ensemble des pays africains concernés. Ses conclusions, qui remettent en cause plusieurs décennies de récits officiels, devraient alimenter de nouveaux débats sur la mémoire coloniale et la reconnaissance historique.



Source : https://xalimasn.com/2025/12/01/archives-manquante...