BATAILLE AUTOUR DES DROITS DE DIFFUSION DE LA CAN

La prochaine Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2025, prévue au Maroc, s’ouvre dans un climat de tension entre le détenteur des droits télévisés, New World TV, et de nombreuses chaînes africaines publiques et privées au sujet du modèle de diffusion des matchs.​

New World TV, groupe togolais basé à Lomé, a acquis auprès de la Confédération africaine de football (CAF) les droits exclusifs de diffusion de la CAN 2025 dans 46 pays d’Afrique subsaharienne. Cette centralisation des droits en fait un passage obligé pour les télévisions souhaitant retransmettre la compétition dans ces territoires.​

Selon les explications données par l’avocat de New World TV, Me Louis Biyao sur France 24, la chaîne propose un modèle où les diffuseurs en clair peuvent obtenir un lot de 32 matchs, sur un total de 52 rencontres. Au-delà de ce quota, l’accès à des matchs supplémentaires nécessite des montants plus élevés, justifiés par les impératifs économiques de la CAF et des ayants droit.​

Plusieurs chaînes nationales et privées dénoncent un modèle jugé inéquitable, estimant qu’il réduit la capacité des télévisions en clair à offrir une couverture large de la CAN aux populations. Pour ces diffuseurs, la limitation du nombre de matchs disponibles gratuitement met en cause leur mission de service public et menace l’accessibilité d’un événement à forte portée sociale et symbolique.​

Ces critiques nourrissent une polémique croissante à l’approche du coup d’envoi, avec en toile de fond la crainte que des millions de téléspectateurs ne puissent suivre qu’une partie de la compétition sans passer par des offres payantes.​

Face à ces accusations, Me Louis Biyao affirme que New World TV se considère comme un « allié » des chaînes en clair et non comme un concurrent cherchant à les marginaliser. Il indique que le groupe aurait contribué à faire passer le nombre de matchs disponibles gratuitement de 28 à 32 par rapport à l’édition précédente, tout en rappelant que la CAF conserve le dernier mot sur la structuration de l’offre de droits.​

L’avocat souligne que la valorisation commerciale des droits TV répond à la volonté de la CAF de maximiser ses revenus pour financer l’organisation de la CAN et soutenir les fédérations nationales. Il assure toutefois que New World TV plaide, dans ce cadre, pour un élargissement progressif de la diffusion en clair, au nom du rôle social du football en Afrique.​

L’une des critiques récurrentes concerne l’accessibilité concrète de New World TV dans les 46 pays couverts par son contrat, notamment face à des acteurs déjà bien implantés comme Canal+. La question est de savoir si les supporters pourront, dans les faits, suivre facilement les matchs non proposés en clair sans supporter un coût prohibitif.​

Me Biyao répond que la chaîne est distribuée dans l’ensemble de ces pays à travers divers canaux : décodeurs, plateformes OTT et partenariats avec des opérateurs télécoms, citant par exemple Sonatel au Sénégal. Il affirme que le cœur de la polémique porte moins sur l’accès technique au signal que sur la répartition entre diffusion gratuite et offres payantes, ce qui renvoie directement aux arbitrages de la CAF et aux négociations avec les télévisions nationales.