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Budget Ministère de l’Agriculture : Les députés contre les subventions

Rédigé par leral.net le Mercredi 16 Novembre 2011 à 04:14 | | 0 commentaire(s)|

Lors de l’examen et du vote du budget alloué au ministère de l’Agriculture, la plupart des députés sont revenus sur les difficultés notées lors de la dernière campagne agricole, allant des semences à la commercialisation en passant par le financement. Le ministre Khadim Guèye, pour sa part, pense que cela est dû au fait que l’agriculture n’a que 5% des crédits alloués à l’économie au Sénégal


Budget Ministère de l’Agriculture : Les députés contre les subventions
La plupart des députés qui ont pris la parole lors de la session du vote du budget du ministère de l’Agriculture sont revenus sur la question des semences, de la commercialisation et du financement. Certains ont même demandé l’annulation de certaines subventions sur les semences, jugées inopportunes. Ils demandent que la subvention allouée aux semences soit orientée dans d’autres secteurs, notamment vers l’engrais ou le matériel agricole.

Des élus se sont aussi préoccupés de l’attitude de «certains spéculateurs» au niveau de la filière arachide. Ils ont également recommandé la suppression des intermédiaires et autres spéculateurs, non sans exiger la rationalisation des subventions. Des parlementaires comme Amadou Dia et tant d’autres ont dénoncé le fait que des subventions, au lieu de profiter aux producteurs, reviennent surtout aux intermédiaires et autres industriels. Et ils souhaitent que «l’appui aux producteurs soit orienté vers un accompagnement durable», plutôt que vers une subvention.

En ce qui concerne la commercialisation, des parlementaires ont souhaité que la date de démarrage soit fixée dans les délais, avec un respect du calendrier ; mais aussi la mobilisation de moyens financiers suffisants pour la campagne de commercialisation. Ce qui permettra aux producteurs de recevoir leur dû en même temps que leurs graines, soutiennent des députés comme Ibra Diouf, qui se réclament cultivateurs. Les bons impayés ont aussi été convoqués au cours des discussions. Des députés, notamment Omar Sané, ont pointé un doigt accusateur sur les opérateurs. «Au Sénégal, on appauvrit les paysans», martèle M. Sané.
Des députés ont, par ailleurs, rappelé au ministre de l’Agricul­ture les promesses de l’Etat du Sénégal, qui s’est «engagé à atteindre l’autosuffisance en riz d’ici à 2015». Avant de demander au ministre Khadim Guèye de mettre sur pied des dispositions en faveur de la culture bio, pour éviter les conséquences de l’utilisation des engrais chimiques.
Les élus souhaitent que le ministre de l’Agriculture pense à davantage booster les filières tomate et oignon.

LA QUESTION DE FANAYE

Des intervenants, notamment Mme Aïssatou Coulibhaly et le député Mamadou Oumar Ba, ont déploré les évènements liés au conflit foncier dans la communauté rurale de Fanaye. Les députés estiment que la pomme de discorde entre le Pcr de Fanaye et les populations de cette localité est le manque de concertation. «Avant la mise en œuvre d’un tel projet qui s’étend sur 20 000 ha de terres cédées à une entreprise italienne», déplore le député Aïssatou Couli­baly, «le défi d’un élu est de se concerter avec les populations, mais également de suivre leurs intérêts». Car dit-elle, le foncier urbain et surtout le foncier rural sont aujourd’hui dans le viseur des privés. Elle et ses collègues députés ont, par conséquent, suggéré au ministre de l’Agriculture la tenue d’une session parlementaire sur la loi foncière, idée qui n’a pas déplu à Khadim Guèye.

«5% DES CREDITS ALLOUES à L’ECONOMIE DU SENEGAL»

En répondant aux préoccupations des députés, le ministre de l’Agriculture, Khadim Guèye, estime que «c’est un véritable débat qui s’impose autour de l’allocation». Il dira : «A mon arrivée au ministère de l’Agriculture, j’ai trouvé 25 milliards d’arriérées de semences, sans couverture budgétaire que j’essaie de rattraper.» Il déplore, par ailleurs, le fait que l’agriculture obtienne seulement 5% des crédits alloués à l’économie du Sénégal. «Ce qui fait que l’agriculture connaît des difficultés, au­jourd’hui», dira le ministre. Tout en soutenant que le département qu’il dirige a connu des avancées avec l’Alternance.

Les craintes de Khadim Guèye reposent sur le fait que l’exploitation de l’arachide demande d’importantes sommes d’argent que les agriculteurs ne sauraient débourser. «Comparée à l’oignon et au riz, la culture de l’arachide ne rapporte pas beaucoup d’argent. Le revenu moyen tourne autour de 400 000 francs Cfa. Nous devons penser à la diversification de l’agriculture», indique le ministre de l’Agriculture. Il pense que les producteurs ne doivent pas avoir peur d’orienter leur production vers d’autres produits. Le budget alloué au ministère de l’Agriculture a été arrêté pour la gestion 2012 à la somme de 91 284 861 840 francs Cfa, soit une augmentation de 3 882 218 590 francs Cfa en valeur absolue et 4,44% en valeur relative par rapport au budget précédent. Il a été voté unanimement par les députés. La hausse se justifie par l’augmentation des crédits alloués au transfert en capital.

Le Quotidien