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Christophe Bigot : "L’application des droits garantis par la Déclaration universelle des droits de l’Homme permet d’éviter des conflits »

A l'occasion du 70ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme.


Rédigé par leral.net le Lundi 10 Décembre 2018 à 10:05 | | 0 commentaire(s)|

Christophe Bigot : "L’application des droits garantis par la Déclaration universelle des droits de l’Homme permet d’éviter des conflits »
  1. Monsieur l’Ambassadeur, pourquoi organiser maintenant une soirée en l’honneur des Droits de l’Homme ?
Cette soirée est organisée chaque année et fait partie de ce que nous appelons désormais le « septembre des Droits de l’Homme » : c’est-à-dire que pendant 15 jours le focus est mis surles Droits de l’Homme qui peuvent être abordés sous plusieurs angles :
  • Juridique  d’abord : se tient, à Dakar, une session de formation en droit international des droits de l’Homme que vont suivre 150 participants venus du Sénégal, d’une vingtaine de pays d’Afrique et pour certains d’Europe. Grâce à cette session organisée par la Fondation René Cassin de Strasbourg et la Fondation allemande Friedrich Naumann pour la liberté (en partenariat avec l’Ambassade de France, la Délégation de l’Union européenne, le Comité sénégalais des Droits de l’Homme, le Réseau des jeunes pour la promotion des Droits de l’Homme et le Bureau Régional pour l’Afrique de l’Ouest du Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme, ces juristes, ces journalistes, ces activistes deviendront des vigies constructives dans leurs pays respectifs. C’est un autre angle : le renforcement des capacités des acteurs.
  • Culturel ensuite : par le Festival de cinéma « Ciné droit Libre » qui démontre que les artistes ont un rôle à jouer pour informer et sensibiliser sur les questions de Droits de l’Homme.
Par le débat d’idées enfin, car l’universalisme des droits de l’Homme il faut pouvoir l’expliquer à des publics aussi larges et différents que possibles par des conférences, des émissions de télévision, des débats dans différents lieux de Dakar et de sa banlieue.
La soirée sera le carrefour de toutes ces initiatives. Elle réunit pour un moment convivial et de partage, tous ceux qui prennent part à ces événements qu’ils soient sénégalais, français ou d’autres nationalités.
 
  1. Vous avez beaucoup parlé de l’anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’Homme, pourquoi ?
Parce qu’il y a 70 ans, après un conflit mondial qui a décimé 60 millions de personnes, il fallait inventer une paix mondiale, redonner de l’espoir et redonner du sens à l’Humanité. Le 10 décembre 1948, sous l’impulsion du juriste français René Cassin, que nous célébrons à travers l’institut qui porte son nom, l’Assemblée Générale des Nations Unies a adopté la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Ce texte fondateur reconnaissait en particulier la dignité de tous les humains et leur égalité en droits. La France est convaincue que l’application des droits garantis par cette déclaration, par les Etats et par les sociétés civiles, permet d’éviter des conflits et de construire un « vivre-ensemble ». Je sais que c’est une conviction partagée avec le Sénégal. Cette soirée est un moyen de le célébrer.
 
  1. Pendant la soirée, un court métrage gambien sur la « justice transitionnelle » a été projeté. Qu’est-ce que c’est que la justice transitionnelle et quel lien avec les droits de l’Homme ?
La justice transitionnelle c’est l’ensemble des processus, de justice notamment mais pas uniquement, qui permettent à un Etat de passer d’une dictature ou d’un conflit à un Etat de Droit et à une société violentée de se reconstruire collectivement. Près de deux ans après le départ de Yaya Jammeh, la nouvelle Gambie doit affronter un défi énorme : réussir à traiter le passé tout en construisant l’avenir. C’est la lourde tâche du Gouvernement gambien. Pour l’accompagner et aider sa réussite,  la France soutient depuis le début la participation de la société civile à ce processus qui ne peut rester purement institutionnel. La culture est un formidable moyen de toucher les âmes et les cœurs et d’exorciser les démons du passé. C’est pourquoi l’ambassade de France a organisé un atelier, animé par Angèle Diabang, réalisatrice sénégalo-gambienne, pour former de jeunes professionnels gambiens, qui travaillent dans le milieu de l’image, à réaliser des court-métrages sur la justice transitionnelle. Le but était de les aider à renforcer leurs compétences mais aussi de démontrer que les artistes ont leur rôle à jouer dans toutes nos sociétés, notamment pour la promotion des droits de l’Homme et de l’Etat de Droit. C’était un bel hommage à leur rendre que de montrer ce film et de le faire connaître à leurs voisins et frères sénégalais.
 
ITW de Christophe Bigot, Ambassadeur de France, à l’occasion de la soirée Droits de l’Homme organisée à la Résidence de France le 11 septembre 2018