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Cinq ans après l’arrivée des Colonels au pouvoir, le M5/RFP peut-il encore nuire ?

Rédigé par leral.net le Lundi 25 Août 2025 à 04:47 | | 0 commentaire(s)|

Mali Atlanticactu / Bamako / Karim Koulibaly Né en 2020 d’un profond mécontentement face à la corruption, l’insécurité et la crise politique, le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) avait su rassembler partis politiques, associations, chefs religieux et citoyens autour d’une même exigence : le départ du président Ibrahim Boubacar Keïta. […]
Mali
Atlanticactu / Bamako / Karim Koulibaly
Né en 2020 d’un profond mécontentement face à la corruption, l’insécurité et la crise politique, le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) avait su rassembler partis politiques, associations, chefs religieux et citoyens autour d’une même exigence : le départ du président Ibrahim Boubacar Keïta. Le mantra de l’époque a su raffiner sa stratégie pour arriver à ses fins.
La machine de mobilisation qui avait précipité la chute du président Ibrahim Boubacar Keita, renversé par les « Colonels », n’a pu survivre à la volonté des militaires de rester durablement au pouvoir. Dès les premières heures, les militaires en fins stratèges ont réussi la prouesse de créer des dissensions au sein du leadership du mouvement incarné par l’Imam Mahmoud Dicko, Choguel Maiga et Kaou Djim.
Quand l’influent Imam Dicko a choisi d’installer ses pénates hors du Mali pour éviter le tout puissant pouvoir militaire, Kaou Djim qui a essayé de s’opposer par un discours virulent, subira plusieurs arrestations avant de se caller. Le dernier Choguel Maiga qui avait flirté avec les militaires, occupant pendant plusieurs années le poste de premier ministre, finira par le payer chèrement. L’ancien Premier ministre, démis de ses fonctions par les militaires en novembre 2024, a été placé en détention mardi à Bamako. Peu avant, il avait été inculpé pour « atteinte aux biens publics ».
Formé en ex-URSS, Choguel Kokalla Maïga dirigeait, avant la suspension des partis politiques par les militaires, en mai 2025, le Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR), créé en 1995.
Candidat malheureux à la présidentielle de 2002 et, plus récemment, à celle de 2018, Choguel Kokalla Maïga a pu revenir sur le devant de la scène politique de son pays en 2020. Il faisait partie des fondateurs du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), qui exigeait la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta. Celui-ci fut renversé le 18 août 2020 par les militaires. L’ancien Premier ministre finit par accepter de collaborer avec eux et est nommé Premier ministre le 7 juin 2021.
Le M5-RFP a dévié de sa mission initiale. Certains de ses membres, comme Choguel Kokalla Maïga, ont rejoint la transition dirigée par les militaires, d’autres sont en prison ou ont choisi le chemin de l’exil affirme Ismaël Sacko, le président du Parti social-démocrate africain-Mali (dissous) et ancien conseiller du président Ibrahim Boubacar Keïta.
Selon lui, « ça fait presque un an et demi que le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) n’existait que de nom. C’est un M5-RFP fracturé en trois factions. Donc, on comprend que ce M5-RFP hétéroclite, fracturé, n’était pas un M5-RFP capable de porter le fardeau du changement et de redresser la barque du Mali. Le M5-RFP sort la plus grande perdante de la rupture constitutionnelle que le Mali a connue avec un double coup d’État (2020 et 2021, ndlr) ».
La fin d’un mouvement sans boussole idéologique qui n’a pu maintenir le flambeau de la contestation populaire
Pendant les derniers mois de la présidence d’Ibrahim Boubacar Keïta, de nombreux Maliens, lassés par sa gouvernance politique et sécuritaire, ont misé sur le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), composé de leaders politiques, associatifs et religieux, dont l’influent imam Mahmoud Dicko. Ce représentait la caution morale du mouvement. Aly Tounkara, expert au Centre des études sécuritaires et stratégiques au Sahel (CE3S), regrette lui aussi le manque de vision à long terme du mouvement.
« Choguel Kokalla Maïga, comme d’autres figures emblématiques de ce mouvement ont plus privilégié leur positionnement personnel que la préservation des intérêts supérieurs de la nation » soutient Aly Tounkara.
Signe du manque de cohésion et de convergence de vues, Choguel Kokalla Maïga a été destitué le 5 mars 2024 de son poste de président du M5-RFP par une frange du mouvement.
En exil en Algérie, la figure morale de ce regroupement hétéroclite, l’influent imam Mahmoud Dicko, a pris ses distances avec le mouvement contestataire. Issa Kaou Djim, coordinateur général des mouvements, associations et sympathisants de l’imam (CMAS), membre fondateur du M5-RFP, est en prison depuis fin décembre 2024.
Issa Kaou Djim a été condamné pour avoir mis en doute, lors d’une émission sur la télévision locale Joliba TV News, la crédibilité d’un supposé coup d’État déjoué au Burkina Faso, un autre pays dirigé par des militaires. Il a également été condamnée à payer une amende d’un million de francs CFA (plus de 1 538 euros) par le Pôle national de lutte contre la cybercriminalité, qui dépend du tribunal d’une commune de Bamako.


Source : https://atlanticactu.com/cinq-ans-apres-larrivee-d...