Communication gouvernementale : Quiproquo au sommet de l’Etat

Quatre mois après l’installation du quatrième président de la République sénégalaise, c’est un silence assourdissant qui fait écho aux demandes pressantes des populations. Face aux bruits des auditions des anciennes pontes du régime libéral, à l’hivernage qui charrie déjà son lot de désagréments, à la hausse annoncée de l’électricité, à l’incapacité de son régime à matérialiser ses nombreuses promesses électorales, Macky Sall n’a pas encore jugé utile de s’adresser de manière solennelle à son peuple pour montrer la voie à suivre. Son Premier ministre, non plus, n’a pas jugé utile de s’adresser aux Sénégalais, ne serait-ce que par la voie d’une conférence de presse. La seule fois où Macky a daigné parler aux Sénégalais, c’était à l’occasion des 100 jours de sa présidence à Ziguinchor. Personne n’en a retenu grand-chose.

Le pic des tergiversations au sommet de l’Etat a été atteint lors de l’annonce des vacances gouvernementales. Face au tollé soulevé par cette décision, la cacophonie s’est, une fois de plus, installée au sommet de l’Etat. Serigne Mbaye Thiam, porte-parole du gouvernement a essayé, maladroitement, de corriger l’impair en laissant entendre qu’il ne s’agit que d’une suspension de quatre semaines des réunions du Conseil des ministres.

Tout le monde, dans l’entourage de Macky, sauf ses communicants peut-être, se rend compte qu’il y a un gros problème de communication pour le nouveau régime. Pour plaire au président, ses conseillers s’adonnent à de véritables chorégraphies du verbe, de l'écrit et de l’image, sans prise sur les attentes des populations. Ils préfèrent encore vendre l’image du président (des photos publiées sur le web montrent un homme du peuple qui mange du « laakh » aux aurores, prend son « thiébou dieune » avec ses collaborateurs ou apprend le Coran avec un petit fils de Serigne Touba), oubliant que les Sénégalais n’attendent plus Macky Sall dans cette posture de séduction.

Ce week-end, le coordonnateur de la communication présidentielle, El Hadj Kassé, s’est fendu d’une longue tirade dans les colonnes du quotidien Enquête pour théoriser la démarche de Macky Sall à travers ce qu’il appelle un Nouvel Ordre de Priorités (NOP). Un texte qui vise plus à séduire le président himself qu’à jeter une raie de lumière sur la communication qu’il supervise. Il oublie, sans doute, que la communication gouvernementale n'est nullement personnalisée. Elle ne porte pas sur des idées, des concepts ou des promesses mais sur des faits précis, des mesures, des réformes ou des comportements qui vont dans le sens de l'intérêt général ou du mieux vivre ensemble.

Entre, par exemple, une annonce présidentielle au journal télévisé de 20 heures et sa mise en œuvre concrète, il s'écoule un écart de temps qui n'est pas géré par les médias, lesquels traitent du sujet à chaud, au moment de la controverse politique, quand l'opposition s'oppose et que les demandes citoyennes explosent. C'est à la communication gouvernementale de prendre le relais en expliquant les éventuels bienfaits et le modus operandi de ladite mesure. Toutes choses que ne font pas les chargés de communication de Macky Sall.



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