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Communication présidentielle : l’analyse d’Idrissa Fall Cissé sur un déficit de récit

Rédigé par leral.net le Dimanche 31 Août 2025 à 18:32 | | 0 commentaire(s)|

Dans une tribune publiée ce dimanche sur sa page Facebook, le journaliste et analyste Idrissa Fall Cissé tire la sonnette d’alarme : selon lui, la communication stratégique de la présidence de la République ne suit pas le rythme des enjeux ni l’intensité de l’actualité nationale et internationale. Un constat que son post, largement relayé depuis […]

Dans une tribune publiée ce dimanche sur sa page Facebook, le journaliste et analyste Idrissa Fall Cissé tire la sonnette d’alarme : selon lui, la communication stratégique de la présidence de la République ne suit pas le rythme des enjeux ni l’intensité de l’actualité nationale et internationale. Un constat que son post, largement relayé depuis sa publication, expose avec clarté, entre finesse critique et appel à une transformation structurelle.

Une analyse pertinente sur le fond

Le texte d’Idrissa Fall Cissé est d’abord lucide sur un point fondamental : la présidence sénégalaise actuelle maîtrise l’image visuelle – les photos du chef de l’État sont souvent soignées, élégantes, bien composées – mais laisse un vide sur le contenu stratégique de ses communications. L’auteur souligne à juste titre que dans une ère dominée par la vitesse de l’information, les images ne suffisent plus : elles doivent s’inscrire dans une narration claire, un récit structuré qui relie les actions du Président aux préoccupations concrètes des citoyens.

Le post revient également sur trois épisodes récents marquants :

  • La rencontre avec l’Empereur du Japon, événement diplomatique de premier plan, mais peu valorisé dans l’espace médiatique national ;
  • La visite en France et le discours à la REF 2025, éclipsés par les critiques sur une supposée inflexion du discours souverainiste ;
  • L’audience chez le Khalife général des Tidianes, où une déclaration religieuse a pris le pas sur les engagements présidentiels sur Tivaouane.

Dans chacun de ces cas, Cissé pointe un manque de hiérarchisation de l’information de la part de la cellule de communication de la Présidence : les faits importants sont noyés dans l’actualité, faute de stratégie d’explication, de pédagogie, ou même de réactivité.

Une critique équilibrée, mais perfectible sur la forme

Si la structure argumentative du post est cohérente et son intention constructive, le texte pèche parfois par excès de généralité. Il évoque des “manques” ou des “silences”, mais sans toujours appuyer son propos par des exemples précis ou des comparaisons internationales qui auraient renforcé son impact.

Par ailleurs, le ton, bien que mesuré, oscille entre le commentaire éditorial et le reproche implicite, ce qui peut limiter la portée du message auprès des acteurs directement concernés. En termes de communication, une critique relayée de manière plus institutionnelle, par exemple dans un format tribune ou entretien média, aurait pu avoir plus d’écho au sein des cercles décisionnels.

La communication présidentielle à l’épreuve de la complexité sénégalaise

Le mérite du post est aussi de réinscrire la communication dans un cadre politique et social concret : dans un Sénégal où « 4 à 5 sujets majeurs peuvent éclater en une seule journée », la cellule présidentielle ne peut plus se contenter d’une diffusion linéaire et unidimensionnelle de l’action publique.

Il faut contextualiser, connecter les enjeux, créer du sens. La politique étrangère doit parler au citoyen lambda. Une audience à l’étranger doit avoir des répercussions lisibles sur le quotidien local. Un forum stratégique, comme celui sur les systèmes alimentaires africains, doit être l’occasion de mobiliser médiatiquement, pédagogiquement et politiquement.

Conclusion : un appel à la modernisation de la communication d’État

La publication d’Idrissa Fall Cissé a le mérite de poser une vraie question structurelle : comment une présidence peut-elle réussir ses actions si celles-ci ne sont ni visibles, ni expliquées, ni valorisées de manière stratégique ?

À l’ère du leadership narratif, les communications officielles doivent être proactives, intelligentes et émotionnellement connectées aux attentes citoyennes. Il ne s’agit pas simplement de “mieux communiquer”, mais de réinventer l’interface entre l’action présidentielle et l’opinion publique.



Source : https://xalimasn.com/2025/08/31/communication-pres...