leral.net | S'informer en temps réel

Conséquences d’un contrat Léonin avec Gti : La Senelec paye 8,5 milliards pour services non rendus

La centrale électrique de Gti est en panne depuis plus d’un an et demi, mais ses propriétaires américains ne se font pas trop de soucis, parce qu’elle continue de produire de l’argent. Leur client, la Senelec, leur verse chaque mois, un forfait d’un demi-milliard de francs Cfa, pour la location d’un matériel qui ne tourne pas.


Rédigé par leral.net le Vendredi 6 Novembre 2009 à 13:58 | | 0 commentaire(s)|

Conséquences d’un contrat Léonin avec Gti : La Senelec paye 8,5 milliards pour services non rendus
Nombreux parmi ceux qui sont informés des relations entre la Senelec et son partenaire Greenwich turbine Inc. (Gti), une filiale de l’américaine General Electric, ne comprennent pas pourquoi le gouvernement n’a jamais voulu dénoncer le contrat qui lie les deux sociétés, même si certains reconnaissent que la société américaine a bien verrouillé son affaire. Malgré tout, considère un membre de la Commission de régulation du secteur de l’électricité (Csre), sous le couvert de l’anonymat, «il n’y a aucun contrat au monde qui ne peut se dénoncer !» Cette personne se dit d’autant plus confortée dans sa position par le fait, selon elle, que la «Senelec a démontré, ces derniers mois, qu’elle pouvait offrir un service minimal, avec de l’énergie suffisante, sans les 50Mw de Gti». Et dans les circonstances actuelles, les Américains n’ont aucun intérêt à se presser à reprendre leurs activités, car ils continuent de gagner de l’argent, malgré tout.

Un forfait pour la location
La centrale de Gti est en panne depuis le mois de juin 2008, du fait d’un transformateur qui a pris feu. La pièce défectueuse a été commandée en Chine et serait attendue d’un moment à l’autre à Dakar. Si des personnes au sein de Senelec l’espéraient pour aujourd’hui, des voix mieux informées à la Gti, affirment que l’élément devrait plutôt être embarqué demain depuis la Chine, pour arriver à Dakar, au plus tôt, dans trois semaines. Mais si la société nationale de distribution de l’électricité a pu s’arranger, dans un contexte où la centrale de Kounoune également lui a fait défaut, privant son réseau d’environ 110 Mw, pour ne pas faire revivre aux gens les heures sombres de l’été dernier, avec des délestages de près de 24 heures parfois, elle n’en continue pas moins à payer le prix fort à son partenaire américain. Chaque mois, la Senelec est tenue, par contrat, de verser 500 millions de francs Cfa à Gti, pour «la capacité».
Selon les acteurs du secteur, ce paiement se justifierait par le fait que «la panne du transformateur est un cas de force majeure, provoquée par la nature défectueuse du réseau de la Senelec». De plus, à Gti, on fait valoir que la compagnie d’électricité est tenue de payer, au minimum, la location du matériel, même si celui-ci n’est pas fonctionnel pour le moment. Pourtant, Gti ne paie pas le loyer du site du Cap des Biches, sur lequel sa centrale est établie, et qui appartient à la Senelec.
Sur le temps pris par la société américaine pour remettre en état son outil de travail, des employés soulignent que cela est dû à des lourdeurs de la part des assureurs. Il aurait fallu à ces derniers plus de 6 mois pour finir leur constat, et accepter de payer la pièce défectueuse, assure-t-on. Quoi qu’il en soit, tout ce retard et tous ces atermoiements, ont coûté à ce jour au Sénégal, la bagatelle de 8,5 milliards de francs Cfa, payés dans le vide. Et nul ne semble savoir quand va s’arrêter la saignée.
Les employés de la Senelec, et les membres de la Csre, qui s’accordent pour dénoncer cette situation, font vite le tour de leur incapacité à en finir avec cette situation. «Le dossier de Gti est directement géré par le ministre de l’Energie lui-même. Même le Directeur général de la Senelec n’est en pas mesure de décider quoi que ce soit à ce sujet», indique un membre du Conseil d’administration de la société, plein d’amertume.

Le silence de Samuel
Et tout le monde de rappeler que, lorsqu’il était Directeur général de la Senelec, M. Samuel Sarr ne ratait jamais une occasion pour dénoncer ce contrat «inégal» qui, de son point de vue, paralysait sa compagnie et freinait bien des initiatives. A première vue, il ne donne pas l’impression, devenu ministre, d’avoir fait bouger les choses, de manière à prendre en charge la résolution de cette question.
Toutefois, à l’intérieur de Gti, le personnel ne semble pas s’émouvoir des décisions que les pouvoirs publics pourraient être amenés à prendre. Adossés sur leur contrat en or, les employés recommandent de la patience à la partie sénégalaise, et rappellent qu’il ne reste plus que cinq ans, avant que la centrale énergétique ne revienne définitivement à la Senelec. C’est en effet, en 2001, que la centrale de Gti a été inaugurée, au Cap des Biches, et fonctionne selon un contrat dit de «Construire, posséder, opérer et transférer» (en anglais Build Own Operate Transfer (Boot), d’une durée de 15 ans.

source le quotidien

Pape Alé Niang