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Couverture de la Can 2022: Dans l'univers des femmes journalistes

Comme chaque à campagne sportive où l’équipe nationale du Sénégal est engagée, elles sont une dizaine à faire le déplacement. A Bafoussam, pour la 33e édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), les femmes journalistes sont au premier rang. Loin de leurs familles, elles abattent un travail colossal, dans un milieu où les hommes sont majoritaires. Les exigences de la compétition, les conditions de travail, la cohabitation, elles nous racontent leur quotidien.


Rédigé par leral.net le Lundi 17 Janvier 2022 à 16:10 | | 0 commentaire(s)|

Couverture de la Can 2022: Dans l'univers des femmes journalistes
FATIMA SYLLA, JOURNALISTE A LA 2STV: «La couverture de cette Can est différente de celle de 2019»

«Je suis à ma deuxième Can, après 2019. Quand tu travailles sur le terrain au niveau national, il faut tout faire pour aller au niveau international. Et ça, c’est le rêve de tous les jeunes journalistes. Cette compétition sera compliquée, car elle se tient dans un contexte assez particulier qui est le Covid. Nous faisons des tests avant chaque match, alors que nous sommes dans un pays où il n’y a pas de restrictions. On ne sent pas qu’il y a le Covid ici au Cameroun. La situation se présente chez les journalistes de la même manière que chez les joueurs. Cette Can est totalement différente de celle que j’ai couverte en 2019, en Egypte. On est d’abord des frères et des sœurs. Certes, chacun à sa façon de vivre, mais il faut gérer. Déjà à Bafoussam, les hôtels ne sont pas grands et on a de petits lits. Mais, on fait avec. Avant d’être des journalistes, on est d’abord des sœurs. C’est le moment de faire un grand coucou à ma grande sœur Sokhna Fall de la «Sen Tv», parce que c’est avec elle que je partage ma chambre. Parfois, c’est elle qui range mes affaires. C’est une sœur avant d’être une consœur».

SODA THIAM, JOURNALISTE A LA RFM: «Nous sommes avec nos frères et nos oncles»

«Je suis à ma deuxième CAN. Pour le moment, je n’ai pas de difficultés. On est en train de faire correctement notre travail, même si les sites sont un peu distancés, mais on s’organise pour pouvoir prendre les devants pour faire correctement notre boulot. Travailler au milieu des hommes, peut-être avant, c’était un peu difficile. Mais aujourd’hui, vous voyez vous-même qu’il y a plus en plus de femmes qui s’activent dans le milieu de la presse sportive. Actuellement, nous sommes 14 femmes venues couvrir cette Can. Des difficultés ? Je n’en vois pas, parce que nous sommes là avec nos frères et nos oncles qui n’hésitent pas à nous aider, si le besoin se fait sentir. On n’est pas à notre première campagne, on prend toujours les devants. On sait ce qui nous attend. Quand on est à l’étranger, c’est beaucoup plus facile parce que tu ne t'occupes ni des enfants, ni de la maison. Tu te concentres uniquement sur le travail. Au début, le sport n’était pas ma passion. Mais comme j’avais déjà une grande sœur dans le milieu, elle m’a mise en relation avec quelqu’un au niveau de la radio communautaire Oxyjeunes. Pour intégrer cette rédaction, il fallait nécessairement passer par les navétanes. Et lorsque, j’ai fait mon premier et deuxième match, j’ai commencé à épouser ce métier. J’ai aimé le fait de rester au stade. Et parfois même, il m’arrivait d’enchaîner quatre matchs. Comme on dit, j’ai commencé par la base. Je m’y plais bien.

Comme j’ai commencé avec le Beach Soccer, ma première campagne, j’ai bien aimé la cohabitation. Là-bas, j’étais la seule journaliste sénégalaise. Et cette année-là, l’équipe avait remporté la compétition. Là, je me suis donnée une première compétition, un premier trophée. Et l’année suivante, l’équipe est partie au Paraguay et en dehors de la délégation sénégalaise, il n’y avait pas d’autres personnes qui parlaient le français, ni l’anglais. Mais lorsqu’on a éliminé le Sénégal, j’ai regardé de gauche à droit, je n’ai vu personne. Et cela m’a fait tellement mal, car ce match, on pouvait le gagner. Lorsque j’étais en zone mixte, j’étais la seule noire. J’attendais les joueurs qui sortaient et ils pleuraient. Je ne pouvais plus retenir mes larmes. Et automatiquement, j’ai stoppé l’interview. Je suis sortie du stade, alors que je devais rentrer avec l’équipe. J’ai vu Chita, mais je ne pouvais pas le regarder en face. Par la suite, j’ai pris un taxi pour rentrer. Ces voyages nous permettent d’acquérir beaucoup de connaissances. Tout n’est pas acquis, on apprend tous les jours».

SOKHNA FALL, JOURNALISTE A LA SEN TV : «Ce n’est pas facile de travailler dans le milieu des hommes»

«C’est ma deuxième Coupe d’Afrique. Mais j’ai eu à faire une Coupe du monde en 2018, un Afrobasket et des compétitions interclubs avec les représentants des clubs sénégalais en coupe Caf et Ligue des champions. C’est par passion d’abord, mais également il y a l’influence d’un grand frère qui jouait au football. On était toujours ensemble. J’ai aimé le sport et c’est ce qui m’a poussée à pratiquer les arts martiaux. C’est la passion qui m’a poussée à choisir ce métier. Ce n’est pas facile de travailler dans le milieu des hommes, mais il faut savoir que c’est un métier comme les autres. Ce qui nous pousse à aller de l’avant, c’est d’abord la passion, même si c’est un milieu un peu masculin. Mais depuis quelques années, on a constaté que les filles commencent à envahir le milieu du sport. Moi, ce que je mets en avant, c’est uniquement le travail, rien d’autre. Même si parfois on rencontre des difficultés, on fait avec. Ce n’est pas facile, parce que parfois, on n’a pas de temps de répit, on est tout le temps occupé, surtout nous qui faisons la télévision et la radio. Ici, on ne maîtrise pas totalement la connexion. Elle n’est pas stable, surtout pour ceux qui envoient des vidéos. A part cela, il n’y a pas de souci».

NDEYE DOME THIOUF, JOURNALISTE A LA RTS : «On a besoin d’une certaine intimité quand on est dans le milieu des hommes»

«Je suis à ma cinquième Can. Pour les conditions de travail, je dirais d’abord que ce sont les organes qui doivent mettre leurs reporters dans de meilleures conditions, pour qu’ils puissent travailler et se concentrer sur ce qui les amène ici. Si on ne donne pas assez de moyens aux reporters, quels que soient les soutiens qu’ils reçoivent ailleurs, ils auront toujours des problèmes. En ne donnant pas suffisamment de moyens, ces organes empêchent ces reporters de faire focus sur la compétition. Cela dépend de la personnalité de la fille. On est journaliste d’abord et il faut montrer des compétences pour faire valoir, car on doit réfléchir par rapport au sujet sur lesquels on va travailler. La couverture du match est classique, tout le monde le fait. Mais faire à coté le reportage, cela relève de la responsabilité individuelle. Chacun réfléchit sur ces reportages. C’est une compétence personnelle d’abord.

Le milieu dépend de l’environnement, même si sur le plan professionnel, nous sommes tous égaux. On a besoin d’une certaine intimité quand on est dans le milieu des hommes. On ne peut pas toujours se mélanger à eux. On a besoin d’avoir notre espace pour certaines choses. J’ai toujours aimé le sport depuis toute jeune. J’ai pratiqué le sport au niveau scolaire en faisant des compétitions. J’ai toujours aimé le journalisme parce que pour moi, c’est un métier de découverte qui te permet d’être présent au moment important de la vie de la nation ou d’un secteur donné. L’un dans l’autre, j’ai pu faire le choix quand je suis devenu journaliste, naturellement, je suis allé au Desk Sports. Par rapport à la compétition, j’ai des anecdotes. Parfois, on a vécu des situations assez burlesques. La passion rend les gens déraisonnables. Par exemple, en 2000, quand on est allé en quart de finale, le Nigéria nous a éliminés, on a eu des frayeurs. On a failli avoir un accident à Kano pour rallier Lagos. Toute la presse sénégalaise a voyagé par bus. Le véhicule roulait à une grande vitesse et le chauffeur a failli rater un virage. Et rien que d’y penser, cela me donne encore des frayeurs»

FATOU DIOUF, JOURNALISTE DE L’INFO: «Il arrive qu’on nous considère comme étant des faibles»

Je suis à ma première couverture et toutes les conditions sont réunies, à par le trajet entre l’hôtel où logent les journalistes et celui des joueurs, mais également le stade. Je suis passionnée par le sport depuis mon enfance. Et quand je suis devenue journaliste, c’était naturel pour moi de choisir le Desk Sport. Le travail dans le milieu des hommes n’est pas facile parfois. Il arrive qu’on nous considère comme étant les faibles, alors que tel n’est pas le cas. L’essentiel, c’est de s'imposer et montrer de quoi on est capable. En face, il y a la présence des hommes, il faut tout donner».







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Ndèye Fatou Kébé