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Crise au Groupe Futurs Médias : la direction travaille sur sa survie et annonce une restructuration, la colère syndicale grandit

Le Groupe Futurs Médias (GFM) traverse une crise économique et financière d’une ampleur inédite. Face aux déficits accumulés, la direction a annoncé un plan de restructuration qui devrait se traduire par des licenciements. Mais les délégués du personnel, appuyés par le Synpics, dénoncent une décision unilatérale, sans concertation, et annoncent une mobilisation.


Rédigé par leral.net le Mardi 19 Août 2025 à 17:06 | | 0 commentaire(s)|

La presse sénégalaise vit l’une de ses heures les plus difficiles. Comme la plupart des entreprises privées du secteur, le Groupe Futurs Médias (GFM), fondé par feu Youssou Ndour et référence majeure de l’audiovisuel et de la presse écrite au Sénégal, est frappé de plein fouet par une crise financière aiguë.

Dans un mémorandum rendu public, la direction du groupe a dressé un tableau sombre de la situation. Selon le document, la conjonction de plusieurs facteurs – effondrement structurel des recettes publicitaires, baisse des ventes de journaux, hausse continue des coûts d’exploitation, redressements fiscaux jugés lourds, concurrence jugée agressive voire déloyale, et régulation lacunaire – a plongé l’entreprise dans une spirale déficitaire.

Malgré des efforts présentés comme constants pour honorer ses obligations légales, fiscales et sociales, GFM reconnaît des retards et arriérés de salaires touchant ses centaines de travailleurs. Après plusieurs concertations internes et externes, ainsi qu’une saisine de l’Inspection régionale du Travail et de la Sécurité sociale, aucune issue favorable n’a été trouvée.

La direction estime qu’il ne reste que deux choix : la disparition pure et simple de l’entreprise ou sa restructuration. La seconde option, jugée inévitable, se traduira par une réduction des salaires, des réformes organisationnelles et des licenciements. « Le Groupe Futurs Médias […] se trouve dans l’obligation de mettre en œuvre un programme de restructuration en profondeur, impliquant une perte d’emplois », précise le mémorandum, tout en promettant transparence et équité dans la conduite du processus.

Une réaction syndicale virulente

Mais cette annonce a immédiatement suscité la colère du personnel. Par la voix de Mamadou Fall, secrétaire général du Synpics/GFM, les délégués dénoncent une décision « unilatérale », prise sans leur consultation.
« Le communiqué de la direction ne nous engage pas, nous délégués du personnel », tranche Mamadou Fall, qui accuse la direction de vouloir procéder à des licenciements abusifs, avec le soutien de l’ancien inspecteur régional du travail de Dakar, Téne Gaye.

Selon le syndicat, les travailleurs, déjà frappés par près de trois mois d’arriérés de salaire, se sentent pris au dépourvu. « Une restructuration nécessite des mesures alternatives, mais aucune solution n’a été cherchée avec les représentants », fustige encore le secrétaire général.

Face à ce qu’ils considèrent comme une « forfaiture », les travailleurs annoncent un grand rassemblement dans les prochains jours pour dénoncer la démarche de la direction et exiger une véritable concertation.

Une crise emblématique de la presse privée

La situation du GFM, bien qu’alarmante, illustre plus largement la crise qui secoue la presse privée sénégalaise, confrontée à la transformation des modèles économiques, à la baisse des ventes papier et au déplacement de la publicité vers les plateformes numériques.

Si la restructuration est confirmée, ce serait un séisme social et médiatique au Sénégal, tant le groupe occupe une place centrale dans le paysage audiovisuel et écrit. Reste à savoir si l’appel du syndicat à la mobilisation trouvera un écho suffisant pour contraindre la direction à rouvrir les négociations.