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DE LA DÉCHARGE À L'ÉCONOMIE CIRCULAIRE

Rédigé par leral.net le Samedi 13 Septembre 2025 à 00:34 | | 0 commentaire(s)|

des familles entières y vivent, des vendeurs y commercent. Mbeubeuss n'est pas qu'une décharge, c'est une ville dans la ville où se côtoient survie quotidienne et pollution mortelle. Reportage dans ce monde à part du Sénégal

Depuis plus d'un demi-siècle, la décharge de Mbeubeuss incarne les contradictions du développement urbain africain. Ouverte en 1968 sans aucune étude préalable, cette décharge à ciel ouvert est devenue depuis 1970 l'unique exutoire des déchets pour toute la région de Dakar, s'étendant aujourd'hui sur 115 hectares avec des monticules d'ordures culminant à 25 mètres de hauteur.

Chaque jour, plus de 4000 tonnes de déchets y sont déversées par 400 à 500 véhicules, dans un ballet orchestré par 47 entreprises de collecte. Mais loin d'être un simple dépotoir, Mbeubeuss abrite un véritable écosystème économique où des milliers de récupérateurs, comme Aliou Faye qui y travaille depuis 22 ans, gagnent leur vie en récupérant et recyclant plastiques et métaux.

Cette activité s'accompagne cependant de risques considérables. Les accidents mortels sont fréquents : récupérateurs ensevelis lors du déversement des camions, blessures par objets tranchants, incendies naturels causés par les émanations de méthane issues de la décomposition des déchets organiques.

L'impact environnemental de Mbeubeuss dépasse largement ses frontières. La nappe phréatique est massivement polluée par les lixiviats - ces liquides toxiques résultant de la décomposition des déchets mélangés aux métaux lourds des batteries et déchets industriels. Paradoxalement, certains puits situés à 50 mètres de la décharge peuvent être moins contaminés que d'autres situés à plusieurs centaines de mètres, selon les courants souterrains.

Les conséquences sanitaires sont dramatiques. Mohammed Amin Kamara, infirmier chef du poste de santé de Malika, témoigne des pathologies respiratoires chroniques touchant les récupérateurs : tuberculose, bronchites, et autres affections pulmonaires causées par l'inhalation constante de fumées toxiques.

Face à cette situation, le projet PROMOGID, lancé en juin 2021, ambitionne de transformer radicalement Mbeubeuss. Cette initiative prévoit la construction d'un centre de tri et de transfert sur 5 hectares, une zone de compostage valorisant les déchets organiques des marchés dakarois, et des infrastructures modernes permettant une approche d'économie circulaire.

Pour une capitale de 3,6 millions d'habitants qui ne dispose que de cette unique décharge, la réussite de ce projet représente un enjeu crucial. Les populations de Malika et Kmassar, qui vivent dans l'ombre de cette montagne de déchets, nourrissent désormais l'espoir de lendemains plus respirables.

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https://www.youtube.com/watch?v=mxmz6qPyTv0
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Farid


Source : https://www.seneplus.com/societe/de-la-decharge-le...