Leral.net - S'informer en temps réel

Gabon I De Fouquet aux « fils du roi » : Le réquisitoire qui déshabille l'oligarchie et le pillage d'un système décadent

Rédigé par leral.net le Lundi 17 Novembre 2025 à 20:01 | | 0 commentaire(s)|

La Cour criminelle spécialisée est entrée dans le vif de l'histoire. Au cœur de son réquisitoire, le Procureur Général (PG) a livré un diagnostic implacable de l'ère déchue, transformant le procès en « autopsie nationale » et faisant résonner la question poignante lancée par Nourreddine Bongo Valentin à son collaborateur : « Est-ce que tu réalises ça ? »
Cette phrase, prononcée lorsque les valises d'argent ont été découvertes, n'était pas la surprise, mais un « cri d'effroi » et un « aveu (...)

- SOCIETE /

La Cour criminelle spécialisée est entrée dans le vif de l'histoire. Au cœur de son réquisitoire, le Procureur Général (PG) a livré un diagnostic implacable de l'ère déchue, transformant le procès en « autopsie nationale » et faisant résonner la question poignante lancée par Nourreddine Bongo Valentin à son collaborateur : « Est-ce que tu réalises ça ? »

Cette phrase, prononcée lorsque les valises d'argent ont été découvertes, n'était pas la surprise, mais un « cri d'effroi » et un « aveu » : le moment où le système a vu le couvercle du coffre-fort sauter, révélant « l'argent volé, l'argent du peuple, l'argent de la République ». Le PG a souligné que ce qui a été avoué, n'est que « la face visible de l'iceberg » d'un « holocauste financier ».

Les métaphores de l'infamie : le procès de la classe de privilégiés

Pour illustrer l'ampleur du désastre et l'arrogance des accusés, le Parquet Général a utilisé des références historiques cinglantes, renvoyant les prévenus à l'histoire de la haute trahison : Ian Ngoulou : Le « Nouveau Fouquet » Gabonais.

L'ancien proche collaborateur, Ian Ghislain Ngoulou, a été comparé à Nicolas Fouquet, le surintendant des finances qui, par son faste excessif, avait défié l'autorité du Roi en France. Le parallèle s'impose face à l'énormité des découvertes :

Le Trésor de la Terreur : Plus de 4 milliards de FCFA en numéraire découverts à son domicile, un « stock de redistribution » illégal destiné à financer la corruption électorale, les « services occultes » et les achats de loyauté.

La corruption du CGE : Ian Ngoulou a reconnu avoir remis une valise de 500 millions de FCFA au président du Centre Gabonais des Élections (CGE) sur ordre de Nourreddin, un acte requalifié en complicité de corruption active visant la manipulation du processus électoral.

L'auto-blanchiment : L'enrichissement est insolent : l'acquisition de vingt-sept appartements avec piscine dans la même cité, sans aucun prêt bancaire ni revenu déclaré proportionné, caractérise un « auto-blanchiment » au détriment de l'État.

La Young Team : Des « Fils du Roi » Férus de Poker et de Scandales

L'accusation a ensuite dénoncé l'entourage de Nourreddin Bongo, dont Abdul Oceni Ossa, en les peignant comme les « fils du Roi » ayant pris le pays pour leur cour de récréation. Le réquisitoire dénonce un Gabon laissé entre les mains de " collégiens", férus de poker, de PlayStation et avides de soirées « bunga bunga » à la Berlusconi ou de « breaks off » à la" Puff Daddy ».

« Est-ce que vous réalisez que lorsqu'on laisse les reliques de la République entre les mains d'adolescent, les secrets sont dehors ? » a questionné le PG.

Cette « association de malfaiteurs » (dont faisaient partie Ngoulou, Saliou, Oceni Ossa, et d'autres) a mis en place un « véritable système solaire criminel » pour capter les fonds du pays, avec une répartition des rôles allant des détournements aux interventions fiscales illégitimes.

Concussion et système parallèle de rémunération

Le réquisitoire a également ciblé Mohamed Ali Saliou, le « validateur institutionnel » :
Concussion Organisée : Saliou a perçu des primes fixes de 80 millions FCFA par mois, et des primes variables allant jusqu'à 450 millions FCFA, ainsi que des « bonus pétroliers » illicites. Ces montants, sans base légale ni décret, constituent un système parallèle de rémunération et sont qualifiés de concussion – une trahison morale où l'agent public exige des sommes qu'il sait ne pas lui être dues.

• Patrimoine Indécent : Les fonds volés ont servi à financer un patrimoine immobilier et mobilier estimé à plus de 8 milliards de FCFA, incluant une collection de 20 montres de luxe pour 1,4 milliard. Saliou était « la légitimité administrative du détournement », ouvrant les portes du Trésor par son pouvoir de visa sur les plus gros contrats.

Enfin, le Procureur Général a profité de la tribune pour rétablir sa propre réputation, clarifiant que les sommes (25, 24 et 7 millions FCFA) qu'il a perçues étaient des fonds d'ordonnateur de crédits pour organiser des sessions criminelles et non des détournements, soulignant l'urgence à distinguer les transactions légales des crimes que les accusés ont commis.

Le Parquet a conclu en appelant la Cour à vivre ce dossier non comme une simple analyse, mais comme le « vertige » d'une justice qui doit, au nom des pères fondateurs, sanctionner l'impunité et l'arrogance d'hier.

FK/MT



Source : https://www.gabonews.com/fr/actus/societe/article/...