Décès de l'artiste Dial Moussé Alé Mbaaye ; L'égérie de la musique tradi-moderne jette le micro à jamais ! Par Ibou Ndoye Diender

À la fin des années 80 et durant la décennie 1990, Dial Moussé Alé, comme on l'appelait affectueusement, s'était bien distinguée dans le landerneau artistique par son morceau fétiche, "Foureul" conicidant avec l'ère oh combien salvatrice du Set-Setal généralisé, symbole d'une prise de conscience collective sur la nécessité de rendre sain et propre l'environnement des quartiers surtout populaires alors en proie à une paupérisation plus ou moins dévastatrice.

Elle venait juste de démarrer sa carrière dans les orchestres après sa démission de l'ensemble lyrique traditionnel de Sorano. C'est l'émission "Super Ndajé" animé par Elh Mansour Mbaye à la Télévision nationale Rts qui l'a révélée au grand public en 1990.

Sous la houlette d'un Maestro au talent d'arrangeur musical hors pair, l'inégalable Cheikh Tifiane Tall en l'occurrence rappelé à DIEU il y a huit ans, le 10 mars 2017 plus exactement, Dial Mbaye a mis à profit sa parfaite connaissance de la sociologie du peuple pour pour façonner ce tube d'anthologie dont la qualité tire sa force des valeurs sociales sur lesquelles repose notre patrimoine culturel plusieurs fois séculaire.

Grâce à sa voix timbrée suscitant l'émotion et riche en harmiques, elle était parvenue en des envolées lyriques dont elle seule avait le secret, à gagner l'adhésion massive des mélomanes, des consciences populaires, des populations de manière générale dans le combat contre l'insalubrité publique. Incontestablement, la contribution de cette grande figure artistique aura été grandiose dans l'amélioration des conditions de vie hygiénique.

Partout à travers le pays comme un seul homme, les citoyens se sont mobilisés pour désencombrer les rues et artères et rendre propres les maisons et autres lieux publics longtemps laissés à la merci des pollueurs. Chacun y était allé de son balai ou râteau, de sa pelle ou pioche, de sa charrette ou véhicule. Dial usant de sa voix suave, cette force de frappe vocale d'une douceur agréable, délicieuse et harmonique. Oui Diaal avait son style, elle savait émerveiller les regards du public et toucher les cœurs !


Adepte iconique de la Tadjania, cette confrérie religieus musulmane qui élargit son horizon jusque dans les contrées lointaines du Sénégal des profondeurs, Dial Mbaye s'est particulièrement distinguée dans la vulgarisation des enseignements de Maodo, l'enfant prodige de Gayé, le patelin perdu dans les méandres du Walo, et rendu célèbre par la réputation inspirante de la mère génitrice, Faawada Wellé, l'égérie de cette province historique, une femme exemplaire par sa piété et son sens élevé de la responsabilité.

Elle n'était pas une artiste ordinaire. Durant une décennie, elle a su, à l'instar de ses sœurs collègues, Kiné Lam, Madiodio Gningue, Khar Mbaye Madiaga, Dsro Mbaye, Soda Mama Fall, Mawa Kouyaté, Athia Wellé, Khady Diouf, Marie Ngoné Ndione entre autres divas, hisser très haut le drapeau emblématique de nos richesses culturelles par la musique.

Ses œuvres, aujourd’hui qu'elle a quitté le bas monde, lui survivront certainement tellement elles sont empreintes d'une qualité respectable. Elle savait toucher les esprits saints et les âmes sensibles, les messages véhiculés dans ses chansons étant absolument significatifs. Elle donnait vie à chacune de ses créations musicales, sa passion pour les hauts faits historiques la dévorait.

Avec sa mort, le Sénégal perd une artiste de renommée qui aura marqué son temps et honoré son époque. Dial Moussé Alé laisse à la postérité l'image d'une femme particulièrement attachée à ce qu'il y a de plus nobles de nos valeurs culturelles. Une artiste talentueuse, une icône de la musique tradi-moderne, un personnage symbolique et sympathique à souhait. Une personne généreuse qui savait offrir le sourire et le rire pour apaiser les cœurs.

Elle était âgée de 76 ans. Sa ville natale Tivaouane qu'elle chérissait fort l'a vu naître en 1949. Son dernier tube Diaal Mbaaye l'a consacré à l'ex-Khalife de Tidaines Serigne Mansour Sy Borom Daradji à sa disparition en 2012.

Qu'Allah Le-Tout-Puissant lui réserve une place privilégiée en Son paradis céleste, lui accorde le repos et la béatitude éternelle ! Amine