Dérapages verbaux : Le Bâtonnier menace de saisir le conseil de discipline de l'Ordre

Le bâtonnier de l’ordre des avocats n’est pas content de certains de ses confrères constitués dans l’affaire Karim Wade, et il l’a faire savoir. Avec virulence. Dans un communiqué au ton sans équivoque, parvenu à SenePlus, Me Ameth Bâ appelle, «encore une fois», les robes noires concernées «à la responsabilité» avant d’ajouter : «Ce rappel à l’ordre est le dernier et à chacun d’assumer la pleine responsabilité de ses actes. »

Les raisons du courroux du bâtonnier : «Le procès (Karim Wade) a donné lieu à divers incidents dont certains propos échangés entre avocats qui me poussent à intervenir une deuxième fois, pour mettre en garde les uns et les autres, sur les risques auxquels ils s’exposent», lit-on dans le communiqué du patron de l’Ordre.

En effet, lors de la première journée du procès de l’ancien ministre d’État et ses co-accusés, jeudi 31 juillet, les avocats des deux parties s’étaient lancé des piques et ont échangé des propos parfois aigres doux. Me Ameth Bâ dû intervenir pour inviter les protagonistes «à la retenue».

«Manifestement mon appel (n’a pas) été entendu par tous», regrette le bâtonnier. Qui déplore, notamment, les conférences de presse «tenues sans (son) autorisation, comme si le procès se déroulait simultanément devant la Crei et par médias interposés».

Ce reproche est valable aussi bien pour les avocats de Karim Wade que pour ceux de l’État. Car depuis l’ouverture du procès, les premiers ont fait face aux journalistes à deux reprises, tandis que les seconds se sont pliés à l’exercice une fois.

Au-delà de cette bataille d’opinion, Me Ameth Bâ regrette les échanges de «gentillesses» entre robes noires. Il dénonce : «Certains avocats ont tenu des propos au mépris de la courtoisie, de la bienséance et le respect dû à nos règles et usages professionnels. Bref, les comportements relevés depuis jeudi dernier permettent de nourrir de vives appréhensions quant au déroulement normal du procès, si de tels dérapages devaient se poursuivre.»

Le bâtonnier ne compte pas rester les bras croisés. Il avertit ses confrères : «Je me permets d’en appeler, une fois encore, à la responsabilité, tout en me réservant le droit de désigner, en tant que besoin, un rapporteur et traduire par devant le conseil de discipline, les auteurs de manquements graves aux règles et usages professionnels.»

Me Ameth Bâ sera-t-il entendu ? Élément de réponse cette après-midi avec la reprise du procès Karim Wade au Palais de justice.

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