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Diourbel: Des jeunes transforment les déchets plastiques en pavés

Rédigé par leral.net le Dimanche 14 Mars 2021 à 14:00 | | 0 commentaire(s)|

Apporter une solution à la gestion des déchets plastiques, en faire un moyen de lutte contre le chômage et la dégradation de l’environnement à Diourbel. C’est l’ambition d’Abdou Karim Diallo et de ses collaborateurs. À travers leur entreprise Ecopav-Sénégal, ils recyclent des déchets plastiques en pavés écologiques.   Chaque matin, Abdou Karim Diallo et ses […]

Apporter une solution à la gestion des déchets plastiques, en faire un moyen de lutte contre le chômage et la dégradation de l’environnement à Diourbel. C’est l’ambition d’Abdou Karim Diallo et de ses collaborateurs. À travers leur entreprise Ecopav-Sénégal, ils recyclent des déchets plastiques en pavés écologiques.  
Chaque matin, Abdou Karim Diallo et ses sept associés se retirent dans leur fabrique, derrière le sous-quartier « Ngolomite » de grand Diourbel sur la route de Darou, pour affiner leur projet qui consiste à recycler les déchets plastiques en pavés écologiques. Dans une parcelle de terrain dont le seul équipement est un mur de clôture, ces jeunes entrepreneurs traitent les déchets plastiques pour les transformer en pavés et briques servant à la construction. « Nous fabriquons ces pavés et ces briques à partir des sachets plastiques mélangés à du sable. La technique consiste à faire fondre les déchets plastiques dans un récipient chauffé au feu de bois. Nous utilisons pour l’instant des marmites de grande capacité. La pâte obtenue est ensuite passée à travers un moule pour produire des pavés ou des briques », explique Abdou Karim Diallo. L’ancien étudiant à l’Université virtuelle du Sénégal (UVS) et fondateur de l’entreprise déclare qu’il n’a jamais fréquenté une école ou une entreprise pour apprendre cette technique. Il confie avoir chopé le virus il y a 5 ans, lors de la conférence internationale de Paris sur les changements climatiques, la Cop21. « Je suivais la Cop21 à travers la télé et j’étais particulièrement intéressé par les débats sur la gestion des déchets plastiques. Ensuite, j’ai aussi lu des revues de chimie avant de me lancer dans cette entreprise puisque l’entrepreneuriat est aussi un rêve depuis ma tendre enfance », déclare M. Diallo.
 Avec leurs moyens artisanaux de fabrication, l’entreprise Ecopav-Sénégal (nom de la société) a une capacité de production de 30 m2 en 1h 40mn. À en croire le responsable de la production Ndiack Ndiaye, s’ils disposent de machines plus modernes, le temps de production de 30 mn peut-être réduit à 25 mn. « Déjà, nous avons élaboré une fiche technique sur la base des difficultés que nous rencontrons dans le processus de fabrication. Cela nous a permis d’imaginer et de dessiner en 3D le prototype d’outils et de machines dont nous avons besoin pour installer définitivement l’entreprise. Il s’agit d’un grand malaxeur avec une capacité de production estimée à 3.000 m2 par mois et d’une presse hydraulique capable de contenir et de canaliser le liquide chaud que devient les déchets plastiques », explique Abdou Karim Diallo. Le budget pour la réalisation de ce projet est environ 69 millions de FCfa.
La collecte des déchets plastiques 
Tous les jours, l’équipe d’Ecopav-Sénégal fait le tour de la commune de Diourbel à la recherche de déchets plastiques. Selon la commande, il rassemble et conditionne des dizaines de sacs. Abdou Karim Diallo, ses collaborateurs et d’autres personnes ont investi la décharge sauvage de Ngolombite. Ils ramassent tout ce qui est déchet plastique, à savoir bouteilles, sachets plastiques, pneus, etc. De retour à leur lieu de travail, ils procèdent au tri. Mais M. Diallo réfléchit à impliquer les ménages, la municipalité et des entreprises nationales pour pouvoir collecter plus de déchets plastiques. « Nous avons prévu, dans le projet, d’installer des unités d’achats de déchets plastiques. Cela nous permettra d’être plus proche des ménages et de récupérer la matière à la source. Nous sommes aussi en discussion avec de grandes entreprises productrices de déchets plastiques. À terme, nous pensons qu’elles vont directement nous remettre leurs déchets et une partie de leur budget destiné à la responsabilité sociale. Un moyen pour elles de respecter leurs engagements environnementaux et pour nous d’avoir plus de ressource financières », confie-t-il, précisant que le besoin mensuel est de 153 000 tonnes de déchets plastiques pour 3.000 m2.

Diene NGOM

 

 70 jeunes seront formés par Ecopav-Sénégal  

À travers le Centre d’incubation communautaire (Cicom) installé à Diourbel, la Direction de l’emploi a signé une convention avec la structure Écopav-Sénégal pour la formation de 70 jeunes de Diourbel. À en croire Abdou Karim Diallo, ces jeunes pourront, à leur tour, fabriquer des pavés écologiques. « Compte tenu de la pandémie et aussi des exigences de la formation, nous prenons chaque semaine une cohorte de 10 ou 15 apprenants. Ils vont subir une formation sur la chaîne de production, collecte, tri et lavage, fonde et moulage», explique-il. Au milieu de la décharge sauvage située dans le grand Diourbel vers l’arrêt Ndiaye Ndella, l’une des bénéficiaires, Amina Guèye, est en pleine collecte. Malgré la tenue inappropriée, elle parvient à remplir son sac de déchets plastiques. « J’avais déposé mon dossier au siège du Cicom pour une formation. Ils m’ont appelée pour me parler de cette formation et je l’ai trouvé très intéressante. Déjà, c’est une nouveauté dans la localité. Je veux avoir un métier. J’ai mon Brevet de fin d’études moyennes (Bfem) depuis 2017 mais je ne peux trouver un travail parce que je n’ai aucune qualification», confie Aminata Guèye.

Selon Mbaye Niang, responsable du Cicom de Diourbel, dans le contrat qui lie Ecopav-Sénégal à la Direction de l’emploi, les jeunes formés sont payés au même titre que les formateurs. Des termes que confirme Abdou Karim Diallo.

Diène NGOM



Source : http://lesoleil.sn/diourbel-des-jeunes-transformen...