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Du présidentialisme néocolonial au parlementarisme souverainiste populaire !

Rédigé par leral.net le Mercredi 12 Novembre 2025 à 16:59 | | 0 commentaire(s)|

Du présidentialisme néocolonial au parlementarisme souverainiste populaire !

65 ans après les indépendances formelles dotant nos pays d’un territoire, d’un drapeau, d’un hymne, d’une armée, d’un appareil d’État, force est de constater que le présidentialisme s’est révélé comme le régime institutionnel type du néocolonialisme.

 

En effet, pour assurer le passage du colonialisme au néo-colonialisme par le biais des dits « accords de coopération », la plupart des jeunes États ont combiné à la fois le parti unique par l’élimination forcée du multipartisme et le régime présidentiel.

 

C’est ainsi que furent instituées dans nos néo-colonies françafricaine, eurafricaine et usafricaine des dictatures présidentialistes civiles, à l’instar de la Côte d’Ivoire de Houphouët et le Sénégal de Senghor, très rapidement complétées par des juntes dictatoriales militaires présidentialistes suite aux putschs des Eyadéma, Kotoba, Bongo, Bokassa, Mobutu, Moussa Traoré, Sassou, Habyarimana, Kérékou, Conté, Compaoré, etc.

 

Ces dictatures civiles et militaires présidentialistes néocoloniales ont été mises sous perfusion des recettes libérales du FMI/BM pour « rembourser la dette » à partir des années 80 avant de brader à viles prix toutes les entreprises publiques et parapublics aux Firmes Monopolistes du capital financier impérialiste, surtout après la dévaluation du franc colonial CFA en 1994.

 

Les soulèvements populaires souvent dirigés par les gauches communistes contre ces dictatures civiles et militaires vont culminer dans les années 89/91 et contraindre le système néo-colonial françafricain, eurafricain et usafricain des dictatures civiles et militaires à concéder le multipartisme et les élections qui seront ensuite dévoyés en unique « modèle démocratique » intégré à la mondialisation libérale du capitalisme impérialiste sous hégémonie US.

 

Force est encore de constater que ces alternances ont, au mieux, changé les hommes au pouvoir mais pas les politiques, car tous, y compris quand ce sont des gauches historiques qui ont eu le pouvoir, ont utilisé le régime présidentiel devenu le garant du système néocolonial pour appliquer l’unique programme libéral dicté par le FMI/BM. La corruption n’a cessé de s’aggraver et de se généraliser, le chemin le plus direct et le plus court pour devenir grand bourgeois milliardaire, notamment en franc colonial CFA, et servir les intérêts des impérialistes, est de devenir président ou ministre de l’État bureaucratique néocolonial.

 

Les conséquences dramatiques les plus visiblement sont ces hordes de jeunes africains prenant d’assaut les mers, les océans et les déserts devenus des cimetières à ciel ouvert pour émigrer vers les prétendus eldorado européens ou états-unien pour y devenir des esclaves sans papiers de l’économie souterraine. A la différence d’être enchaînés comme à l’époque de la traite des noirs, ces victimes de cette tragédie migratoire ne font que suivre en réalité le chemin pris par le pillage des richesses naturelles de nos pays

 

Dans toute société, les crises économiques par accumulation quantitative se transforment à un moment donné par un bond qualitatif en crises politiques. Et l’accumulation quantitative des expériences positives et négatives produisent aussi à un moment déterminé un bond qualitatif des luttes révolutionnaires. C’est là une loi absolue de l’évolution de toute société que les éléments les plus conscients doivent mettre à profit pour passer des alternances qui ne changent rien au fond (accumulation quantitative) aux alternatives qui mettent le pays sur les rails de la libération nationale et/ou de l’émancipation sociale (bond qualitatif).

 

Dans le cas des pays de l’AES, la guerre de l’OTAN par djihado-terroristes interposés a été le facteur décisif de la prise de conscience de la duplicité des impérialistes françafricain, eurafricain et usafricain, lesquels le jour se présentent comme sauveurs et la nuit complotent avec leurs mercenaires agresseurs djihado-séparatistes et terroristes. Étant en première ligne, c’est dans les armées nationales qu’émerge, parallèlement aux luttes populaires contre les régimes néocoloniaux présidentialistes corrompus, une avant-garde militaire petite-bourgeoise qui paracheva celles-ci par un coup d’État souverainiste. Ce sursaut souverainiste salvateur doit féconder à terme un renouveau politique débarrassé de la classe politique néocoloniale corrompue et discréditée.

 

Au Sénégal, c’est au sein de la petite-bourgeoisie de la haute administration qu’émergea une avant-garde politique, d’abord syndicaliste puis politique pour présenter une offre souverainiste alternative au néocolonialisme.

 

Ce renouveau politique s’est manifesté pendant que les leaders les plus en vues de la gauche historique s’étaient englués jusqu’au cou dans le système néocolonial et dans la mondialisation libérale pilotée par l’impérialisme hégémonique US flanqué de l’UE/G7.

 

Auparavant, un soubresaut conjoncturel de salubrité publique fut l’épisode des Assises Nationales qui a produit un projet de contrat national démocratique et citoyen contre la dictature monarchisante néocoloniale du PDS. Ce soubresaut fut de courte durée, car la classe politique et citoyenne porteuse des Assises nationales s’est, à quelques exceptions près, diluée dans les méandres nauséeuses d’une autocratie APR/BBY liberticide, voleuse et criminelle.

 

Toutefois, cette mobilisation militante citoyenne rassemblant partis de l’opposition, syndicats et associations de la société civile au PDS monarchisante déboucha sur une proposition de réduction du pouvoir présidentielle et la CNRI. L’actuel président souverainiste parle « d’un premier ministre fort », des scénarios sont montés pour « diminuer les pouvoirs du président », mais personne ne suggère un autre régime que le présidentiel.

 

L’auteur de cet article avait proposé dans le cadre des Assises Nationales de remplacer carrément le régime présidentiel par le régime parlementaire, ce qui n’avait pas été retenu.

 

L’expérience récente de l’empêchement arbitraire de la candidature de Sonko par la dictature présidentialiste de l’APR/BBY, les tentatives de diviser le tandem Diomaye/Sonko, donc d’opposer le « président légitime » et le « président légal » et l’existence objectivement porteuse de division potentielle de « pro-Sonko » et de « pro-Diomaye » dans le Pastef et dans le pays posent avec encore plus d’acuité la nécessité de remplacer le régime présidentiel par le régime parlementaire.

 

Dans les pays de l’AES, la transition militaire présidentielle conjoncturelle doit perdurer pour résister à la guerre de l’OTAN-djihado-terroriste-séparatiste tout en préparant les conditions pour que la victoire militaire s’accompagne des solutions politiques, sociales et citoyennes idoines forgeant à terme chacune des nations confédérées par la résolution démocratique populaire inclusive de la question nationale.

 

Dans les deux cas, Sénégal tout comme l’AES, une refondation politique renouvelant la classe politique contre et sans les partis néocoloniaux est nécessaire.

 

Au Sénégal, le régime parlementaire apparaît de plus en plus nettement comme la solution institutionnelle à l’existence de fait d’un « président légitime » et d’un « président légal » pour couper court aux tentatives manipulatrices de division même si comme le dit Sonko lui-même « la division ne viendra ni de lui, ni de Diomaye », tous les deux étant des militants de Pastef.

 

Précisons sur le régime parlementaire qu’il est indispensable de sortir des modèles éculés et de plus en fascisés du parlementarisme impérialiste et rappelons que les expériences des pays rescapés du camp socialiste sont toutes des exemples de Républiques parlementaires avec chacune des particularités propres :

 

- Cuba : Assemblée populaire élue née de la fusion des partis et organisations révolutionnaires dans le PCC à l’exclusion des partis et organisations apatrides néocoloniaux renversés par la révolution de 1959 et tous réfugiés à Miami;

 

- Chine : Assemblée populaire nationale élue avec un pluripartisme dans le cadre d’un front stratégique uni des quatre classes (ouvriers, paysans, l'intelligentsia petite-bourgeoise et bourgeoisie nationale) dirigé par le PCC à l’exclusion des partis apatrides réfugiés sous protection nucléaire US à Taïwan, mais qui, dans le cadre de la réunification comme à Hong Kong, Macao, sur la base du principe « un pays, une nation, un État et deux systèmes », peut intégrer des partis bourgeois redevenus patriotes dans l’alliance politique et l’Assemblée populaire représentant les 56 nationalités du pays;

 

- Vietnam : Assemblée nationale populaire élue du front uni patriotique sous la direction du PCV à l’exclusion des partis bourgeois apatrides ayant fui le pays pour les USA et l’UE après la victoire libératrice de 1975 précédée par la victoire de Dien Bien Phu en 1954;

 

- Sans oublier la défunte URSS des Soviets ouvriers, paysans, soldats et de toutes les nationalités de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques;

 

- On peut aussi, même si c’est d’autres modes de production féodaux et autres, se référer aux exemples d’institutions démocratiques toutes fondées sur des Assemblées représentatives qui mettent en place les pouvoirs Exécutif, Législatif et Judiciaire dans l’histoire de nos États anté-coloniaux.

 

Le régime parlementaire met en œuvre un régime de représentation démocratique des partis par des députés élus par le peuple. Avec la révocabilité, la démocratie représentative rend dépendant les députés élus du peuple électeur. Le pouvoir Exécutif – président et/ou premier ministre – émane et dépend ainsi du parlement et donc indirectement du peuple qui a la possibilité par la révocabilité d’influer directement sur l’Exécutif.

 

Même le pouvoir judiciaire qui s’exerce au nom du peuple dépend ainsi indirectement du peuple par le biais du parlement et directement du peuple grâce à la révocabilité.

 

La séparation des pouvoirs Législatif, Judiciaire et Exécutif dans le respect de leur fonctionnement interne propre est ainsi fondée sur la loi qui fixe les prérogatives pour chacun d’eux.

 

La démocratie participative fondée sur le pouvoir de révocabilité à tout moment confère de la base vers le sommet au peuple est un complément indispensable du régime parlementaire populaire dont les modalités et règles doivent être législativement définies.

 

Alors n’hésitons plus, révisons notre Constitution en allant résolument vers la mise en place du régime parlementaire par voie référendaire.

 

11/11/25

Fodé Roland Diagne

 




Source : https://www.impact.sn/Du-presidentialisme-neocolon...