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ENTRETIEN AVEC… Doudou Salla Diop: Le diplomate sort de sa réserve

«Des officines du palais alimentent la presse».

«Quand il ya la confusion, les mediocres emergent».

«Un pays ne peut pas vivre dans le mensonge».

Au lendemain de son départ définitif de l’ambassade du Sénégal à Paris, Doudou Salla Diop a, pour la première fois depuis fort longtemps, accordé une interview à la presse. Dans un café de la capitale française, l’homme s’est montré disponible, mais aussi choqué par tout le tintamarre médiatique qui a accompagné son départ à la retraite. Il a surtout une dent dure contre un journaliste de L’Observateur qu’il accuse d’être «commandité» par une des officines du Palais. Des officines qui, selon le désormais ancien ambassadeur, veulent le «détruire».


Rédigé par leral.net le Samedi 22 Novembre 2008 à 15:31 | | 0 commentaire(s)|

ENTRETIEN AVEC… Doudou Salla Diop: Le diplomate sort de sa réserve
Après plus de trente ans au service de la diplomatie sénégalaise, dans quel état d’esprit vous entamez votre vie de jeune retraité ? Je vis bien ma nouvelle vie. Après tout, ce n’est qu’une étape dans la vie d’un homme. Je remercie le bon Dieu, mes parents, le Président Abdoulaye Wade qui a bien voulu me nommer à Paris. Je remercie le bon Dieu, parce que j’en suis arrivé là et je suis encore en bonne santé. Ce qui n’est pas évident pour certains. Je suis arrivé à ce point par la force du travail et l’abnégation. Je pense qu’en dépit de tout, objectivement, je pourrais être fier de ma carrière.

En tous cas, votre départ n’est pas passé inaperçu…
Justement, ce qui me désole un peu : un départ normal à la retraite - ce qui arrive tous les jours à des ambassadeurs, des fonctionnaires, des préfets - ne devrait pas causer autant de problèmes. Pour moi, c’est un non évènement, c’est dans le cours des choses normales. Mais j’ai vu que certaines personnes en ont profité. Des personnes tapies dans l’ombre, évidemment, pour dénigrer, pour essayer de casser tout ce que j’ai fait dans la vie ; ce qui n’est pas honorable pour eux. Mais, j’ai la conscience tranquille. Je sais très bien que dans tout ce qu’ils ont dit, il n’y a pas une once de vérité. Mais quand on veut tuer son chien, on l’accuse de rage. On a vu que la presse s’est déchaînée, quand on a annoncé la nouvelle de mon départ.

Quand vous parlez de personnes tapies dans l’ombre. A qui vous pensez ?
Il y a des officines au Palais qui alimentent la presse. Et dans cette presse, il y en a, malheureusement, une bonne et une mauvaise. Le président même l’a dit un jour : «Il y a des gens qui payent la presse pour ne pas être attaqués ou pour attaquer quelqu’un.» Donc, tout le monde connaît la situation d’une certaine presse.

Pourquoi vous retournez-vous subitement contre une certaine presse ?
Quand je dis ça, c’est tout simplement qu’il n’y a même pas deux jours, un certain Serigne Saliou du journal L’Observateur m’a appelé pour me dire : «M. l’ambassadeur, il paraît que le Président Wade vous a appelé au téléphone. Il vous a engueulé ; il vous a fait plusieurs griefs et il vous a demandé de rentrer dare-dare au Sénégal, samedi.» Je lui ai dit : «M., sincèrement, vous me l’apprenez. Parce que, premièrement, le président ne m’a jamais appelé pour ça. Deuxièmement, personne ne m’a dit, ni oralement, ni par écrit, de rentrer samedi». Il me dit que c’est un conseiller du président qui le lui a dit. Et je lui ai répondu : «Moi je te dis ce que je sais.» Comme j’ai senti qu’il était animé d’une intention de nuire, je lui ai alors dit : «De toute façon, je pardonne à tout le monde ; dites ce que vous voulez.» Il a ensuite rajouté des choses incroyables. Ce journaliste doit savoir que c’est normal que, quand on finit sa mission, on doive rentrer. Donc, je vais rentrer un jour. Mais ce n’est pas comme le journaliste l’a dit. J’ai entendu dire aussi que j’ai raconté des choses sur le président, ses voyages… Je crois que le président ne croira jamais ces choses-là. On raconte des histoires pour me mettre en mal avec lui. J’ai même entendu que le président m’a engueulé parce qu’il n’était pas content d’un article (Le Quotidien du mardi : Ndlr) parlant de la venue de ma sœur (Maïmouna Sourang, ndlr) à Paris. Mais moi, Doudou Salla Diop, de quoi je m’en mêle ? J’ai quand même de l’expérience. Je ne sais même pas comment sa nomination s’est passée, parce qu’elle n’est pas passée à mon niveau. Du coup, n’étant pas informé, comment aurais-je pu commenter cette nomination ?

Vous voulez dire que la procédure de nomination aurait dû passer par vous ?
Non, pas du tout nécessairement ! La procédure peut passer ailleurs ; c’est le gouvernement qui décide. Là aussi, on veut tout simplement me mettre en mal avec ma sœur. Maïmouna Sourang Ndir est trop gentille et très polie avec moi. J’ai grandi à Louga. Son père était mon aîné, quand j’étais à l’école primaire. J’ai des relations avec les frères de son père. Donc comment vais-je ouvrir ma bouche et dire des choses sur une dame qui est ma sœur ? Au contraire, j’ai demandé au personnel que j’ai réuni hier (mercredi, lors de la cérémonie de passation de services : Ndlr) de l’aider. Je leur ai dit que je ne parlerai pas de mon bilan. Je leur ai dit : «Si vous faisiez un hier, faites quatre, cinq ou six de plus pour ma sœur qui arrive pour l’aider dans sa mission pour le Sénégal.» C’est ça le plus important. C’est très important qu’elle réussisse ici. Et elle a les qualités intellectuelles et morales pour faire son travail. Le problème, c’est qu’au Sénégal, nous sommes dans une époque que je ne reconnais plus. Parce que, quand il y a la confusion, les médiocres émergent. Et quand les médiocres émergent… (il ne finit pas la phrase). Ce n’est ça le fond du problème. On dirait qu’ils veulent briser tous les symboles, toutes les références. Ce n’est pas pour rien que le président a eu l’amabilité de me décorer. Il a dit à 20h30 à la télévision : «Prenez exemple sur lui.» Je ne sais pas si ce n’est pas pour ça que les gens veulent salir ma peau, en oubliant tout ce que j’ai fait pour mon pays pendant trente-cinq ans. Mais ils ne peuvent rien faire. J’ai reçu des milliers et des milliers d’appels de gens qui savent ce que j’ai fait. Dans ce pays (France), j’ai été, pendant neuf ans, Consul général et sept ans Ambassadeur. Si Dieu me paie pour tout ce que j’ai fait, j’irai directement au paradis. Ces gens-là ne peuvent rien contre moi, parce que je suis d’une génération qui a emprunté les escaliers, marche par marche, avant de venir à Paris. Autrement dit, je n’ai pas emprunté une fusée ou l’ascenseur. Je ne suis pas arrivé à Paris comme ça du jour au lendemain. Donc, je ne peux pas, après tout ce que j’ai fait pour mon pays à Bagdad dans les moments les plus terribles, à Nouakchott dans les moments les plus difficiles, au Maroc et venir ici à Paris pour passer du jour au lendemain du bon Dieu au diable. Grâce aux instructions et à la vision du président, j’ai réussi à amener le Sénégal à la tête du peloton des pays représentés à Paris. Et ça personne ne peut l’enlever. Ce n’est pas des gens tapis dans l’ombre qui sont des malveillants, des sicaires, des sbires, je ne sais d’où ils sortent, à la faveur de quoi…mais moi je me suis fait depuis longtemps. Ce n’est donc pas ces gens-là qui sont venus maintenant goûter aux délices du pouvoir qui vont me détruire. Si ces gens-là sont courageux, je veux dire ceux qui conduisent les rumeurs dans la presse, je les convie à un débat public, face à face, qu’ils sortent leurs documents et moi les miens devant le peuple sénégalais, et là on saura…C’est un appel que je lance vraiment. En ce moment- là, le peuple sera éclairé. Si on pense tromper les gens, on se trompe. Moi le président, c’est mon grand frère, en plus d’être mon président évidemment. J’ai des relations d’affections avec lui. Depuis qu’on est ensemble, il a eu l’amabilité de ne jamais me gronder. Pourquoi il attendrait maintenant pour le faire? Pourtant, il pouvait le faire. Cela fait trois à quatre semaines que je n’ai pas parlé avec lui. Alors d’où sortent ces mensonges ? C’est mal connaître le président qui est d’une courtoisie exquise.

A votre avis, concrètement, pourquoi ces gens-là veulent votre peau ?
Vous savez, il y a un proverbe wolof qui dit : «Quand une voiture klaxonne, elle ne peut klaxonner qu’une voiture qui se trouve devant.» C’est pour vous dire que tout ceci est normal. Mais ces gens ne savent pas quel service ils me rendent, en véhiculant des mensonges. Parce que le peuple sénégalais sait ce qui se passe. Je reçois tellement de courriers, de messages de gens exprimant leur sympathie. Un pays ne peut pas vivre dans le mensonge. Donc il faudrait revenir à nous-mêmes. C’est pourquoi j’ai dit l’autre jour que je pardonne à tout le monde. Mais ce que je vois actuellement, dépasse vraiment l’entendement. Nous avons d‘autres préoccupations que de dénigrer les gens en ayant aucune preuve. Je n’ai fait de mal à personne. Vous vous réveillez un matin pour chercher à détruire toute la carrière de quelqu’un qui est quand même une référence dans la diplomatie sénégalaise. Ce n’est pas bien. A chaque fois que des hommes valeureux, des hommes de talent, des hommes compétents brillent de leur fonction, les gens font tout pour les salir. Il faut que ça s’arrête, sinon il n’y aura pas de référence demain. Il faut donc que les gens arrêtent de faire du mal au Sénégal.

Concrètement, Wade avait-il tout de même le droit de vous fixer un ultimatum alors que vous êtes à la retraite ?
Dans le Sénégal d’aujourd’hui, il n’y a que le président de la République, qui est mon grand frère, qui pourrait même m’insulter sans que je ne réponde. Donc, il a le droit de me dire ça. Mais il ne l’a pas dit. Quand on a eu une conversation sur ce sujet, le président m’a dit : «Je n’ai rien à vous reprocher, au contraire vous avez toujours fait le travail comme il faut. Mais c’est dans la logique des choses que les ambassadeurs changent.» Il ne peut pas se dédire en si peu de temps. C’est la seule conversation que j’ai eue avec le président à propos de ce sujet.

Quand est-ce que cette conversation a-t-elle eue lieu ?
Il y a deux à trois mois. Il m’a ensuite dit qu’on va voir. Et ce qui devait arriver un jour arriva. Pour le reste, les gens ne font qu’inventer. Même le ministère des Affaires étrangères qui met la procédure en route ne m’a jamais dit de rentrer dare-dare.

Depuis votre prise de fonction en 2001, quels ont été vos grands faits d’arme en tant qu’ambassadeur en France ?
Je vais peut-être vous décevoir. Je suis quand même un doyen dans la diplomatie sénégalaise. Pour la plupart des ambassadeurs aujourd’hui en poste, j’ai modestement contribué à leur formation à l’Ena (l’Enam d’aujourd’hui : Ndlr). Je connais donc ce qu’est la déontologie administrative. C’est pour vous dire que je ne vais pas me mettre à dire que j’ai fait ceci, j’ai fait cela, alors que mon successeur arrive. C’est pourquoi j’ai dit à mon personnel de ne pas parler de mon bilan. Il a été fait par le président de la République lui-même. Lui, il sait ce que j’ai fait. Peut-être qu’il viendra un moment où je vous ferai ce bilan. Mais pour l’instant, avec ce climat délétère, ce climat de mensonges, je ne vais dire quoi que ce soit qui puisse donner l’air de me glorifier par rapport à mon successeur. Mais, en deux mots, vous avez dû entendre à Paris que l’ambassade du Sénégal en 2001 et cette même ambassade aujourd’hui, c’est la nuit et le jour. Allez voir ses locaux ! Sur le plan du travail, demandez à l’administration française, les ministres, les députés et aux préfets, si le Sénégal n’est pas en tête de peloton ici en France ! Je ne dis pas que c’est moi qui l’ai fait. Mais plutôt c’est grâce à la vision et aux instructions du chef de l’Etat que j’ai réussi ma mission.

C’est comme si vous aviez un bilan positif, mais vous ne voulez pas en parler pour ne pas être en porte à faux par rapport à la décision du président...
C’est les gens qui ne connaissent pas les rouages de l’Etat qui peuvent réagir comme ça. Ou alors les sentimentaux. Je viens de vous dire qu’en voyant la manière avec laquelle le président m’a parlé, mon bilan est positif. Encore une fois, c’est grâce à sa vision et à ses instructions. Mais rien n’est éternel dans la vie. Pour résumer, ce n’est pas que j’aie peur de me mettre en porte à faux. Je vais tout simplement dire que le président sait ce que je vaux et ce que j’ai fait. Et cela me suffit. Mais c’est que je ne veux pas commencer dès maintenant à m’étaler sur des choses comme si je me vantais, ou je faisais des comparaisons. D’autant plus que j’ai été remplacé par une sœur à qui je souhaite la réussite totale. Donc, je ne vais rien dire qui puisse être interprété.

On sait qu’à la fin le courant ne passait plus entre vous et le personnel de l’ambassade ; vous étiez isolé. Comment en est-on arrivé là ?
C’est pourquoi j’ai dit tout à l’heure que je pardonne à tout le monde pour les torts que j’aurais portés en dehors de l’administration. Mais pour ce qui s’est passé dans l’administration, c’est-à-dire venir et partir à l’heure, bien faire son travail, tenir les lieux propres, éviter les absences répétées, c’est autre chose. Celui qui ne respecte pas cela ne peut pas être d’accord avec moi. Les gens qui ne le voulaient pas ont eu maille à partir avec l’ambassadeur. Et les gens qui, sous couverts de l’immunité et de privilèges, veulent faire des choses qui ne sont pas dans le domaine de la diplomatie, je ne peux pas l’accepter. Parce qu’en venant ici le président m’avait demandé d’anoblir l’ambassade. C’est la raison pour laquelle j’ai voulu que notre ambassade soit comme l’ambassade de France, etc. Et si c’était à refaire j’allais le refaire.

Vous n’êtes pas sans savoir que vous êtes très impopulaire dans le milieu sénégalais en France. Comment vous avez vécu cela ?
J’ai un point de vue différent. Des milliers et des milliers de Sénégalais se manifestent tous les jours à moi en me disant parfois des choses dithyrambiques. Chaque mercredi, je laisse ma porte ouverte ; ils viennent sans rendez-vous. Je peux vous donner des centaines de contacts ; si vous les appelez, ils vous diront le contraire de ce que vous dites. J’ai fais neuf ans de consulat général en France. Je faisais le tour des hôpitaux, des prisons, des aéroports. J’ai même inventé ici des «cartes de séjour marabout» pour les marabouts sénégalais. Quand je quittais le consulat en 1989, ils avaient même fait des prières pour que je ne parte pas. Par contre, les vagabonds, je n’ai rien à voir avec eux. Quand un Sénégalais vient me voir dans mon bureau pour me demander des choses que je n’aie pas, c’est normal que je lui dise la vérité. Donc, la frustration de certains peut venir de là.
Les Sénégalais dépendent des consulats généraux. Pourquoi on en a ouvert quatre (Paris, Lyon, Bordeaux et Marseille) en France où j’étais, à mon époque, le seul consul général ? C’est pour bien aider les Sénégalais. De l’acte de naissance jusqu’à l’acte de décès, en passant par la carte consulaire, le mariage, la sécurité sociale... tout cela est de la responsabilité des consulats généraux. Aucun dossier de Sénégalais n’est traité à l’ambassade. A moins que ce soit un investisseur, ou que vous ayez besoin de proroger un passeport diplomatique. L’ambassadeur s’occupe des dossiers diplomatiques, économiques, culturels et militaires, par le biais de son attaché militaire. Ses interlocuteurs, ce sont le gouvernement français, l’Agence française de développement, les Chambres de commerce, le Cian, le patronat français, les collectivités locales, les conseillers généraux, les maires, etc. Pour juger l’ambassadeur, c’est à ces gens-là qu’il faut demander, mais pas à un Sénégalais qui n’a aucun contact avec lui. Le problème, c’est que les gens confondent le consulat et l’ambassade. Il faut qu’ils comprennent que les deux n’ont rien à voir.

Pour parler des raisons de votre départ, il se dit qu’elles sont liées au fait que vous n’avez pas voulu être un «pion» de la Génération du concret. Que répondez-vous ?
Je n’ai jamais prononcé une seule phrase disant que je ne veux pas être l’ambassadeur de la Génération du concret. Je suis ambassadeur du Sénégal, je m’occupe des affaires de l’Etat sénégalais. Le président me donne des instructions, je les applique. Il ne m’a jamais donné une instruction allant dans le sens que vous laissez entendre. Quelqu’un d’autre ne m’a jamais demandé de m’impliquer dans tel ou tel autre mouvement. Pourquoi donc prendre les devants par activisme et intérêt ? Ce n’est pas une question de refuser ou pas, mais ça n’a jamais été question. Parce que quand les gens viennent dans mon bureau, je ne leur demande pas leur étiquette. Mais encore une fois, les gens disent cela pour me mettre en mal. Je vois très bien ceux qui sont derrière ça. Mais ce n’est pas mon affaire. Je ne me mêle pas de ce qui ne me regarde pas.

Vous avez représenté le pays en Mauritanie, en Irak pendant la première guerre du Golfe, au Maroc, … Quelle est l’expérience qui vous a le plus marqué ?
Je disais tout à l’heure que je ne ferais pas de bilan, mais je peux vous dire que si c’est dans le drame, c’est Bagdad. Parce que là-bas, j’ai vécu dans l’enfer de la guerre. J’étais le dernier ambassadeur à quitter le pays, dans des conditions très difficiles et ayant perdu tous mes biens. La Mauritanie, non plus, n’a pas été facile, à cause de ce qui s’est passé en 1989. J’ai été nommé pour rétablir les relations entre les deux pays. J’ai encore en mémoire le fait que le Président Taya ne voulait pas que je parte, quand le Président Diouf m’a rappelé. Il disait que j’ai fait un travail excellent devant un témoin, le ministre Marabout, on n’a jamais vu quelqu’un œuvrer autant pour rapprocher son pays de la Mauritanie. Au Maroc, tout le monde sait aussi que j’étais l’ambassadeur le mieux introduit. Pareil en Mauritanie et en Irak. Un ambassadeur doit avoir des entregents, pouvoir tisser des liens, pour connaître des autorités. C’est pour pouvoir aider son pays. Un ambassadeur qui n’a pas d’entregents, qui n’a pas de relations, comment peut-il aider son pays ? J’étais donc aussi bien introduit dans ces pays qu’en France. C’est l’aboutissement du travail qui fait que j’ai des entrées partout. Si, au lieu d’être content de cela, on y voit autre chose, c’est qu’il y a de la méchanceté, il y a une chasse aux sorciers, il y a une volonté de me briser en parlant d’un pion des Français. C’est excessif, donc insignifiant. J’aurai l’occasion de revenir sur ce point ridicule.

Vous êtes un témoin clé de l’évolution de la fonction de diplomate au Sénégal, puisque vous avez servi sous les trois régimes de Senghor, Diouf et Wade. Quelle est la différence entre ces trois Présidents ?
Je vous renvoie à mon intervention lors de la dernière conférence des ambassadeurs. Devant tout le monde, j’avais eu à évoquer cette question. La diplomatie senghorienne, j’en avais parlé, ainsi que celle de Diouf. La diplomatie sénégalaise est une diplomatie en mouvement. Nous avons actuellement un président pluridisciplinaire. Il a introduit une nouvelle donne à la diplomatie sénégalaise, en y apportant sa vision que les autres pays africains suivent très souvent.

Qu’allez-vous faire dans votre nouvelle vie de retraité ?
La vie est faite de plusieurs étapes. Je termine une carrière dans l’administration en bonne santé, je remercie le bon Dieu. Je pense que j’ai été bien armé. Pour le moment, je m’occupe de ce qui est le plus important, c’est-à-dire la santé. Je viens de subir une opération. Je dois faire des bilans de santé avant de regagner Dakar et me présenter à mes autorités. Il n’y a que ça comme vérité. Tous les gens qui bordent autour perdent leur temps. Dès que je termine mon bilan de santé, que le médecin me dise que je peux partir sans danger, je regagnerai immédiatement mon pays. Mais les gens vont évidemment continuer à inventer n’importe quoi. Peut-être diront-ils les prochaines fois que j’ai vendu l’ambassade ou que j’ai mis le feu à la résidence. C’est ubuesque ! Ils vont dire que je rentre lundi, mardi ou mercredi. Mais ce n’est pas leur affaire. Maintenant, je ne peux pas vous dire ici quand cela se fera.

Quand allez-vous finir avec votre bilan de santé ?
Ça dépend de mon médecin. Je pense que même les Sénégalais les plus malveillants ne peuvent m’empêcher de m’occuper de ma santé. Ma respiration appartient à Dieu. Quand un journaliste parle de mes virées nocturnes, j’ai envie de lui dire de s’occuper des virées nocturnes de son père. Il faut l’écrire. Il peut dire ce qu’il veut, mais il n’a pas le droit d’entrer dans ma vie privée. Je suis quand même père de famille qui en souffre. Et n’eussent été les gens que je connais dans son journal (Ndlr : L’Observateur), je l’aurais assigné en Justice. Mais je sais que beaucoup ne partagent pas son opinion. Tout ce qu’il raconte est faux.

Vous allez résider définitivement à Dakar ou vous allez retourner à Paris ?
C’est entre les mains de Dieu. Il faut qu’on revienne à nos valeurs, le sens de l’honneur et de la dignité. Dans ce pays, tous les symboles, toutes les références sont dénigrées. Notre jeunesse manquera d’exemple et de références.

correspondant permanent en France

Source: le Quotidien

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