leral.net | S'informer en temps réel

EXCLUSIF – Kocc Barma enfin arrêté : La DSC met fin à sept ans de cybercriminalité

Après plus de sept ans de traque, la Division spéciale de la cybercriminalité (DSC) a mis fin au règne numérique d’un homme dont le pseudonyme a terrorisé de nombreuses familles sénégalaises : « Kocc Barma ». L’individu, identifié comme El Hadji Babacar Dioum, a été interpellé dans une résidence sécurisée située à Bourguiba, avec l’appui de la Brigade d’intervention polyvalente (BIP). Cette arrestation marque un tournant dans la lutte contre la cybercriminalité au Sénégal.


Rédigé par leral.net le Vendredi 18 Juillet 2025 à 16:01 | | 0 commentaire(s)|

Un réseau structuré de sextorsion et de chantage

Selon des sources sécuritaires proches du dossier, El Hadji Babacar Dioum est le cerveau présumé d’un réseau criminel spécialisé dans l’extorsion, la diffusion de contenus intimes sans consentement, et le chantage numérique. L’enquête a révélé que des centaines de sextapes impliquant des Sénégalaises, étaient stockées sur ses appareils personnels, avec des montages destinés à la diffusion sur des sites pornographiques illicites.

Le principal outil de ce réseau : le site « babiporno », plateforme hébergée à l’étranger, sur laquelle étaient diffusées les vidéos obtenues, parfois contre rançon, souvent à l’insu total des victimes.

L’opération de la dernière chance

C’est dans la plus grande discrétion que les forces de l’ordre ont lancé une opération coordonnée pour éviter la disparition de preuves numériques. La présence de la BIP a permis de sécuriser les lieux pendant que les techniciens de la DSC procédaient à la saisie d’ordinateurs, de disques durs, de téléphones, mais aussi, des accès aux serveurs du site incriminé.

Par précaution, un message a été brièvement affiché sur le site babiporno, pour signaler sa neutralisation par la police, avant que le domaine ne soit définitivement mis hors ligne.

Des flux financiers complexes et anonymisés

L’enquête financière révèle l’existence de transactions importantes opérées via des circuits de paiement hautement anonymisés : cryptomonnaies, cartes prépayées, portefeuilles électroniques… Plusieurs de ces mouvements ont été tracés vers des destinations offshore. Ces flux servaient à financer le site, rémunérer les complices et brouiller les pistes pour échapper à toute traçabilité bancaire classique.

Une traque lancée depuis 2018

C’est en 2018 que les premières alertes sont apparues, avec la publication virale de vidéos intimes de femmes sénégalaises sur les réseaux sociaux. Très vite, le nom de « Kocc Barma » est apparu comme celui du supposé administrateur de ces plateformes clandestines.

Malgré de nombreuses dénonciations publiques, l’absence de preuves formelles et la complexité du traçage numérique, avaient jusqu’ici empêché les autorités de procéder à une arrestation. L’opération du 18 juillet 2025 met ainsi fin à près de sept ans de cyber-impunité.

Des complices et revendeurs dans le viseur

Selon la DSC, l’arrestation d’El Hadji Babacar Dioum n’est que la première étape. Une vaste opération de démantèlement est désormais en cours pour retrouver l’ensemble des membres du réseau, notamment les « livreurs », ces intermédiaires qui fournissaient des vidéos ou qui revendaient des accès ou des copies physiques.

Les enquêteurs travaillent également à identifier les victimes pour les accompagner dans les démarches judiciaires et psychologiques.

Vers un procès retentissant

Les charges retenues contre le suspect sont extrêmement lourdes :
• Diffusion de contenus à caractère sexuel sans consentement,
• Atteinte à la vie privée,
• Chantage,
• Blanchiment d’argent,
• Association de malfaiteurs en bande organisée.

Le parquet pourrait requérir la requalification en criminalité transnationale organisée, compte tenu des implications financières à l’étranger et du trafic d’images à l’échelle sous-régionale.

Leral salue l’action de la DSC

À travers cette arrestation, la Division spéciale de la cybercriminalité envoie un message fort : aucun cybercriminel, aussi anonyme ou invisible soit-il, n’échappera éternellement à la justice. Ce coup de filet est salué par de nombreuses associations de victimes, qui réclamaient depuis des années que l’État prenne ce phénomène au sérieux.

Appel à témoignages

Les autorités invitent toute personne ayant été victime d’une diffusion illégale de vidéos ou de tentative de chantage, à contacter la DSC ou le procureur de la République, pour permettre une meilleure prise en charge.

Une enquête en cours. Un procès très attendu. Un soulagement pour de nombreuses familles.

Leral.net suivra ce dossier de très près.

Ousseynou Wade