leral.net | S'informer en temps réel

EXCLUSIVITÉ LERAL.NET/ Macky Sall : “L’Afrique n’est plus un terrain d’aide, mais un acteur stratégique du monde”

D'un ton à la fois calme et déterminé, Macky Sall déroule dans "L’Afrique au Cœur", une conviction forgée par douze ans de pouvoir et deux présidences continentales : l’Afrique doit désormais écrire elle-même son rôle dans l’histoire mondiale.


Rédigé par leral.net le Mardi 30 Septembre 2025 à 18:10 | | 0 commentaire(s)|

Extrait exclusif du livre “L’Afrique au Cœur” (Odile Jacob, 2025)

De son expérience à la tête du Sénégal, de la CEDEAO et de l’Union africaine, il tire une leçon simple : “Celui qui n’écrit pas son histoire, la subit.”

L’Afrique, centre de gravité du XXIe siècle

Dans l’avant-propos de son livre, Macky Sall brosse le portrait d’un continent appelé à peser lourd dans les équilibres planétaires :

“En 2050, un être humain sur quatre sera africain. Nos terres, nos minéraux critiques, notre biodiversité et notre jeunesse, sont des richesses que nul ne peut plus ignorer.”

Pour lui, le débat n’est plus idéologique mais structurel :

Économique, car l’Afrique regorge des ressources qui conditionnent la transition énergétique mondiale (cobalt, lithium, gaz).

Démographique, car elle est la seule région dont la population active croît encore.

Géopolitique, enfin, car “aucune décision globale ne peut être juste sans la participation du continent.”

Il défend une Afrique “au cœur du monde”, non comme un slogan, mais comme une réalité incontournable du XXIe siècle.

Diplomatie d’équilibre et multilatéralisme réinventé

Macky Sall rejette la logique des blocs. Il plaide pour un multilatéralisme rénové, dans lequel l’Afrique siégerait “non par charité, mais par droit”.

“Le monde est devenu multipolaire, dit-il. Chercher à exister contre les autres est une erreur. Il faut avancer avec eux, dans le dialogue, sur un pied d’égalité.”

Son approche est celle d’un réaliste panafricaniste : reconnaître les interdépendances sans renoncer à la souveraineté.

Ainsi, il a défendu avec succès l’entrée de l’Union Africaine au G20, symbole de cette nouvelle visibilité.

Il y voit “une victoire collective et un tournant symbolique : l’Afrique n’assiste plus aux décisions, elle y participe.”

L’Afrique productive de la matière première à la valeur ajoutée

Macky Sall dénonce le paradoxe d’un continent riche mais appauvri :

“Ce n’est pas la pauvreté qui nous frappe, c’est la dépossession.”

Son plaidoyer : transformer sur place nos ressources, au lieu de les exporter brutes.
Il cite l’exemple du Sénégal, qui a su créer des raffineries, des cimenteries et une filière gazière intégrée.
Mais le message dépasse son pays :

“Tant que nous laisserons d’autres produire nos richesses, nous ne ferons que leur développement, pas le nôtre.”

Cette phrase résume le cœur du livre : une vision d’une Afrique fière, industrieuse et consciente de sa puissance.

Réformer les institutions mondiales

L’ancien chef d’État va plus loin : il critique la gouvernance mondiale actuelle, “bâtie sur les rapports de force de 1945”.

Il exige que le FMI, la Banque mondiale et le Conseil de sécurité de l’ONU reflètent la réalité du monde d’aujourd’hui.

“Comment accepter qu’un continent entier, peuplé d’un milliard et demi d’âmes, n’ait pas voix au chapitre ?”

Pour Macky Sall, l’Afrique doit peser dans les négociations climatiques, financières et numériques, car elle est désormais “partie prenante du destin global.”

Une foi dans la jeunesse africaine

Le livre s’adresse d’abord aux jeunes :

“C’est à vous que revient le devoir de continuer l’histoire. Vous êtes les bâtisseurs de la deuxième indépendance : celle du savoir et de la technologie.”

Pour lui, l’Afrique ne doit plus être un continent d’émigrés mais un continent d’entrepreneurs, d’innovateurs et de créateurs.

C’est le sens de ses réformes éducatives et de la création d’universités technologiques.

Le message final : “Assumons notre grandeur”

Macky Sall conclut son essai sur une profession de foi :

“Autant qu’un discours sur l’Afrique, ce livre est un acte de foi en son avenir. L’heure de l’Afrique est arrivée.”

Son ton est celui d’un témoin, pas d’un tribun. Il ne cherche pas à convaincre, mais à transmettre.

L’ouvrage, dense et lucide, porte la marque d’un homme qui a vu le monde depuis les sommets et qui veut désormais redonner confiance à la base.

Ousseynou Wade