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EXCLUSIVITÉ Leral.net – Drogue : Très peu de signalements… parce que tout se fait en cash


Rédigé par leral.net le Jeudi 18 Septembre 2025 à 11:32 | | 0 commentaire(s)|

Surprenant paradoxe : très peu de blanchiment lié au trafic de drogue apparaît dans les statistiques officielles de 2024. La CENTIF n’a reçu que 4 déclarations d’opérations suspectes en lien avec des infractions de trafic illicite de stupéfiants, un chiffre étonnamment bas pour un type de criminalité pourtant lucratif.

Ce faible nombre de signalements ne signifie pas que l’argent de la drogue ne circule pas au Sénégal. Il suggère plutôt que ces fonds échappent en grande partie, aux canaux financiers formels surveillés par la CENTIF. En effet, les trafiquants de drogue privilégient souvent les transactions en espèces ou font appel à des systèmes informels (tels que la “halawa” ou d’autres circuits parallèles) pour déplacer leur argent, rendant sa détection difficile. De plus, lorsqu’ils réinvestissent leurs profits, ils peuvent le faire dans des secteurs ou des pays où le contrôle est moindre ou via des complices qui en masquent l’origine.

Il est également possible qu’une partie de l’argent issu de la drogue soit masquée derrière d’autres motifs, lors des déclarations de soupçon. Par exemple, un trafiquant pourrait investir son argent dans l’immobilier ou le commerce de véhicules et les signalements apparaitront sous l’étiquette “fraude fiscale” ou “trafic de biens volés” plutôt que directement “trafic de stupéfiants”. Cela dilue la visibilité du phénomène dans les statistiques.

Malgré ces difficultés de détection, la CENTIF insiste que le trafic de stupéfiants reste une menace majeure. Il s’agit souvent d’un crime organisateur : les narco-trafiquants réinjectent l’argent de la drogue pour financer d’autres activités illégales ou pour corrompre des acteurs officiels, ce qui a un effet déstabilisateur sur l’économie et la société.

Consciente de cela, la CENTIF a renforcé en 2024 sa collaboration avec les services spécialisés (Office Central pour la Répression du Trafic Illicite des Stupéfiants – OCRTIS, Douanes), pour tenter d’améliorer la traçabilité financière de ce fléau. Le rapport mentionne la nécessité de prêter attention à des indicateurs indirects : mouvements fréquents d’espèces vers certaines zones connues pour la production/transit de drogue, profils de clients réalisant d’importants transferts sans source de revenu apparente, etc.

Le public a aussi son rôle : la CENTIF encourage la dénonciation de toute activité financière suspecte pouvant être liée à la drogue, comme par exemple des biens de luxe payés en liquide par des personnes sans activité connue. En somme, le nombre officiel de cas est faible, mais la lutte contre le blanchiment de l’argent de la drogue continue, souvent de manière souterraine, pour empêcher que les “narco-finances” ne gangrènent l’économie sénégalaise.