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El Hadj Mansour Mbaye: "Mes rapports avec Al Maktoum"

Rédigé par leral.net le Mardi 14 Janvier 2014 à 14:15 | | 0 commentaire(s)|

Son nom est intimement lié à l’histoire de la famille Sy de Tivaouane. El hadji Mansour Mbaye est connu pour ses prises de parole éloquentes et élogieuses à l’occasion des gamou de Tivaouane ou des grands rassemblements de la tidjaniya. Dans l’air de la nuit du Prophète célébrée ce jour, il s’est entretenu avec EnQuête. Il revient sur ses rapports avec la famille Sy, le khalife actuel et son meilleur gamou vécu.


El Hadj Mansour Mbaye: "Mes rapports avec Al Maktoum"
Quels sont vos liens avec la famille de El Hadji Malick Sy?

Mon père était le rapporteur de feu Seydi El hadji Malick Sy. En ces temps là, il n'y avait ni radio, ni télévision. Mon père accompagnait le saint homme partout. C’est pour cela qu’on l’avait rebaptisé Amadou Mbaye Maodo. Il est seul à porter ce nom, à travers le Sénégal et à travers l’Afrique. Il était très proche de Cheikh Seydi El hadji Malick. Il l’envoyait même auprès des chefs religieux du pays. Quand El hadji Malick Sy est décédé en 1922, il est resté fidèle à Seydi Boubacar. Ce dernier partageait tous ses repas avec feu mon père. Ils prenaient ensemble le petit déjeuner, le déjeuner et le dîner. Il était le seul à avoir ce privilège dans tout le Sénégal. Ils voyageaient ensemble, côte à côte, dans le train. Quand mon père décédait, j’étais à la mairie de Dakar. On m’a ensuite intégré dans la fonction publique. Le directeur de cabinet de l’époque du Président Senghor, Alioune Sène, m’a dit : “Toi, tu n’es pas fait pour la fonction publique, mais plutôt pour la radio.” C’est comme cela que je suis arrivé à la radio. El hadji Abdou Aziz demandait souvent aux gens de venir me voir, en ce qui concerne l’histoire d’El hadji Malick Sy. Car, c’est mon père qui l’accompagnait, alors qu’il n’y avait ni radio, ni télé. Aujourd’hui, le porte-parole Seydi Abdou Aziz Al Amine me demande de prendre d’abord la parole, lors de chaque manifestation organisée par la famille. Il en est de même pour Serigne Mbaye Sy Mansour et les autres membres de la famille. Dans notre famille, filles comme garçons, nous portons les noms des fils, filles ou épouses d’El hadji Malick Sy. Tous les membres de cette famille sont mes amis. On doit recevoir le Président Macky Sall dans quelques minutes. Je m’apprête à aller chez Seydi Abdou Aziz Al Amine. Il a reçu des instructions d’Al Maktoum pour recevoir le Président de l’espoir du Sénégal (ndlr l’entretien a été réalisé samedi).

Quel est le Gamou qui vous a le plus marqué dans votre vie ?

C’est le premier gamou qu’El hadji Abdou Aziz Sy Dabakh a présidé. C’était en 1957. Cet événement m’a beaucoup marqué.

Comment ?

Seydi Boubacar est décédé la même année. Il avait formé, en 1927, Dahiratoul Kira. Et vous savez, Seydi Boubacar et El hadji Mansour qui devait être son prédécesseur, ont été rappelés à Dieu presque au même moment. L’un est décédé un lundi, l’autre le vendredi qui a suivi. C’est ainsi qu’El hadji Abdou a accédé au Khalifat. Cela avait marqué tout le monde. Tous les moukhadams pleuraient et ont beaucoup prié pour le nouveau khalife. Et hadji Abdou Aziz a occupé pleinement et entièrement cette place. Il a rempli son rôle de khalife. Il est le seul des khalifes Sy à avoir passé autant de temps au khalifat. L’autre gamou qui m’a le plus marqué, c’est mon premier reportage lors d’un gamou. J’étais à côté de la mosquée et je parlais à la radio, jouant le rôle de mon père, mais avec des dimensions autres. En ces temps là, il n’y avait pas beaucoup de chaînes de radio. Moi, j’avais la chance de parler à la radio et tout le Sénégal et l’Afrique m’écoutaient.

Des tous les Khalifes de Tivaouane, lequel vous a le plus marqué ?

Ils m’ont tous marqué vraiment. Du temps de Seydi Boubacar, j’étais encore enfant. Mais j’allais souvent chez lui et je le faisais rire. C’est El hadji Mansour qui m’a éduqué et m’a vu grandir. C’est lui qui l’avait mis en rapport avec le Président Lamine Guèye. Il était à l’époque juste maire de Dakar et député à l’Assemblée nationale. El hadji Mansour m’a donc beaucoup marqué. Seydi Boubacar aimait mon père. El hadji Abdou Aziz Sy, lui était aussi très particulier. Même quand j’étais absent lors des rencontres, il disait toujours : “c’est parce que Mansour Mbaye n’est pas là aujourd’hui que telle personne va parler”. Il en est de même pour Serigne Mansour.

Aujourd’hui quels rapports entretenez-vous avec Al Maktoum, le Khalife général ?

Al Maktoum (il appuie sur les mots), il est mon ami. Mon fils qui a 30 ans porte son nom. C’est Al Maktoum qui est venu à Rufisque baptiser mon premier enfant Ahmadou Babacar. Lorsque j’étais attaché de cabinet au ministère de la Jeunesse et des Sports, Ckeikh Seydi Ahmeth Tidiane Al Maktoum m’a dit : “Mansour Mbaye, ne porte plus tes grands boubous et tes kaftans”. Il m’a acheté de nouveaux habits avec lesquels je suis parti aux jeux de l’amitié à Abidjan. Il m’avait offert, à l’époque, une très belle voiture aussi. Mon ministre de tutelle me disait tout le temps : cache ta voiture, parce qu’elle est plus belle que la mienne. Je lui ai dit un jour : “heureusement que je n’ai pas de problème cardiaque”. Il m’a demandé pourquoi de tels propos. Je lui ai répondu que si c'était le cas, je serais déjà mort, car il m’a donné des cadeaux inimaginables, en toute discrétion.

EnQuete