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En visite en Chine, Emmanuel Macron plaide pour un «rééquilibrage» des relations commerciales

Rédigé par leral.net le Mercredi 3 Décembre 2025 à 10:56 | | 0 commentaire(s)|

Le président français, accompagné de plusieurs ministres et d’une délégation de près de 40 chefs d’entreprises, est arrivé ce mercredi 3 décembre à Pékin pour une visite d’un peu moins de trois jours. L’Élysée espère profiter de ce moment pour convaincre Xi Jinping de la nécessité de rééquilibrer les relations commerciales entre la Chine et l’Europe et attirer les investissements chinois en France.


En visite en Chine, Emmanuel Macron plaide pour un «rééquilibrage» des relations commerciales
« Nous ne pouvons pas simplement être des consommateurs de produits chinois », résumait l’Élysée en amont de cette visite, la quatrième du président français en Chine. Le constat est sans appel : la France accuse un déficit commercial de 47 milliards d’euros avec Pékin, le double de ce qu’il était il y a dix ans. Même l’Allemagne exportera cette année davantage de produits chinois qu’elle n’exportera en Chine. Une première historique qui appelle à la modestie.

Si la France estime que, pour le bien de l’économie mondiale, les Chinois devraient « moins produire, moins exporter et consommer plus », les Américains « consommer moins et produire plus » et les Européens « moins épargner et produire davantage », il n’est pas question « d’exiger » quoi que ce soit de Pékin, mais de proposer à Pékin des « engagements réciproques ». Et de plaider pour que l’Europe ne soit plus la « variable d’ajustement » de Pékin en fonction de ses rivalités avec Washington.

On peut s’étonner dans ces conditions qu'Emmanuel Macron n’ait pas proposé cette fois à la présidente de la Commission européenne de l’accompagner comme il l’avait en 2023. L’Élysée met en avant le fait que la France présidera l’an prochain le G7, la Chine le sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (Apec) et l’Inde celui des Brics. Trois plateformes sur lesquelles Paris espère s’appuyer pour éviter une « fragmentation de l’économie mondiale » et la fermeture des marchés, « y compris le marché européen ». Le programme reflète cette priorité. Après une visite privée des jardins de Qianlong récemment rénovés au cœur du Palais d’été pour le président français et son épouse peu après leur atterrissage mercredi en fin de journée, la visite commencera réellement jeudi matin.

Attirer les investissements chinois en France et en Europe

Emmanuel Macron sera reçu, jeudi 4 décembre, au Palais du peuple par son homologue chinois Xi Jinping. Un entretien bilatéral d’une trentaine de minutes est prévu entre les deux dirigeants, rejoints ensuite par plusieurs ministres. Puis les deux hommes participeront à une réunion formelle du conseil d’entreprises franco-chinois. Près de quarante chefs d’entreprises font partie de la délégation française. Parmi eux, on peut citer les patrons de Veolia, Danone, EDF, Orano, Airbus, Rodolphe Saadé, le PDG de CMA CGM, Arthur Mensch, directeur général de Mistral AI ou encore des représentants des filières agricoles.

Si les tensions autour du cognac sont « globalement résolues » se félicite l’Élysée, la France veut éviter le risque de fermeture du marché chinois pour les produits laitiers ou la viande porcine, après l’ouverture de plusieurs enquêtes par les autorités chinoises. La perte de ce marché « stratégique » constituerait « un risque majeur pour tout le secteur », estimait dans un communiqué France terre de lait, le lobby des producteurs de produits laitiers.

Il est loin le temps où les entreprises européennes partaient « à la conquête du marché chinois ». Désormais, l’enjeu n’est plus seulement de signer des contrats pour les entreprises françaises, mais d’attirer les investissements chinois en France. « La Chine a beaucoup profité d'investissements européens, y compris français, au début du siècle, il est aujourd'hui normal que nos entreprises puissent coopérer avec les entreprises chinoises là où celles-ci ont un temps d'avance », souligne-t-on du côté de l’Élysée, citant la mobilité électrique et les énergies vertes. À condition que cela ne touche pas aux intérêts nationaux et que cela s’accompagne d’un transfert de technologies.

Défense du statu quo sur le dossier Taïwan

La diplomatie ne sera pas pour autant complètement oubliée du séjour. Emmanuel Macron et Xi Jinping devraient ainsi évoquer la situation au Proche-Orient et le dossier ukrainien. La France espère toujours que Pékin use de son influence et de sa proximité avec Moscou pour convaincre la Russie d’accepter un cessez-le-feu et de négocier de bonne foi. Une position défendue par les Occidentaux de longue date, sans grand résultat pour le moment. « La diplomatie consiste à engager les partenaires. Ce n’est pas parce que c’est difficile qu’il faut s’arrêter », balaye-t-on à l’Élysée.

Enfin, sur Taïwan, en plein regain de tensions après les déclarations de la nouvelle Première ministre japonaise, Emmanuel Macron ne devrait prendre aucun risque. Lors de sa dernière visite en 2023, il avait suscité un certain émoi, notamment outre-Atlantique en expliquant que sur ce sujet, la France ne devait pas être « suiviste » des États-Unis. Cette fois, il devrait s’en tenir à la stricte doctrine de la diplomatie française en la matière, à savoir un appel à la retenue et une défense du statu quo.

RFI