Mon mari et moi vivons à l’intérieur du pays. Mais notre union a dû traverser pas mal de difficultés. Surtout moi, pour des raisons familiales. J’étais seulement en classe de 5ème lorsque que j’ai rencontré Kouadio. Je suis tombée amoureuse de lui et ne voulais plus le quitter. Quand mes parents l’ont su, ça a créé un scandale et je me suis attirée les foudres de mon père. Il est même allé se plaindre chez le chef du village, parce qu’il trouvait inconcevable une telle union entre une mineure (j’avais 16 ans) et cet homme. Mais nous étions fous amoureux. Kouadio a décidé que nous fuyions le village pour venir à Abidjan, où vivait son père. Ce dernier s’était remarié ici et avait construit une grande cour où il vivait, avec une partie de ses enfants. Sans avertir mes parents, j’ai suivi Kouadio.
Arrivés ici, on n’a pas dit à son papa qu’on était en quelque sorte des « réfugiés » et qu’on avait fui le village. Entre-temps, mes parents ne savaient pas où j’étais. On a passé plus de 2 ans chez les parents de Kouadio. A ce moment, mon chéri n’avait pas d’emploi. Déscolarisé depuis, il vivait de petits travaux en tant que manœuvre. Ses revenus ne pouvaient pas lui permettre de louer un appartement. Son père m’a donné de l’argent pour faire un petit commerce au marché. Au début, c’est moi qui prenais un peu de cet argent pour dépanner de temps en temps mon homme.
Deux ans après, on a pu réaliser quelque chose. Kouadio a pu ouvrir une quincaillerie, toujours avec l’aide de son père. Ça marchait pour lui et c’est comme ça qu’on a quitté la cour pour louer une maison. On a fait notre mariage traditionnel, sans en informer mes parents. On avait fait croire à ma belle-famille qu’on avait eu l’accord de mes parents avant de quitter le village. On a encore menti en disant qu’ils s’excusaient de ne pas pouvoir venir au mariage à cause de la distance, car ils sont vieux et fatigués. Inconscients, on était en train de construire ainsi notre vie sur du mensonge. Pendant ce temps, nos activités marchaient bien.
Vu que nous vivions seuls, j’ai demandé à mon mari de faire venir ses 3 frères chez nous, afin de soulager un peu son père. Ils étaient tous désœuvrés et attendaient tout de leur père. A leur arrivée, je m’occupais bien d’eux, de sorte qu’ils ne manquaient de rien. Même quand j’ai constaté plus tard que le plus jeune d’entre eux se permettait souvent de prendre de l’argent dans mon porte-monnaie sans mon avis. Les affaires marchaient tellement bien pour nous que tout cela ne me disait rien. Mon mari gérait aussi une micro entreprise de location de voitures, en plus de sa quincaillerie. Il voyageait souvent. C’est 4 ans plus tard, bien après la naissance de mon deuxième enfant que je me suis retrouvée victime d’une grave machination.
Sans que je sache vraiment pour quelles raisons, le plus jeune frère de mon mari est allé raconter à ses parents que j’avais un amant. Il a expliqué que je sortais avec cet homme pendant les absences de Kouadio. J’ai été convoquée dans la cour familiale, ainsi que mon mari, pour une réunion de famille. Pendant la séance, j’ai été publiquement sermonnée. Malgré mes protestations, j’ai été interdite de prendre la parole pour dire quoi que ce soit. Ça a été une terrible humiliation pour moi. J’ai eu du mal à croire ce qui m’arrivait. Le comble, ma belle-mère a enfoncé le clou en disant qu’elle avait des soupçons sur mon infidélité depuis longtemps. J’ai pleuré ce jour-là, en pensant à mes parents. Je n’étais pas allée les voir depuis lors. Mais j’avais réussi à renouer le dialogue avec eux. Seulement, nos relations n’étaient pas encore au beau fixe. Ils m’en voulaient de leur avoir désobéi.
Après ce que je venais de vivre avec ma belle-famille, j’ai commencé à regretter, pour la première fois, ma conduite insensée. J’avais envie de retourner auprès d’eux, mais je ne savais pas comment. M’accepteraient-ils ? Me pardonneraient-ils ? Le lendemain de cette épreuve d’humiliation, mon mari m’a expliqué, à mon grand étonnement qu’il ne croyait pas un mot de tout ce que sa famille avait dit sur moi. En clair, d’après lui, il savait que je n’avais pas fait ça. Cela m’a redonné un peu d’espoir et de confiance. Mais la suite va encore me surprendre.
Lorsque je suis allée rendre visite à mes parents au village pour leur présenter mes excuses, les frères de Kouadio m’ont trouvé là-bas quelques jours après et m’ont dit de ne plus chercher à revoir leur frère. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Lorsque j’ai essayé, plus tard, de joindre Kouadio pour lui demander ce qui se passait, il m’a fait entendre que c’était fini entre nous ! Je tombais des nues. Il me dit de rester avec l’homme que j’avais choisi pour le cocufier. Il ne voulait plus me revoir. Je ne comprenais pas comment on pouvait m’accuser d’une chose que je n’ai jamais faite. D’ailleurs, je ne comprenais pas ce changement brusque de Kouadio qui m’avait confié quelques jours plus tôt qu’il me faisait confiance. Je ne le saurai jamais, car à mon retour à Abidjan, il m’a carrément chassée.
Je suis retournée au village, pensant qu’avec le temps il finirait par s’apercevoir de son erreur. Mais Kouadio a aussitôt changé de numéro de téléphone et depuis, il demeure injoignable. Je ne sais pas ce que j’avais fait de mal à cette famille qui s’était tout d’un coup braquée contre moi. Quelques semaines après, une de mes sœurs, de passage à Abidjan m’a appris qu’une femme vivait chez Kouadio. Cette femme était enceinte de lui. Toutefois, mes enfants qu’il m’avait interdit de voir étaient encore là-bas, à son domicile. Restée seule depuis quelques mois, j’avais du mal à comprendre ce qui m’arrivait.
Pourquoi après tant de péripéties mon homme a-t-il agi ainsi ? Chaque jour qui passait me rendait davantage triste et je ne savais plus quoi faire. Est-ce que je méritais d’être payée ainsi, après avoir tout abandonné pour cet homme ? Je me suis posée tant de questions. Mais plus je réfléchissais, plus j’étais sûre que c’est cette femme qui avait détourné mon homme. J’ai appris aux dernières nouvelles que leur situation financière devenait de plus en plus difficile. Je suis allée récupérer mes enfants de force. Un moment, je tenais à reconquérir mon foyer et à rétablir les choses. Mais avec les conseils des personnes avisées, je me suis ressaisie en laissant Dieu rétablir la justice.
Source : topvisage.net via afriquefemme.com