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Et si Tanor était le gardien du temple

Le séisme provoqué par Malick Noël Seck passe pour suicidaire. Non seulement il a peu de chance d’ébranler le roc, mais le secrétaire général du Ps dont il veut la destitution est paradoxalement une sorte de ciment pour Colobane.


Rédigé par leral.net le Mercredi 27 Juin 2012 à 20:51 | | 1 commentaire(s)|

Et si Tanor était le gardien du temple
On l’a souvent rabâché. Le Parti socialiste (Ps) est le mieux organisé du pays. Ceux qui se glorifient d’une telle réalité pensent au fonctionnement interne rigide. Rien ne se fait à Colobane (siège du Ps) en dehors des textes du parti. Ou alors tout trouve justification dans la bible des textes ou la bienséance propre aux diplomates. Malick Noël Seck tête de file du séisme qui a secoué le Ps a pourtant grandi dans cette ambiance. Son père, Mamadou Seck, auteur de deux romans, est un diplomate chevronné. Son dernier poste est celui de représentant de l’Unesco à Vienne. Premier directeur général des Nea, Mamadou Seck a occupé le poste de directeur des publications à l’Unesco. Il connaît donc bien les textes. Le fiston refuse apparemment de s’y plier.

Barthélémy Dias député ? L’intéressé lui-même répond que c’est le patron des jeunesses socialistes qui est investi. Parce qu’au Ps, les investitures sont une sorte de copier-coller de la structuration des organes. Quand le débat sur la candidature du secrétaire général à la Présidentielle dernière s’est posée, des « fous » de Tanor ont voulu enjamber la loi des primaires. Des pratiques d’une autre époque auxquelles des caciques comme Me Aïssata Tall Sall se sont vigoureusement opposés. « Pas de candidat naturel », leur a objecté la porte-parole du Ps. Le soupçon, ce poison mortel qui a détruit de l’intérieur le Ps s’était même réveillé. Me Tall est alors vite perçue comme une rivale de Tanor. Les bruits de couloirs l’ont présentée comme une candidate virtuelle au fauteuil de secrétaire général. Ababacar Khalifa Sall en a aussi souffert pour une de ses phrases. « Les primaires, c’est un droit. C’est prévu par nos textes. Il n’y a pas de candidat naturel au Ps, sinon on n’aurait jamais prévu de primaires », lance-t-il sur les ondes de RFI, un certain 23 décembre 2009. Et de désamorcer la bombe, en ces termes : « Je vous le jure qu’au Ps, il n’y aura pas un problème de candidature ! ». Finalement, c’est Tanor lui-même qui monte au créneau pour marteler qu’il n’y avait rien d’indocile dans la démarche. Même si entretemps, le maire socialiste de Diourbel Jacques Baudin s’y est jeté pour dire que le patron du Ps est « le candidat logique ». Au fond, les choses ont fonctionné comme une sorte de quota. Aussi, les structures affiliées (jeunes, femmes, syndicat, …) ont toujours été servies au gouvernement ou au Parlement. Ce temps où le Ps, solidement ancré aux textes est-il révolu ? Une chose semble sûre : OTD passe pour un timonier. Le pousser à la sortie par la manière dont le secrétaire général de Convergence socialiste Malick Noël Seck veut s’y prendre expose le Ps aux turbulences qui ont affecté tous les partis du pays : l’émiettement. En voici quelques explications.

Ascendance. Conseiller diplomatique de Senghor de 1978 à 1981, Tanor est resté à son fauteuil avec l’arrivée de Diouf aux affaires. Pendant 19 ans, l’actuel patron du Ps a été comme il reconnaît constamment consulté par le président Diouf. Une confiance totale qui lui donne les allures de chef d’Etat eu égard aux dossiers dont il a accès et aux bruissements du pays qu’il connaît jusqu’au bout des ongles. Que de bombes Tanor est-il, en effet, détenteur. Mais jusque-là, l’ancien ministre d’Etat, ministre des Services et Affaires présidentiels (1993 à 2000) refuse de suivre ceux qui veulent clouer au sol le débat politique. Il en a administré la preuve récemment quand Wade terrorisé par les audits a exhumé l’affaire des licences de pêche. « Wade a eu sa part des licences de pêche socialistes », a titré le quotidien Libération. Selon ce journal, le pape du Sopi aurait reçu des socialistes 600 millions prélevés des recettes de ces licences de pêche pour lui permettre d’honorer une dette contractée aux élections de 1993. Le scoop de « Libé » a détourné tous les regards vers Ousmane Tanor Dieng dans l’espoir de le voir, pour une fois, couper les ficelles qui emprisonnent ces dossiers ultra-sensibles. En vain. C’est cette même ascendance que le secrétaire général a sur le Ps et ses dirigeants. Face à lui, peu de caciques s’aventurent à jouer au Zorro. En somme, il les tient en respect comme on dit trivialement. En dehors du courant des « papys » inoculé en décembre 2006 au mammouth par l’ancien maire de Dakar Mamadou Diop, son homologue de Ziguinchor Robert Sagna, entre autres, il n’y a jamais eu de séisme du genre provoqué par le jeune secrétaire général de Convergence socialiste, Malick Noël Seck. Une pudeur ambiante cimente les rapports entre Tanor et les dignitaires du Ps. Et c’est cette même pudeur qui fait du supposé pactole laissé par Diouf à son successeur un débat interdit. En fait, cette ligne vertueuse est un code de conduite que le patron des socialistes s’est imposée.

« Je ne sais pas faire des deals », aime à répéter Tanor. Des propos qu’il n’a cessé de balancer à l’endroit de Wade. Lui qui, sans doute, l’invitait à des compromis entre quatre murs, loin des regards des militants. Juste après l’échec de la candidature unique au sein de Bennoo siggil Senegaal (Bss), Tanor s’est laissé aller (pour la première fois ?) dans des attaques qu’on ne lui connaissait pas jusque-là. Voici quelques morceaux de ses diatribes. « Toute la procédure utilisée pour aboutir à ce choix (celui de Niasse) montre qu’ils ont voulu humilier le Ps. Mais ils n’y arriveront jamais », a-t-il lancé, en meeting. Comme s’il venait de voir le ciel lui tomber dessus, le secrétaire général du Ps met en cause l’argent. « Je ne peux pas parler de véhicules, parce que je ne dispose pas d’information en ce sens (ses partisans dans la salle crient fort qu’il y en a eu bel et bien), mais je sais qu’il y a eu de l’argent. » Pour lui, le soutien de certains chefs de parti à Niasse a été acheté. C’est cette même ligne morale qui structure sa thématique de campagne à la Présidentielle de 2012. D’ailleurs sur ses affiches on pouvait lire : « Njub », (droiture), « Gore », (loyauté), etc. Dans son propre parti, on peut bien le suspecter d’être proche de tel ou tel responsable. Mais son impartialité dans le traitement des militants a été rarement prise à défaut. Du moins depuis qu’il est porté à la tête du Ps. Ce ciment que Nöel Seck tente d’altérer le ciment-Tanor peut bien conduire à l’émiettement des socialistes. A l’image de nombre de partis qui ont accusé le coup des rivalités internes. Au Ps, ils sont légion ceux qui sont capables de créer un parti et de lui donner du sens.

En 12 ans d’opposition, le Ps a vu émerger de ses flancs des leaders d’envergure. C’est le cas du maire de Dakar, Ababacar Khalifa Sall. Sitôt porté à la tête du conseil municipal, l’ex-patron des Jeunesses socialistes a posé des actes qui ont suscité moult commentaires sur ses ambitions. Il lance la prise en charge médicale des élèves de l’élémentaire, entreprend le désengorgement de Dakar, engage le programme des volontaires municipaux, débloque un vieux problème de salaires à l’hôpital Abass Ndao où il injecte 598 millions de FCfa, etc. Sa position de maire de Dakar fait de lui une personnalité de premier plan, interlocuteur du président de la République. Parlementaire pendant 10 ans, Sall a été ministre chargé des Relations avec les Assemblées de 1993 à 2000. Socialiste depuis1969, ancien secrétaire général du mouvement national des jeunesses socialistes, le maire de Dakar est aujourd’hui, secrétaire national chargé de la Vie politique au Ps. Ajoutez-y sa déclaration de patrimoine et vous avez un intéressant client pour 2017. Sa camarade de parti, Me Aïssata Tall Sall, maire de Podor, porte-parole du Ps et ancienne ministre de la Communication sous Diouf n’est pas loin d’un tel tableau. Son envergure politique est respectable. D’autres personnalités comme Barthélémy Dias, Aminata Mbengue Ndiaye, Serigne Mbaye Thiam entre autres sont bien capables de créer un parti et de se faire une place honorable dans l’échiquier politique. Le jeune patron de Convergence socialiste est-il conscient de la probable décomposition du Ps ? Sans doute non. Tout comme il semble inconscient du sang neuf que Tanor a transmis au Ps durant ces 12 ans.

La structure (Convergence socialiste) dont il se prévaut pour demander le départ du secrétaire général du Ps est à mettre à l’actif secrétaire général du Ps. Il en est ainsi du réseau des universitaires socialistes, de l’adhésion d’hommes neufs comme Idrissa Diallo, maire de Dalifort. Dans les régions, des responsables comme Boubacar Mané ne cachent pas « leur attachement indéfectible » au secrétaire général. « Actionnaire » bien en vue du Ps, Malick Noël Seck est en train de ruiner son investissement politique. L’argumentaire qu’il met en exergue contre Tanor n’est pas sans fondement. L’effritement de l’électorat du Ps, ces textos pour se justifier suite à l’envoi de membres de la coalition Benno Ak Tanor au gouvernement. Pour autant, Noël Seck ne devrait pas ignorer que le Ps ira en congrès en décembre prochain. Une belle tribune pour profaner cette religion des textes à Colobane.

Des extraits de la brûlante missive de Noël

« Le Parti Socialiste a connu aux élections présidentielles de 2012 la plus grande défaite de son histoire. Nous avons perdu en dix ans, plus de 75% de notre électorat ! Désaveu populaire sans précédent dû principalement à l’absence totale d’organisation, d’orientation idéologique, de communion avec ceux qui souffrent, ceux qui ne pensent plus que le secours viendra de la classe politique…

Les coordinations dans lesquelles nous nous rendions, à la sortie de la ville, n’avaient vu aucun représentant socialiste depuis dix ans. Pendant la présidentielle, notre cher Secrétaire Général passait le plus clair de son temps à Dakar, lorsqu’il n’était pas à Paris. À Saint-Louis, où il était attendu à 15h pour un important meeting, il arriva à minuit, alors que les militants épuisés étaient rentrés chez eux ; pire, trente minutes plus tard il repartait pour la Capitale… Lorsqu’à l’insu de notre direction et en violation de toutes les procédures en vigueur, il envoya des ministres siéger dans le nouveau gouvernement et que des membres indignés du bureau politique l’interpelèrent pour lui demander des comptes, il prétendit que ne pouvant pas les joindre il leur avait envoyé des texto ! C’est vous dire le profond mépris qu’il a pour les membres de son Parti ! De notre parti. De fait les législatives sont pour lui une échappatoire inespéré lui permettant de se rapprocher le plus possible du pouvoir pour « nous obtenir des députés », c’est à dire l’illusion, le mirage non pas même d’une victoire, mais d’une action. La preuve qu’il fait quelque chose. Mais quoi ? Que fait Tanor depuis 12 ans ?

(…) La fonction de Secrétaire Général du Parti Socialiste est une lourde tâche qui incombe à un véritable leader, une femme ou un homme qui a un projet, une vision pour le Sénégal… Ousmane Tanor Dieng n’est pas un père pour les Socialistes… Il est nécessaire, urgent et impératif qu’il soit destitué.




SOURCE:Lagazette.sn
Hamidou SAGNA



1.Posté par ASSE le 28/06/2012 09:55 | Alerter
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La Cohérence du vote du 25 mars voudrait que l'on continue à se débarasser du système Wade au soir du 1er Juillet en élisant une Assemblée de rupture avec Benno Bokk Yakaar qui cristallise l'essentiel des forces du 23 juin, des Assises Nationales qui oeuvrent au service du Peuple. Je donnerai mon vote à Bokk Yakaar pour permettre une majorité de rupture à l'Assemblée.

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