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Exclusivité Leral.net – Fraude fiscale : +78 % de cas signalés, nouveau moteur du blanchiment

La fraude fiscale est dans le collimateur de la CENTIF, car elle sert de plus en plus de support au blanchiment d’argent. En 2024, les infractions fiscales pénales ont connu une explosion : 73 déclarations de soupçon liées à des délits fiscaux, contre 41 en 2023 (soit +78%). Cette hausse spectaculaire reflète une vigilance accrue contre ceux qui trichent avec l’impôt et recyclent ensuite leurs gains illicites.


Rédigé par leral.net le Samedi 20 Septembre 2025 à 11:01 | | 0 commentaire(s)|

La fraude fiscale peut prendre de multiples formes. Le rapport mentionne le cas de sociétés qui n’étaient même pas immatriculées auprès du fisc, mais ont fait transiter des milliards de FCFA sur des comptes bancaires en échappant à tout contrôle.

Par exemple, des entreprises opérant dans les paris en ligne clandestins ont accumulé 32 milliards FCFA de dépôts sans jamais déclarer ces activités au fisc – un manque à gagner énorme pour l’État et un terreau de blanchiment évident. D’autres montages consistent à truquer la comptabilité pour dissimuler des bénéfices ou à créer de fausses factures afin de réduire artificiellement l’assiette taxable.

La CENTIF souligne aussi les liens entre fraude fiscale et autres infractions financières. Un exemple frappant issu du rapport : une société (nommée MAXI) dont le dirigeant, Monsieur Bleu, détournait la trésorerie vers son compte personnel (avec la complicité d’un tiers surnommé Monsieur Rouge).

Ces fonds, non déclarés au fisc et obtenus par abus de biens sociaux, ont ensuite été transférés à la fille du dirigeant, Madame Vert, qui les a placés sur une assurance-vie de 100 millions FCFA. Moins de six mois plus tard, elle a racheté le contrat et récupéré l’argent. Ce stratagème combinait détournement de fonds, fraude fiscale et blanchiment : l’argent soustrait à l’impôt a été injecté dans un produit financier pour ressortir blanchi.

Face à de tels schémas, la CENTIF classe désormais les infractions fiscales parmi les trois catégories de délits les plus fréquentes dans les dossiers de blanchiment (derrière la fraude et la corruption). Le rapport appelle les services fiscaux et la cellule financière à renforcer leur coopération. En croisant les données fiscales et bancaires, il devient plus facile de détecter des incohérences : trains de vie sans rapport avec les revenus déclarés, entreprises qui brassent des montants énormes mais paient peu d’impôts, etc.

La moralisation fiscale est un enjeu de taille : non seulement pour l’équité et les recettes de l’État, mais aussi pour priver les criminels de l’un de leurs outils favoris de blanchiment. En 2024, la hausse des signalements est encourageante et témoigne d’une prise de conscience. Reste à transformer l’essai en multipliant les contrôles et les sanctions contre les fraudeurs.

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