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FARA NJAAY OU L’EXPRESSION D’UNE POÉSIE SILEX

Rédigé par leral.net le Dimanche 7 Décembre 2025 à 18:10 | | 0 commentaire(s)|

EXCLUSIF SENEPLUS - Entre poésie et prose poétique, le jeune auteur sénégalais « qui a de l'oreille et du rythme » compose des « refrains musicaux » et des « images frissonnantes » portés par une « langue métissée »

Notre patrimoine littéraire est un espace dense de créativité et de beauté. La littérature est un art qui trouve sa place dans une époque, un contexte historique, un espace culturel, tout en révélant des vérités cachées de la réalité. La littérature est une alchimie entre esthétique et idées. C’est par la littérature que nous construisons notre récit qui s’inscrit dans la mémoire. Ainsi, la littérature africaine existe par sa singularité, son histoire et sa narration particulière. Les belles feuilles de notre littérature ont pour vocation de nous donner rendez-vous avec les créateurs du verbe et de leurs œuvres qui entrent en fusion avec nos talents et nos intelligences.

Le poète est cet être très vieux et très jeune, très complexe et très simple, qui, aux confins vécus du rêve et du réel, du jour et de la nuit, entre absence et présence, cherche et reçoit dans le déclenchement soudain des cataclysmes intérieurs le mot de passe de la connivence et de la puissance - Aimé Césaire, Discours sur la poésie.

La poésie, ou l’art d'évoquer et de suggérer les sensations, les impressions, les émotions les plus vives par l'union intense des sons, des rythmes, des harmonies, en particulier par les vers, est aussi un acte de création qui tire toute chose du néant et qui fonde un espace qui n’existe pas encore. Et de cette conception imaginaire émerge un nouveau monde porté par un regard qui ne cesse de rallumer les lumières essentielles.

La poésie est sans doute l’expression la plus absolue et la plus complète pour être en littérature. La cadence poétique prolonge la vie, elle éclaire le passé de ses paroles artistiques et sensibles, elle est un souffle qui s’abreuve de tous les mots. Les verbes du poète sont autant d’histoires singulières qui traversent le temps, tous les temps et qui transforment nos perceptions profondes. De cette inspiration ancestrale, de cette architecture universelle, les poètes se racontent en faisant écho à nos propres existences. Les poètes murmurent ou s’enflamment pour exorciser leurs incertitudes et leurs incomplétudes. De cette tour de Babel, se dressent des arcanes poétiques où les hommes, épris de sublimité, se rencontrent et se parlent.

La poésie de Fara Njaay, jeune poète émergeant et propulsé à la parole silex, est de celle qui emporte les vagues incandescentes de nos faiblesses vers les rives de notre humanité. Son verbe eurythmique est celui d’un homme épris de beauté et d'engagement lyrique.

Elle est le ressac puissant d’une esthétique à la langue métissée qui rassemble les fragments de nos destinées. J’ai fait de l’amour ma bible est un puissant poème fleuve dédié à l’amour entre les êtres, à une femme, à une mère, à une fille. C’est une déclaration qui jamais ne s’essouffle car la vitalité du sentiment amoureux est semblable à des pétales qui s’éparpillent et se reproduisent.

Ici la personnification poétique se propage sur nos terres accidentées, elle est à son apogée car seul l’amour sauve de tout et efface les blessures et les obscurités.

le sentiment d’amour est plus vaste que la mer,

plus haut que les cieux,                          

plus puissant que l’Ouragan

Et rien ne nous lasse car la cadence ressemble à un mouvement composite entre poésie et prose poétique tout en maintenant une architecture solide et arrimée à la beauté.

j’écris sur tes cheveux d’or les caresses de ma plume lorsque ma main s’exile sur le jardin flamboyant de ton corps nuptial       

Notre écoute et notre lecture sont en alerte littéraire car l’auteur possède un génie des trouvailles lexicales qui forment un langage poétique singulier et qui surprend.

J’ai allumé une bougie dans l’église du poème

De même, Fara Njaay est un poète qui a de l’oreille et du rythme, des sonorités qui se fredonnent comme des chants forts et voluptueux.                        

viens                                                

on s'aime comme deux oiseaux dans un nid de paille                              

viens                                                

on s'aime comme deux étoiles affranchies au cœur de la voûte bleue            

viens                                                

on s'aime comme au premier jour où l'amour scintillait dans nos yeux

viens

Et les mots se répètent pour former une ronde poétique, comme des refrains musicaux que l’on mémorise et qui nous accompagnent sur notre longue route.

avec toi

j'ai compris que les mamans sont des soleils nocturnes                                      

avec toi                                           

j'ai compris que les mamans sont des ombres blanches                                      

avec toi                                                       

j'ai compris que les mamans sont des poèmes d'amour                                      

avec toi

Et soudain c'est la fulgurance exaltée qui se soulève, avec des images frissonnantes, pour prolonger le discours amoureux. On pense que la parole n’est plus qu’un doux murmure alors que, depuis l’atmosphère, la symphonie reprend.

l’amour tombe sur ma tête comme les vents des steppes, regard fumant du soleil qui illumine les cieux, la fraîcheur de l’œil, un instant évasif sur un vol de colombe que je contemple tel un rêveur qui se perd dans le monde imaginal, je reste fort comme le fils de Sogolon pour soulever le baobab de ton sourire-vert

Ainsi, sans nous lâcher d’un son, sans nous séparer de son verbe, Fara Njaay nous entraîne dans son sillage, celui de l’amour et de la poésie qui n’a de cesse de nous emporter.

ta beauté rend ivres mes poèmes,                              

J’ai fait de l’amour ma bible, un recueil au titre volontairement troublant mais qui se révèle peu à peu comme les contours d’une photographie qui nous submerge, est une composition à l’esthétique incandescente, intense et moderne.

Sa physionomie poétique n’est jamais grandiloquente mais seulement au plus près de ce qui transcende la vérité des mots et la sublimation du genre. Fara Njaay est un poète talentueux et engagé à la fois dans sa prose poétique et dans une belle citoyenneté qui partage et qui rassemble. Il faut écouter sa poésie comme une symphonie de son art qui est multiple et profondément ancré dans une délicatesse poétique et une sincérité à toute épreuve.

J’ai fait de l’amour ma bible, Fara Njaay, éditions Lettres de Renaissances, collection Paroles arc-en-ciel, Paris, novembre 2025.

Amadou Elimane Kane est écrivain, poète.

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Farid


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