Fonds des victimes : Maimouna Dièye justifie les lenteurs et révèle seulement 1,8 milliard débloqué

Sénégal

Atlanticactu/ Maimouna Dieye/ Serigne Ndong

La ministre de la Famille et des Solidarités, Maimouna Dièye, responsable du Fonds d’aide aux victimes et martyrs des événements de 2021-2025, a décrit sa mission comme « la plus difficile » et « très sensible ». Lors de la Journée dédiée aux martyrs et victimes, elle a détaillé l’avancement des travaux, évoquant des retards dus à un manque de communication, à des contraintes financières et même à des « sabotages » au lancement.

Elle est revenue sur l’enveloppe prévue pour les ayants droit et les obstacles rencontrés pour les décaissements. « Quand on m’a officiellement nommée pour hériter de ce fardeau… une enveloppe de 5 milliards de FCfa sera défalquée… mais la somme sera débloquée étape par étape », a-t-elle rappelé. Présentant ses excuses aux critiques, elle a expliqué les lenteurs, notamment parce que c’était un « fait nouveau » et qu’« une situation pareille n’avait jamais été vécue au Sénégal ».

La ministre a précisé que seuls 1,8 milliard de FCFA sur les 5 milliards annoncés ont été reçus, et par tranches : d’abord 1,2 milliard, puis 600 millions. Elle souligne que ces fonds proviennent du budget social de son ministère. Le Trésor, selon elle, ne verse qu’après réception de dossiers conformes. « Ces fonds, moi-même, je ne les vois pas… c’est le comptable qui dirige donc je ne sais rien de cet argent », a-t-elle indiqué.

Concernant les bénéficiaires, elle a rappelé que le recensement a été mené par l’ANSD : 2190 ex-détenus identifiés, dont 2089 ont perçu 500 000 FCFA chacun, à titre de solidarité. Parmi les 74 familles de victimes, 30 ont déjà reçu les 10 millions prévus, tandis que sept autres sont en phase finale de traitement. Au total, 283 malades sont pris en charge, certains évacués à l’étranger.

Elle a également révélé qu’au démarrage « il y avait des sabotages » de personnes opposées aux indemnisations. Un sous-comité a été créé pour y répondre. Par ailleurs, une enquête sur 1600 détenus a permis d’engager des actions de réinsertion : soutien aux malades, intégration dans la fonction publique, bourses, financements d’activités ou orientation vers l’agriculture. « Il y a 28 enseignants radiés… réinsérés dans leur fonction », a-t-elle précisé.

Plusieurs ministères se sont joints à l’effort, notamment ceux en charge de l’agriculture, de la formation, du financement et des infrastructures. Enfin, Maimouna Dièye a appelé les ayants droit au calme et à la confiance, soulignant que malgré les obstacles, « il faut y aller avec discernement ».