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Gabon I Et si la Ve République osait la rupture

Rédigé par leral.net le Lundi 1 Septembre 2025 à 10:26 | | 0 commentaire(s)|

Ni un réquisitoire à charge, encore moins un témoignage malintentionné, cet instantané de la vie politique de notre pays, est plutôt un vœu, que l'on ne souhaite pas pieux, car cette Ve République a tant vendu le rêve, qu'elle se trouve aujourd'hui très attendue au tournant de la rupture, pour ne pas décevoir les attentes et trahir les certitudes.
Oui, les militaires arrivés en sauveur, les mains chargées de présents et la bouche parée de bonnes intentions, ont vendu un rêve, une vision (...)

- LIBRE PROPOS /

Ni un réquisitoire à charge, encore moins un témoignage mal intentionné, cet instantané de la vie politique de notre pays, est plutôt un vœu, que l'on ne souhaite pas pieux car cette Vè République a tant vendu le rêve qu'elle se trouve aujourd'hui très attendue au tournant de la rupture, pour ne pas décevoir les attentes et trahir les certitudes.

Oui les militaires arrivés en sauveur, les mains chargées de présents et la bouche parée de bonnes intentions, ont vendu un rêve, une vision qui a suscité l'adhésion du plus grand nombre et a fait l'exploit de différer les revendications qui ont longtemps mis le front social en ébullition, et régulièrement réprimées dans le sang par le régime déchu.

La IVÈ République a sacralisé un homme, le Distingué Camarade Président (DCP), autrement appelé patron par la noblesse et les amis des jours heureux,

Un parti politique, le Parti Démocratique Gabonais (PDG), présenté comme une véritable machine électorale, le seul à avoir réalisé l'exploit de remporter toutes les élections auxquelles il a pris part depuis sa création, peu importe la faiblesse du bilan de son programme et de l'action de ses militants qui ont confisqué des décennies durant, tous les leviers de commande de l'État,

Un seul projet, l'avenir en confiance et un seul plan, le plan stratégique Gabon Émergent qui a promis l'émergence du pays en 2025.

Brutalement interrompu un 30 août 2023 par la grande muette, la vision du PDG se trouve aujourd'hui moins de défenseurs. Mis sur le banc de la société, son DCP présenté à l'époque comme la trouvaille du siècle, et une chance pour le Gabon a tout de suite été esseulé, personne à ses côtés pour relayer même à titre symbolique le message, de désespoir, lancé à ses soutiens d'hier qui avaient vite fait de se terrer chacun dans son coin de confort, la fortune soigneusement rangée dans des forteresses disséminées, ça et là.

Le régime de l'émergence a vécu, à la hussarde il a été remplacé par l'ordre kaki qui est venu promettre la restauration de la dignité du gabonais.

Sous le régime de l'émergence le pays a expérimenté la République des maquettes, abandonné les plans quinquennaux et triennaux, enterré les livres blancs, promu les budgets par objectif de programme et institué une Prime d'Incitation à la Performance (PIP), un chapelet de très bonnes intentions qui a fini par se révéler un véritable miroir aux alouettes déployer pour attirer des naïfs investisseurs dont les arrangements ont terminé en eau de boudin devant les tribunaux internationaux, toute chose qui a fini par entamé le crédit du régime.

Le régime de l'émergence avait promis aux Gabonais un avenir en confiance et une politique des agences.

Malheureusement à l'usage, le peuple s'est rendu compte qu'une fois de plus, il a été mené en bateau et naïvement, il a cautionné l'incurie, l'invraisemblable au point de confier la clé de la maison à inconnu.

Aujourd'hui, la Vè République se devra de rompre avec les méthodes décriées hier pour imposer ses principes.

La Vè République devra imposer une communication qui promeuve les valeurs au détriment des hommes, qui impose la rupture vraie, celle qui fait la promotion des institutions et vend la destination Gabon.

Une communication qui promeut l'excellence et traduit la rupture avec le paternalisme d'antan.

Une communication qui démontre la saisir avec l'État providence et l'homme providentiel et qui vulgarise plutôt les actions du Président de la République Chef de l'État, qui vante la justesse des actions du chef du gouvernement.

Il est alors temps de désacraliser les hommes, dans un pays de droit, un Président de la République ne fait pas de dons car il est la première institution qui a prêté serment de préserver l'État de droit et les valeurs de la République .

En d'autres termes, le Président de la République n'accède pas à la tête de l'État avec une fortune que son altruisme lui demande de distribuer à la population. Mais il vient vient faire don de soi en se mettant à la disposition de la République qu'il promet servir et non se servir, et d'être juste envers tous .

La Vè République devra alors se démarquer des précédentes en taillant sur le vif, les maux qui ont terni l'image aussi bien des hommes que du pays tout entier considéré, à tort ou à raison, comme un miroir aux alouettes, un état paternaliste qui ne fonctionne que grâce à la générosité d'un homme providentiel.

Hermann DITSOGA,
ancien Chef de Cabinet du feu Président Pierre Mamboundou



Source : https://www.gabonews.com/fr/actus/libre-propos/art...