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Gabon I Lambaréné : Quand l'arbitraire prend le pas sur la démocratie

Rédigé par leral.net le Vendredi 10 Octobre 2025 à 22:46 | | 0 commentaire(s)|

La récente publication des listes des bureaux de vote par la Commission provinciale du Moyen-Ogooué, censée incarner la transparence et la régularité du processus électoral, a provoqué stupeur et colère. En cause : le rejet massif des listes proposées par l'UDB, un parti pourtant légalement engagé dans la compétition.
Une atteinte flagrante à l'équité électorale
Dans tout système démocratique, la règle de base est simple : chaque formation politique doit bénéficier des mêmes droits (...)

- LIBRE PROPOS /

La récente publication des listes des bureaux de vote par la Commission provinciale du Moyen-Ogooué, censée incarner la transparence et la régularité du processus électoral, a provoqué stupeur et colère. En cause : le rejet massif des listes proposées par l'UDB, un parti pourtant légalement engagé dans la compétition.

Une atteinte flagrante à l'équité électorale

Dans tout système démocratique, la règle de base est simple : chaque formation politique doit bénéficier des mêmes droits et des mêmes conditions de participation. Or, à Lambaréné, cette règle élémentaire semble avoir été piétinée. Comment expliquer que la majorité des propositions d'un seul camp soient écartées, sans justification claire ? Ce déséquilibre nourrit l'idée d'une manœuvre délibérée visant à fausser le jeu avant même que les électeurs ne s'expriment.

Des bureaux de vote figés comme des « CDI »

À cette injustice s'ajoute une autre anomalie : la composition des bureaux de vote. Depuis trois ou quatre scrutins consécutifs, ce sont pratiquement les mêmes personnes qui y siègent, comme si ces postes étaient devenus des emplois permanents. Cette reconduction quasi automatique entretient un climat de suspicion : comment parler de neutralité et de transparence quand les mêmes visages, souvent perçus comme acquis à un camp, contrôlent sans partage le déroulement du vote ? La démocratie ne peut pas fonctionner sur la base de « CDI électoraux » qui verrouillent le processus et excluent toute alternance dans la gestion des scrutins.

Le retour des pratiques d'un autre âge

Ce type de décision n'est pas anodin. Il rappelle les méthodes d'un passé que l'on croyait révolu : verrouiller le processus, réduire la pluralité, empêcher l'adversaire d'exister. Ces pratiques traduisent moins une force qu'une faiblesse : la peur d'affronter la sanction des urnes. Car lorsqu'on est sûr de son projet et de son ancrage populaire, on n'a pas besoin d'écarter artificiellement ses concurrents ni de verrouiller les bureaux de vote.

La confiance populaire en danger

La démocratie repose sur un socle fragile : la confiance des citoyens. Chaque exclusion arbitraire, chaque soupçon de partialité fissure ce socle. Les habitants du 1er arrondissement ne sont pas naïfs : ils voient bien que ces manœuvres administratives ne servent pas l'intérêt général, mais des calculs partisans. Or, sans confiance, il n'y a pas de légitimité.

Une affaire locale aux répercussions nationales

Ce qui se joue à Lambaréné dépasse largement les frontières du Moyen-Ogooué. C'est l'image même du processus électoral gabonais qui est en cause. Si l'on commence à écarter les listes d'un parti sans raison valable, et si l'on verrouille les bureaux de vote comme des postes réservés, qui peut garantir que demain d'autres formations ne subiront pas le même sort ? La démocratie ne s'effondre pas toujours d'un coup : elle s'érode par ces décisions discrètes, mais lourdes de conséquences.

La responsabilité de la Commission Provinciale

En rejetant la majorité des listes de l'UDB et en maintenant une composition figée des bureaux de vote, la Commission provinciale prend une lourde responsabilité : celle de fragiliser la crédibilité du scrutin et d'alimenter la défiance. Lambaréné, ville symbole, mérite mieux que des arrangements opaques et des « CDI électoraux ». Le peuple a droit à un choix libre et équitable. Empêcher ce choix, c'est non seulement bafouer les électeurs du Moyen-Ogooué, mais aussi porter atteinte à l'idéal républicain que chacun prétend défendre.

AA



Source : https://www.gabonews.com/fr/actus/libre-propos/art...