Le système de santé sénégalais a été résilient, face à la pandémie de Covid-19, à en croire des spécialistes, acteurs, universitaires et chercheurs. Réunis le samedi 6 mai, à l’initiative de l’Institut de formation et de recherche en population, développement et santé de la reproduction (Ipdsr) de l’Ucad, ces derniers ont mis l’accent sur les piliers du système, bâti sur des bases solides.
Le Pr Mohamadou Sall, Directeur de l’Institut de formation et de recherche en population, développement et santé de la reproduction (Ipdsr) a indiqué, samedi dernier, à Dakar, lors du déjeuner-débats, organisé par cette école, que la « transition épidémiologique est en cours avec des maladies communautaires à celles dégénératives ». Il a indiqué qu’il n’y avait pas de « prévision sur les épidémies qui remettent en question de nombreuses certitudes et la solidité de nos systèmes de santé ». Mais aussi, les « très fortes interactions entre l’homme et l’environnement, eu égard au fait que 70 % des maladies émergentes ou ré-émergentes sont des zoonoses, c’est-à-dire qu’elles ont une origine animale et l’empreinte écologique ». Il a également fait remarquer l’omniprésence des risques sanitaires, avec la marche des sociétés vers la modernité.
L’animation scientifique, entrant également dans le cadre de la vulgarisation des produits de la recherche des étudiants et de la contribution à la réflexion sur une thématique d’actualité relative aux questions de population et de développement, a permis, de l’avis des spécialistes, de comprendre que le « Sénégal a mis en place un système de résilience, dès le mois de juin 2020 », selon le Dr Boly Diop, responsable de la surveillance épidémiologique et riposte vaccinale à la direction de la prévention du ministère de la Santé et de l’Action sociale. Soit donc six mois après l’apparition de la pandémie de Covid-19 en mars 2020. Modérateur de cette session, il a indiqué que « la réponse à la Covid-19 a été dynamique ».
Après trois ans de pratique, il s’est réjoui, qu’aujourd’hui, le Comité national de gestion des épidémies soit « ouvert à tous les experts, les tests possibles dans toutes les régions, alors qu’ils ne se faisaient au début qu’à l’Institut Pasteur ».
Ces prouesses doivent être analysées à l’aune du fait que, « pour la première fois, la maladie a touché toutes les régions et tous les districts du pays ». La lutte contre la Covid-19 a révélé « beaucoup d’anticipation et de réadaptation », a souligné Dr Samba Cor Sarr, Chef de la Division de la recherche au ministère de la Santé et de l’Action sociale. Il a mis en exergue la définition d’un plan de recherche, chiffré à coup de milliards de FCfa. Il a aussi renseigné que 90 % de la population sénégalaise a été au contact avec la maladie. Tirant des leçons, Dr Sarr a préconisé une augmentation du budget de la santé. « L’existence d’un livre blanc permet de retracer tout ce que le pays a traversé et toutes les initiatives prises », a-t-il soutenu. Son collègue, Dr Samba Traoré, a prôné la multidisciplinarité. Dr Mohamed Ly s’est aussi félicité de la « performance des équipes de surveillance, du financement et de l’engagement de l’État ». Aussi, au nombre des leçons apprises, Dr Traoré a-t-il mis en exergue les « difficultés à faire face à une situation nouvelle d’urgence sanitaire » tout comme la « nécessité de préparer les acteurs à tous les niveaux, de développer une approche santé publique/sociologique, la responsabilisation des acteurs locaux ». Pour lui, il est à regretter la « gouvernance ayant entouré la pandémie, avec un scandale qui n’est pas encore totalement élucidé et que la couverture sanitaire ne soit pas encore correcte ». Ce qui l’amène à demander à « apprendre à gérer et non à faire de la stigmatisation ».
Ibrahima Khaliloullah NDIAYE
FIÈVRE HÉMORRAGIQUE DE CRIMÉE-CONGO ET VIANDE DE TABASKI
Les assurances du Dr Boly Diop
Le système de gestion de l’incident, qui a été mis en place après la confirmation du premier cas de fièvre hémorragique de Crimée-Congo, doit rendre compte, aujourd’hui, au Comité national de gestion des épidémies, a expliqué Dr Boly Diop, Responsable de la surveillance épidémiologique et riposte vaccinale au niveau de la Direction de la prévention du ministère de la Santé et de l’Action sociale. Il a pris part, le samedi 6 mai, à Dakar, à un déjeuner-débats sur la résilience du système de santé face aux maladies émergentes. « Nous tiendrons une réunion le lundi prochain (aujourd’hui) durant laquelle le système de gestion de l’incident rendra compte pour voir dans quelle mesure l’alerte sera allégée où levée carrément. Nous sommes devant une zoonose transmise de l’animal à l’homme et dans une période préparatoire à la fête de tabaski et, il y aura certainement des activités à mener dans ce sens pour davantage sensibiliser les communautés. Ce qui fait la particularité de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo, c’est que chez l’animal ou le bétail, elle est une maladie asymptomatique. Ce qui veut dire qu’une vache, un mouton ou une chèvre qui a la maladie ne développe pas de symptôme », a indiqué le spécialiste. Il a souligné que certaines professions, comme la médecine vétérinaire, la boucherie ou le dépeçage, exposent plus à la maladie. Tout en rassurant qu’il n’y a « pas de risque sur le fait que la viande ne soit pas propre à la consommation. Il n’y a pas de panique puisque la viande peut être mangée sans crainte ».
Le médecin de santé publique a rappelé que la fièvre hémorragique de Crimée-Congo fait partie des maladies émergentes que le pays surveille, de façon régulière, avec une « surveillance intégrée de la maladie et de la riposte ». « L’ensemble des maladies à potentiel épidémique sont rapportées et analysées hebdomadairement. La fièvre de Crimée-Congo en fait partie. Le Sénégal a eu à confirmer, il y a deux semaines, un cas qui s’est traduit par un décès, mais aujourd’hui, la situation est entièrement sous contrôle.
I. K. NDIAYE
Source : https://lesoleil.sn/gestion-de-la-covid-19-le-syst...