INDUSTRIE AUTOMOBILE :La complainte de Serigne Mboup

Auparavant, le président directeur général du groupe CCBM avait saisi l’occasion pour décrier l’attitude de l’Etat vis-à-vis du secteur industriel privé. Une situation qui, selon lui, gène le développement de sa société qui, depuis 20011, «ne peut marcher à plein régime ». Il signale que seulement 1000 véhicules ont été mis sur le marché en trois années de fonctionnement. Alors que, explique-t-il, «nous devrions en être entre 12000 et 15000 unités afin que les voitures soient accessibles à la population sénégalaise ». Il invite alors « le ministre de l’Industrie à être plus proche des industriels… Car, des sociétés sont en train de faire faillite.
Donc, l’Etat doit créer les conditions de pérennisation des activités des industries». Aussi, Serigne Mboup jette-t-il une pierre dans le jardin de l’Etat en précisant qu’au-delà du président de la République, l’Etat, «ce sont les fonctionnaires qui ne mettent pas correctement en exécution les décisions de l’exécutif et des autorités centrales.» «Lorsque je parle de l’Etat, les gens croient que je parle du président de la République… C’est aux fonctionnaires chargés de l’exécution de la politique du gouvernement que je m'adresse.
Le ministre peut avoir une bonne vision mais, il y a souvent une mauvaise exécution et nous ne savons pas pourquoi», explique Serigne Mboup. En outre, le patron de CCBM industries exige de l’Etat des « appuis considérables » en faveur des industriels sénégalais, sans tenir compte des convictions politiques des uns et des autres. Ainsi, fait-il remarquer : « l’entreprise est un bien social et l’autorité a une obligation de la soutenir. Cet appui doit continuer comme ce fut le cas sous Abdoulaye Wade. Aujourd’hui, de la même manière que le président Wade dirigeait le pays en achetant des voitures de chez nous, de la même manière le président Macky Sall doit le faire et il le fait. Le Président est l’un de nos premiers clients et nous l’en félicitons.»
Par rapport à l’écoulement de ses voitures sur le marché local, Serigne Mboup déplore le comportement de la population sénégalaise vis-à-vis des produits made in Sénégal. « Beaucoup de nos compatriotes ont dans l’esprit que tout produit fabriqué au Sénégal n’est pas fiable. Il faut que les gens acceptent ce qui est produit ici. Les industriels comme Samsung et Great World qui ont donné leurs marques, ne cessent de faire des contrôles parce que ne voulant pas que l’image de leur marque ne soit détérioré ».
Mieux, « si le ministre, le maire ou une autre autorité n’ont pas la fierté de conduire les voitures montées à Rufisque, les populations ne l’’auront pas non plus à plus forte raison un étranger et, nous n’aurons pas la possibilité d’exporter », souligne-t-il. Pendant ce temps, il s’offusque de l’importation de voitures d’occasion qui selon lui, n’aide pas en réalité les citoyens. « Il serait préférable que l’Etat impose des taxes sur les importation de voitures d’occasion pour rendre les voitures neuves plus accessibles».
Outre le montage de voitures poids lourds, légers et des motocyclettes, l’usine de la CCBM monte des téléviseurs, climatiseurs et cuisinières. Elle produit par année 450 voitures légers, 125 camions, des tracteurs et matériel de terrassement, 300 à 400 motocyclettes. Elle emploie en moyenne 300 personnes.




Daouda GUEYE
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