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INTERVIEW EXCLUSIVE – LERAL.NET/ Macky Sall : “L’Afrique ne doit plus être spectatrice, mais scénariste du monde”


Rédigé par leral.net le Mardi 30 Septembre 2025 à 18:04 | | 0 commentaire(s)|

Question 1 – Pourquoi ce livre maintenant ?

Parce qu’il fallait témoigner et transmettre. Après douze années de présidence, j’ai senti le besoin de sortir du tumulte et de poser un regard lucide sur notre continent. L’Afrique est à un tournant. Elle a les ressources, les hommes et la jeunesse. Ce qu’il lui manque, c’est la confiance en elle-même.

Question 2 – Vous dites que l’Afrique doit écrire son propre récit. Comment ?

En assumant ses succès et ses singularités. Pendant trop longtemps, d’autres ont parlé à notre place. Il faut créer nos propres plateformes médiatiques, nos universités d’idées, nos récits historiques. C’est une bataille culturelle avant d’être économique.

Question 3 – Certains vous accusent d’un panafricanisme trop modéré. Que leur répondez-vous ?

Je crois au réalisme. Être panafricain, ce n’est pas se couper du monde, c’est y entrer dignement. La souveraineté ne signifie pas l’isolement. Nous devons coopérer sans nous soumettre.

Question 4 – Vous parlez de multilatéralisme réformé. Quelle est votre proposition ?

Je demande une réforme des institutions héritées de 1945. Le FMI, la Banque mondiale et le Conseil de sécurité doivent accorder à l’Afrique la place qu’elle mérite. L’Union africaine au G20 est un pas, mais pas une fin.

Question 5 – L’Afrique peut-elle devenir une puissance industrielle ?

Absolument. Nous devons transformer sur place nos richesses. Chaque tonne de minerai exportée brute, c’est de l’emploi perdu. L’avenir appartient à ceux qui industrialiseront leur continent.

Question 6 – Et sur le plan diplomatique ?

Je crois à une diplomatie d’équilibre. L’Afrique doit pouvoir dialoguer avec Washington, Pékin, Moscou, Paris ou New Delhi selon ses intérêts, pas selon des fidélités héritées.

Question 7 – Quel rôle pour la jeunesse ?

Elle est la clé. Si nous formons notre jeunesse aux métiers du futur – numérique, énergie, biotechnologie –, nous changerons le destin du continent. Je dis souvent : “Nos enfants doivent être les auteurs du futur, pas les figurants du monde.”

Question 8 – Vous parlez de foi. Quelle place occupe-t-elle dans votre démarche ?

La foi est une force intérieure. Elle m’a guidé dans mes décisions. Mais ici, je parle de foi en l’Afrique, foi en nos capacités, foi en notre avenir.

Question 9 – Si vous deviez résumer votre message en une phrase ?

Je dirais : “L’Afrique doit cesser de rêver son avenir et commencer à le construire.”

Ousseynou Wade