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Idriss Déby:"La façon dont est géré le franc CFA est un frein au développement de nos pays"

Rédigé par leral.net le Lundi 6 Février 2017 à 17:20 | | 0 commentaire(s)|

Avec son épouse, Hinda, au sommet de Bamako, le 14 janvier. © STÉPHANE DE SAKUTIN/AFP
Avec son épouse, Hinda, au sommet de Bamako, le 14 janvier. © STÉPHANE DE SAKUTIN/AFP
Faisant le bilan de son mandat à la présidence de l’Union africaine (UA), Idriss Deby estime que la façon dont est géré le franc CFA est « un frein au développement des pays africains » et qu’il urge que le continent noir fasse « réviser ses accords avec la France. »
 
 « C’est un très bon débat. J’ai dit il y a six ou sept ans déjà que ce ne devait pas être un sujet tabou. Les uns déplorent le fait que nous, Africains, ne jouissions pas de notre souveraineté monétaire, d’autres répondent que rien ne saurait remplacer le franc CFA. Voici ma position : le moment est venu de revoir en profondeur les accords monétaires qui nous lient avec la France. Là-dessus, je suis formel. Je ne renie pas pour autant le franc CFA, mais il doit devenir la vraie monnaie souveraine des États qui l’utilisent », a lancé sans ambages le président tchadien dans une interview fleuve avec Jeune Afrique.
 
Le courage politique en bandoulière, Idriss va même en profondeur dans le débat. « La situation actuelle, où le compte d’opérations des exportations de quatorze pays africains est géré par le Trésor d’un pays européen, fût-il l’ancienne puissance coloniale, ne peut pas perdurer éternellement. Cette période, qui dure depuis soixante-dix ans, est dépassée. Il faut que les autorités françaises acceptent d’examiner avec nous ce qui, dans nos accords, marche ou ne marche pas », a ajouté Idriss Déby.
 
Reprenant de plus belle sa diatribe, l’ancien capitaine de l’aviation tchadien martèle aussi que même si « le franc CFA est certes un facteur d’intégration très important, mais là où le bât blesse, c’est que nous n’avons pas la possibilité de placer ne serait-ce qu’une partie de nos ressources dans le circuit bancaire pour qu’elles génèrent des intérêts. Les sommes en jeu se chiffrent en dizaines de milliards. Soyons lucides : la façon actuelle dont est géré le franc CFA est un frein au développement de nos pays. Réviser nos accords avec la France est absolument nécessaire et incontournable.»
 
Idriss Déby n’est pas le seul à avoir des positions tranchées envers le FCFA. Au Sénégal, Macky Sall a été plus nuancé. « J'ai suivi avec beaucoup d'intérêt le débat sur la zone franc. Que faut-il changer ? Le nom ? Les règles de fonctionnement ? Je ne sais pas. J'ai d'ailleurs demandé aux économistes et particulièrement aux spécialistes de la monnaie de porter ce débat, mais de le porter sous l'angle de l'économie. Évidemment, l'économie a aussi son versant politique, mais les meilleurs éclairages que nous attendons en tant que chef d'État, c'est un débat dépouillé de toutes considérations politiques ou politiciennes. La monnaie CFA a des avantages. Elle a peut-être aussi des inconvénients, mais peut-on tout de suite la jeter et engager une aventure ? Je ne sais pas. », avait déclaré Macky Sall dans une interview au site Le Point Afrique.
 
Massène DIOP