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Incendies au Portugal: «On a très vite compris que le village allait devoir agir seul»

Rédigé par leral.net le Lundi 18 Août 2025 à 11:20 | | 0 commentaire(s)|

Alors que les incendies ravagent le Portugal depuis fin juillet, les habitants du village de Marialva, dans le centre du pays, ont dû affronter les flammes, seuls, à cause du manque de moyens, vendredi 15 août. Face à l'avancée rapide du feu, la solidarité locale s’est organisée pour éviter que le village ne brûle.


Incendies au Portugal: «On a très vite compris que le village allait devoir agir seul»
« Il y avait énormément de vent. On a vu les flammes se rapprocher en un rien de temps. À ce moment-là, on a compris que le feu allait arriver au village et nous avons commencé à nous organiser », raconte Christopher, dont la famille maternelle vient de Marialva, dans la région de Meda, au Portugal. Alors que de violents incendies font rage depuis plusieurs semaines dans le nord et le centre du pays, le brasier de Trancoso – l'un des plus importants du pays, déclenché une semaine plus tôt – a touché son village de 300 habitants vendredi 15 août.

En l'espace de trois heures, les flammes ont parcouru plusieurs dizaines de kilomètres. Ce jour-là, à une trentaine de kilomètres de Marialva, près de 700 pompiers sont déjà mobilisés sur le même incendie. « Nous n'avons même pas eu le temps de les alerter. On a très vite compris que le village allait devoir agir seul », continue Christopher.

Face à l'urgence de la situation, les habitants de village historique dans le centre du Portugal s'organisent en suivant les recommandations des autorités locales, notamment en arrosant les toitures et maisons alentours. Très vite, une partie des habitants s'occupe d'évacuer les personnes âgées, les femmes, les enfants et les animaux et la solidarité se met en place. « On pouvait voir le feu encercler notre village. L'air était irrespirable », se souvient Christopher, encore sous le choc.

Agir dans l'urgence

À quelques centaines de mètres de là, voisins, familles et volontaires se rejoignent pour tenter de défendre le village face aux flammes, souvent avec des moyens dérisoires. « On s'est débrouillés comme on pouvait. On a récupéré des cuves que l'on avait à la maison et que l'on a mises dans des camions, à l'arrière », raconte Hugo, 23 ans, qui était en première ligne avec son camion et une cuve remplie d'eau. Pelles, seaux, tracteurs avec des cubitainers à l'arrière... Tout est bon pour lutter contre les flammes. Au maximum de la mobilisation, près de 80 personnes se relient pendant près de trois jours.

« Des personnes criaient à l'aide dès que le feu se rapprochait de chez eux. On arrivait alors pour tenter d'éteindre les flammes. Être tous ensemble dans ce moment nous a permis d'être plus forts », témoigne Hugo qui retient malgré la tragédie un bel élan de solidarité. « Nous avons forcément dû choisir quelle maison sauver en fonction des urgences. Il fallait être très rapide. Nous avons dû abandonner une maison, car les flammes étaient hautes de sept mètres. C'était très dur », continue Hugo.

« On se sent délaissés par les autorités »

« Nous n'avons eu zéro soutien au départ. Les pompiers sont ensuite arrivés au moment le plus critique avec un effectif très réduit, un ou deux camions, et nous ont aidés comme ils ont pu. Ils nous aidaient à éteindre l'incendie dans des maisons avec des seaux d'eau avant de pouvoir se brancher à l'eau du village », termine Hugo qui a conscience des effectifs très réduits.

Le feu près du village a finalement été éteint samedi dans la soirée, mais beaucoup dénoncent l'absence de stratégie durable. « On se sent délaissés par les autorités. Je suis scandalisé par la gestion. Tous les ans, c'est le chaos. On est hallucinés du peu de moyens mis en place pour lutter contre les incendies », reproche Christopher.

Depuis fin juillet, le pays est en état d'alerte en raison de la canicule persistante et du temps sec. Les feux de forêt continuent de ravager plusieurs régions. Un bilan provisoire, daté du 14 août, faisait état de 60 000 hectares brûlés. Et le pays a enregistré vendredi son premier décès lié aux incendies. Un pompier participant à la lutte contre les incendies est également décédé ce lundi.

Peut-on vaincre les incendies ?

Le Portugal fait appel au « mécanisme de protection civile de l'Union européenne »

Face aux critiques, le Premier ministre Luís Montenegro a assuré mardi 12 août que le gouvernement faisait « son maximum », rappelant qu'un dispositif de 15 000 agents était mobilisé et tous les moyens disponibles en alerte maximale. Le gouvernement portugais a aussi fait appel cette semaine au « mécanisme de protection civile de l'Union européenne ». Quatre avions Canadair ont été demandés. Le pays a par ailleurs reçu l'aide du Maroc, qui lui a envoyé deux bombardiers d'eau, dans le cadre d'une coopération inhabituelle.

Si les experts considèrent que la multiplication des vagues de chaleur, qui favorisent les incendies, est une conséquence du changement climatique à plus long terme, le gouvernement s'est engagé à approuver un plan pour les forêts visant à renforcer la prévention des incendies, valoriser l'économie forestière ou encore clarifier la propriété foncière. Alors que la chaleur ne faiblit pas, les autorités restent, de leur côté, mobilisées et redoutent une intensification des incendies dans les jours à venir.

RFI