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Intégrer, Renforcer, Pérenniser et Faire des dynamiques Populaires, Pitoyennes et politiques une force durable de développement économique et social


Rédigé par leral.net le Samedi 28 Avril 2012 à 13:39 | | 0 commentaire(s)|

La conjonction des dynamiques que constituent les Assises Nationales, le M23, le mouvement Y’en-a-marre et la mémorable victoire du peuple le 25 mars 2012, représente un moment crucial de notre histoire, un possible tournant décisif dans la vie de la nation sénégalaise. Elle offre d’immenses perspectives nouvelles dont la concrétisation dépend de notre savoir faire et de notre volonté, de notre prise de conscience et de nos comportements.

Pour les individus comme les nations, il y a des moments cruciaux, des expériences cruciales qui développent la conscience de soi, des attitudes positives et le désir de changement. Ces moments de rupture peuvent élever à des niveaux supérieurs dans différents domaines. Cependant, ils peuvent avoir des effets contraires et provoquer ainsi des régressions dans différents domaines quand ils ne sont pas bien mis en valeur.

A ces rares moments dans la vie des peuples, la cohésion sociale est renforcée, une unanimité obtenue sur des préoccupations qui divisent habituellement, davantage d’énergies disponibles pour faire face aux difficultés et les aptitudes à opérer des mutations profondes acquises. C’est des moments au cours desquels il est possible de mobiliser de façon singulière les hommes et les femmes, de réaliser des changements profonds, de prendre de voies novatrices, d’adopter des valeurs supérieures, de mobiliser des ressources à une échelle impossible en d’autres moments. Il est juste nécessaire que l’on sache comment s’y prendre et que l’on le veuille.

C’est comme si pendant une période donnée, la nation regorgeait de produits de très grande valeur mais très périssables. Généralement, certains (la grande majorité) ignorent leur existence, d’autres leur valeur tandis que rares sont ceux qui savent qu’il faut et comment les mettre en valeur. Il arrive très souvent que jusqu’à leur disparition définitive que l’on ne sache quoi en faire ni comment. Il arrive souvent qu’ils soient sous-utilisés ou mal utilisés.

Nous sommes à un moment crucial de notre histoire. Saurons-nous et pourrons-nous en tirer les immenses profits potentiels ?

Cette question est d’autant plus légitime que nous venons de rater une opportunité similaire, en l’occurrence, l’alternance de 2000 qui porte légèrement ombrage à celle de 2012. Wade avait alors entre ses mains, toutes les conditions pour produire des infléchissements majeurs et durables. Une telle foi et un tel engagement populaires s’obtiennent très rarement et difficilement. Les usages qu’il était possible d’en faire étaient si immenses, si nombreux et si divers que les avoir ratés constitue tout simplement une catastrophe. D’autant plus que les effets négatifs sont nombreux, graves et durables. Ce n’est pas un hasard que l’océan nous ait pris un grand nombre de jeunes désespérés ni que Macky hérite d’un pays en lambeaux même si les espoirs immenses.

Le principal mal des 12 ans de Wade n’est pas la grosse déception des sénégalais ni même sa gestion calamiteuse mais les immenses possibilités et les incalculables opportunités dont nous n’avons pu tirer profit. Pour cela, les hommes politiques en qui le peuple a eu une immense confiance ne sont pas les seuls coupables même si leur responsabilité reste fortement dominante.

Aujourd’hui, proches d’une situation similaire, nous adoptons la même position qu’en 2000, en attendant presque la solution magique des hommes politiques et de l’Etat. Il y a encore avec le M23, les Assises Nationales, les mouvements Y’en à Marre et les effets de la victoire du peuple le 25 mars passé, de nouveau, d’immenses possibilités et d’incalculables opportunités ; peut-être moins qu’en 2000 mais avec plus de chance d’en tirer profit.

En avril 2000, j’avais fait des propositions au président de la République, il en avait tiré et fait propriété personnelle ce qui l’intéressait et ne daignât même pas me répondre. J’en tire les enseignements, aujourd’hui, je m’adresse aux nouvelles autorités et à tous les acteurs qui ont contribué à l’avènement de ce nouveau moment crucial qui est une conquête héroïque.

Vaincre la terrible machine électorale mise en place par le clan Wade relève d’un héroïsme incontestable : immenses moyens de corruption et absence totale de retenue dans leur utilisation, emploi massif d’hommes endettées moralement à son égard ou menacés dans les postes responsabilités tels que les ministères, les directions et la justice, transformation systématique de l’appareil d’Etat en instrument politique, utilisation abusive du pouvoir régalien (découpages administratifs, nouveau statut des chefs villages, entre autres), une machine de guerre électorale composée de députés, de conseillers économiques et sociaux, de sénateurs, du nombre pléthoriques de ministres, de directeurs d’agences et de divers services, d’un réseau de partis alliés rémunérés, de marabouts achetés, etc. etc. La liste et le contenu feront l’objet de beaucoup de livres en plus de ceux déjà écrits sur les 12 années passées.

Après une telle conquête dans le sang, la souffrance et la peur, après avoir frôlé l’irréparable (que ce serait-il passé si les jeunes avaient marché sur le palais à différents moments quand ils étaient très déterminés à le faire ?), nous ne pouvons qu’être à un moment crucial de notre histoire. Après avoir redonné à notre pays sa vraie image contraire celle dégradée et dégradante que Wade lui avait donnée, nous avons créé les conditions d’une révolution sociale.

L’objectif visé à travers cette modeste contribution est une proposition d’intégrer, de renforcer, de pérenniser et de faire de ces dynamiques populaires, citoyennes et politiques une puissante et durable force de développement économique et social.

Il s’agit de partager avec les différents acteurs de cette merveilleuse et glorieuse victoire, une proposition de plan de mise en valeur de ce moment crucial de notre histoire. Cette esquisse vise à susciter et à donner des pistes d’organisation des apports individuels et collectifs possibles, à très grande échelle et dans tous les domaines stratégiques de notre développement économique et social.

Car comme par le passé, à nous ne s’offrent que deux possibilités :
- celle consistant à continuer à tendre la main, à s’endetter et à recevoir des dons, au prix de notre souveraineté, de notre dignité et de notre liberté d’adopter les stratégies de développement souhaitées et nécessaires
- et celle consistant à adopter et créer les bases de cette liberté d’adopter les stratégies de développement souhaitées et nécessaires. Parmi ces bases à notre portée, quatre constituent les piliers innovants de cette modeste contribution : une éminente dynamique de mobilisation et de création de ressources financières endogènes renforcées par des immenses acquis dans le secteur des finances (1), un volontariat à très grande échelle permettant d’éduquer, former et insérer des millions de jeunes aujourd’hui dans le désarroi (2), un entreprenariat de type nouveau qui met en valeur de façon responsable nos différentes potentialités et nos avantages comparatifs (3) et une contribution à une intégration africaine rapide et efficace, condition sine qua none pour le développement de nos pays (4).

La solution n’est pas de continuer les politiques d’endettement car le PNUD a estimé que 80 milliards de dollars pendant 10 ans pourraient éradiquer l’extrême pauvreté dans le monde (accès à l’eau potable, alimentation décente, éducation primaire, soins de santé de base). Or, rien qu’en 2006, les pays du Sud ont remboursé 540 milliards de dollars au titre du service de la dette. Alors que cet important débat, souvent inutilement conflictuel, a souvent provoqué une fragilisante orientation de nos énergies vers l’extérieur, la stratégie proposée s’appuie sur leur concentration sur les enjeux endogènes valorisants et mobilisateurs.

Cette présentation résumée est destinée à être détaillée et partagée à de multiples occasions et n’est qu’une esquisse ouverte à la participation la plus vaste et la plus diversifiée (idées, actions, moyens, relations) possible et s’adresse à tout le monde sans exception, mais spécialement aux différents acteurs des quatre dynamiques citées antérieurement.

Il s’agit de réaliser une œuvre magistrale dont chaque sénégalais sera très fier, à laquelle il pourra s’identifier, contribuer avec bonheur et se mettre en perspective. Ainsi, la mobilisation populaire exceptionnelle des mois passée sera maintenue, renforcée et bien orientée.

Il s’agit de nous construire un imaginaire collectif, nous faire une vision commune de l’avenir, avec des étapes bien distinctes et ainsi combattre efficacement notre plus grand ennemi qui est la situation dans laquelle beaucoup parmi nous ne s'identifient plus à l'ensemble, cherchent à se différencier et à prendre distance, nombreux à errer, à adopter des valeurs illusoires, à se perdre car incapables de s'identifier et de s’enraciner, de se repérer et de se référer.

Il s’agit de croiser de façon particulière les dynamiques, les ressources, les pratiques et les résultats économiques, financiers et sociaux, d’innover dans les domaines de l’insertion par l’économique, des financements alternatifs, en complétant et élargissant les démarches habituelles d’épargne et de crédit par des dispositifs d’épargne par le travail, la promotion du volontariat et un entreprenariat à l’échelle nationale.

Il s’agit de permettre, avec nos propres moyens, de créer deux millions (2.000.000) d’emplois au cours des 4 prochaines années, de fabriquer, nous-mêmes, à grande échelle des produits et services et de permettre à chaque foyer de disposer de revenus décents. Naturellement, le respect des engagements des autorités pour soulager les ménages est possible et salutaire. Mais les marges de manœuvre sont très limitées car, en Afrique, nos Etats sont trop petits face aux nombreux défis et trop grands pour nos maigres ressources.

Alors que de rares sénégalais entrant dans un magasin peuvent choisir un produit au nom d’un intérêt national ou régional, en devenant propriétaires et bénéficiaires de la plus grande entreprise nationale (maillon d’une autre mondialisation), nous n’hésiterons plus à choisir et à consommer les produits et services locaux, faisant ainsi sur une grande échelle, du « consommer sénégalais », promu en vain depuis des décennies, une pratique courante, durable et aux impacts monumentaux.

Il s’agit d’articuler nos actions et nos idées, nous découvrir mutuellement pour construire ensemble le Sénégal de demain. La grande participation populaire à la mobilisation de ressources et à la mise en œuvre des activités est gage d’une exigence d’une réelle correspondance aux priorités de développement du pays mais surtout d’une large marge de manœuvre quant à l’utilisation de ces ressources.

Nous proposons le projet visant l’orientation de l’extraordinaire dynamique citoyenne en force durable de développement, la transformation des multiples frustrations en forces dynamiques pour le développement, la mobilisation d’une manière innovante des ressources locales, des potentialités physiques et économiques, des savoirs et savoir-faire au Sénégal et partout où vivent des sénégalais. Il s’agit de faire émerger des rapports nouveaux permettant aux nantis d’entretenir des relations nouvelles avec les moins nantis qui, par le système d’épargne par le travail et par les autres formes de participation qui seront promues, seront tout simplement des partenaires, des associés, détenteurs eux aussi de patrimoines.

Il s’agit aussi de craindre et de garder à l’esprit le risque de tomber dans la description et l’attente de perspectives mal avisées. Car pour rester réalistes et pratiques, nous devons tenter d’avoir notre esprit régulièrement ramené à l’essentiel, à la perception des facteurs déterminants dans la succession et la superposition des multiples phénomènes. Pour cela, nous devons nous focaliser sur la quête d’une véritable souveraineté économique, la construction de rapports justes et équitables avec les autres dont les générations à venir.

Il s’agit aussi de profiter de cette grosse opportunité pour proposer au monde une voie de sortie de crise car jamais, dans l’histoire humaine, les peuples n’ont été autant asservis qu’aujourd’hui avec le contrôle des ressources, des progrès divers et des Etats par des forces qui se coalisent, se développent à grande vitesse, se libèrent de tout contrôle, de toute éthique et de toute raison :
• Captivant parcelle après parcelle les prérogatives des peuples plus assujettis et condition-nés ;
• S’éloignant jour après jour des préoccupations des hommes, y compris de leur survie pour se mettre au seul service de leur croissance et de leur dangereuse indépendance ;
• Réduisant les espaces de liberté dans des coins sans enjeux d’où ne peuvent émerger de réelles menaces contre leur développement et leur indépendance.

Car jamais, la raison, la morale et la foi n’avaient autant perdu du terrain avec des humains qui accaparent avec quoi ils pourraient pendant des millénaires dans un monde où l’on meurt de faim, situation que l’on trouve ni dans les barbaries les plus anciennes ni chez les animaux. Aujourd’hui, beaucoup d’hommes souffrent inutilement parce que nous n’arrivons pas à nous unir pour notre souveraineté et sommes courbés sous un joug destructeur, car organes d’un même corps, nous refusons de vivre ensemble et de partager, nous condamnons au même sort qu’une feuille arrachée que les vents guident et les intempéries détruisent. Nous proposons d’inventer une dynamique économique qui nous protège, nous affranchit, nous restitue notre humanité.

Une des plus grandes composantes de notre chantier consistera à déconstruire les représentations car beaucoup ont fini par croire profondément qu’aucun choix ne leur est plus offert face à la puissance de l’adversité. Or, nous pouvons choisir de nous laisser guider, céder à un avenir fait de soumission, d’inaction et d’incertitude ou choisir d’être acquis au progrès humain, de travailler pour contribuer à forger à l’homme et à la nation un destin favorable et nous engager à œuvrer à la poursuite constante de progrès, d’équité et de responsabilité. Les tords et les maux subis, les risques auxquels ils exposent sont si nombreux et si graves qu’une seule et simple question se pose aujourd’hui à nous citoyens : allons-nous accepter d'être détruits avec la transformation de notre vie en enfer, accepter de mourir couchés et enfermés à vie dans une cage, plutôt que de nous mettre debout, d’opter pour l’insoumission et de participer à la transformation positive de notre pays et du monde?

Si le 23 juin 2012, chacun parmi 5 millions de sénégalais disent: « je participe » et accepte d’apporter une modeste contribution de 1.000 F, nous aurons réuni 5 milliards et si nous utilisons les innovations financières (dont use et abuse l’occident), nous aurons une capacité fi-nancière de 25 milliards. La générosité et le patriotisme de beaucoup de compatriotes feront que nous puissions dépasser largement les 5 milliards et tous les mois, nous pourrons répéter ce petit geste aux innombrables effets. Et cela n’est que l’un des quatre piliers de cette proposition dont la finalité n’est rien d’autre que l’éradication de la pauvreté et du chômage.

Avec ce peu d’apport, les travailleurs submergés aujourd’hui auront leurs charges réduites avec les membres de leurs familles qui auront trouvé du travail tandis qu’avec la création d’activités et d’emplois à grande échelle, l’Etat verra ses recettes croître à cette échelle mais cela aura aussi un prix aux multiples dimensions.




Un autre Sénégal est bien à portée immédiate, pour une autre Afrique et un autre monde
Amadou DIONE
Coordonnateur ONG CONCEPT
E-mail : concept@orange.sn