Leral.net | S'informer en temps réel

JE N'AI PLUS ENVIE DE FAIRE L'AMOUR MAIS JE RESTE UN SIMPLE OBJET DE JOUISSANCE POUR MON MARI.

Rédigé par leral.net le Mardi 5 Juillet 2011 à 00:59 | | 0 commentaire(s)|

Eva Mariée il y 8ans : «Le soir, dans le lit, je me cadenasse dans un pyjama bien couvrant pour désamorcer toutes les tentatives de rapprochement de mon mari. » Pour la plupart d’entre elles, selon la sexologue Ghislaine « le désir sexuel n’a pas disparu, il est le plus souvent endormi ».


JE N'AI PLUS ENVIE DE FAIRE L'AMOUR MAIS JE RESTE UN SIMPLE OBJET DE JOUISSANCE POUR MON MARI.
Travail, enfants, corvées domestiques mobilisent leur attention et les détournent de leur compagnon. L’énergie focalisée sur lui dans les premiers temps de l’histoire s’est diluée dans les tâches du quotidien. Au début, nous consacrons et accordons beaucoup d’importance à l’autre alors que cela n’est pas nécessaire : la flamme brûle sans effort. Puis le temps passe. « Le virage de la passion vers la relation se négocie mal, et c’est l’une des causes principales de ce manque de désir.

Chacun s’attend à ce que le désir perdure. Il ne pense pas devoir l’alimenter : “Puisque j’aime, je dois avoir envie. C’est naturel. C’était là au début, pourquoi cela ne continue pas ?” » Certains en viennent même à douter de leur amour et de la solidité de leur relation. Pourtant, sexologues, thérapeutes,psychologues et psychanalystes soulignent combien le désir ne va pas de soi, particulièrement chez les femmes : pour le faire émerger, il faut qu’elles soient disponibles, détendues, réceptives à la sexualité. Ce n’est pas qu’elles s’intéressent moins au sujet. Simplement, au fil des années, leur envie a besoin de plus de temps et d’investissement pour se déployer qu’au début. Elle se trouve d’ailleurs aisément fragilisée.

Anne 33ans mariée et 3 enfants nous parle : « Quand je m’observe dans la glace, je ne me trouve vraiment pas appétissante. J’appréhende le regard de mon mari et je ne supporte pas qu’il me voie nue. Le sexe est devenu synonyme de devoir conjugal. » Pour qu’une femme puisse désirer, il lui faut séduire l’autre, mais aussi et surtout se séduire. Rien à voir avec le respect de canons esthétiques. Nous pouvons nous trouver belle mais non désirable, et inversement, désirable sans être magnifique. Miroir, mon beau miroir : le désir féminin serait avant tout sensible à la réflexion, celle de son image intime, mais aussi celle que renvoie l’autre.

Amélia 36 ans mariée et un enfant se confie : « Depuis la naissance de notre fils, je n’ai plus envie de mon mari. Au début, je me suis dit que c’était dû à l’accouchement, aux nuits sans sommeil, à la fatigue. Puis nous nous sommes organisés. J’ai retrouvé ma ligne de jeune fille, et nous gérons notre petite vie. Tout devrait aller pour le mieux. Pourtant, “ce” n’est pas revenu. Mon compagnon souffre. Je ne comprends pas ce que j’ai. » Pour elle, comme pour beaucoup d’autres, l’arrivée d’un bébé a suscité un évanouissement du désir, parce que son fils est venu la combler. C’est ce que les psychanalystes nomment l’« enfant phallus ». La jeune mère culpabilise alors qu’elle traverse sans doute une période de latence nécessaire pour sortir de la relation fusionnelle nouée avec cet enfant, nouvel homme dans sa vie. Un schéma classique. Mais aujourd’hui, à une époque où les corps se doivent d’être forcément désirants, il n’est pas politiquement correct de « ne pas avoir envie ».

« Ceux qui n’ont pas de rapports sexuels pendant plusieurs mois parce qu’ils placent leur libido ailleurs – dans le travail, les enfants, les loisirs – sont jugés “bizarres”, observe Catherine Blanc. Nous glorifions les individus qui font l’amour tous les jours, alors qu’ils goûtent rarement au plaisir de ce qu’ils font. L’idée de manquer les obsède : ils sont d’abord angoissés à l’idée de ne pas posséder. » Ils transforment l’autre en simple objet de jouissance. Et c’est bien le problème, renchérit le psychanalyste Marie-Jean Sauret : « Ils cherchent un partenaire qu’ils pourront exhiber comme une belle voiture. » Résultat : l’attrait s’épuise vite.

« Quand j’entends des couples dont la vie sexuelle se réduit à une sollicitation mécanique, je suis horrifiée, déplore Ghislaine Paris. La séduction, ce n’est pas dire, après avoir couché les enfants : “J’ai envie de faire l’amour. Tu viens ?” » Le désir est l’ennemi du premier degré. Il exige une attention constante. Nous ne devrions jamais avoir à quémander, mais plutôt à recueillir les fruits d’une lente et patiente parade amoureuse.

Et si c'était un problème de santé ?

Problèmes hormonaux, dérèglements vasculaires... Derrière nos pannes se cachent parfois des troubles biologiques non détectés.

« On parle de trouble du désir comme d’une maladie sexuelle quand celui-ci persiste au-delà de six mois », rappelle Sylvain Mimoun. En dehors des pathologies qui ont une répercussion directe sur la sexualité, comme les cancers génitaux ou ceux de la prostate, certains dérèglements peuvent avoir un impact négatif sur la libido. Les dérèglements vasculaires : la circulation sanguine ne s’effectuant pas bien, les parties sexuelles sont mal irriguées. Les dérèglements neurologiques : la douleur altérant la sensibilité, on se désintéresse de ce qui fait mal. Les dérèglements hormonaux, de nombreuses hormones étant impliquées dans le désir, l’acte et le plaisir.

Énigmatiques hormones

Une myriade d’entre elles participent à la réalisation d’un rapport sexuel réussi. Mais au stade du désir, trois seulement sont en cause : sérotonine, dopamine et prolactine. La première apaise, la deuxième excite, la troisième coupe le désir en diminuant le taux de dopamine et en perturbant la testostérone. Oestrogène et testostérone forment un duo dont l’équilibre est garant de notre bonne santé sexuelle, sachant que la testostérone est la plus importante dans le désir. Or, sous l’action d’une enzyme appelée aromatase, la testostérone se transforme en oestrogène modifié, l’oestradiol, qui calme les ardeurs.

Effets secondaires
• Les médicaments hypotenseurs et anticholestérol ralentissent la réaction sexuelle : les hommes ont moins d’érections, les femmes éprouvent davantage de sécheresse vaginale.
• Les antidépresseurs, qui augmentent le taux de sérotonine et de prolactine, bloquent à la fois le désir (masculin et féminin), l’érection et l’éjaculation.

Idées clés

- Le désir naît du manque, or, nous avons la sensation de pouvoir tout posséder.

- Ne plus désirer l’autre ne signifie pas ne plus l’aimer.

- Entretenir le désir dans son couple demande de l’attention et de la volonté.



Source : Magazine Psychologies

Mr.Cmr