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Jeux Africains de la jeunesse : le calvaire silencieux des jeunes athlètes sénégalais à Luanda

Les Jeux Africains de la jeunesse ont officiellement débuté le 10 décembre à Luanda, en Angola, dans une atmosphère de fête et de célébration du sport africain. Mais pour le Sénégal, cette édition restera comme l’une des plus pénibles de ces dernières années


Rédigé par leral.net le Dimanche 14 Décembre 2025 à 14:50 | | 0 commentaire(s)|

Jeux Africains de la jeunesse : le calvaire silencieux des jeunes athlètes sénégalais à Luanda
Au lieu d’un départ maîtrisé, la délégation sénégalaise s’est engagée dans une véritable course contre le temps, marquée par des retards, des imprévus et une organisation défaillante.

Dès les premiers jours, le malaise est palpable. Les athlètes sénégalais n’étaient même pas présents à la cérémonie d’ouverture, faute d’être arrivés à temps à Luanda. Une absence lourde de sens, qui a donné le ton d’une participation déjà compromise avant même le début effectif des compétitions.

Cette arrivée tardive a eu des conséquences sportives immédiates. L’équipe nationale de badminton a manqué la compétition par équipes, tandis que l’un des principaux espoirs de médaille du Sénégal n’a pas pu concourir dans la première épreuve natation féminine où le podium était pourtant à portée de main.

À ce niveau, chaque heure compte ; en perdre plusieurs jours revient à hypothéquer toute ambition.
À l’origine de ce retard, des voyages éprouvants, organisés en ordre dispersé. Un premier groupe, parti jeudi soir de Dakar à destination d’Istanbul, a été confronté à une situation pour le moins choquante.

Faute de visa, les jeunes athlètes ont été bloqués à l’aéroport turc, contraints de regarder leur avion repartir sans eux. Déboussolés, livrés à eux-mêmes, certains ont craqué, en pleurs, face à une situation qu’ils ne maîtrisaient pas.
Face à l’urgence, le ministère des Sports est intervenu en catastrophe, en affrétant de nouveaux billets via Istanbul,

Addis-Abeba, puis Luanda. Ces athlètes ne sont finalement arrivés en Angola que ce samedi, quasiment au même moment qu’un second groupe parti le lendemain, vendredi, par Dakar–Dubaï–Luanda, après plus de 17 heures de vol.
Un dernier contingent, faute de places dans les deux premiers trajets, quitte Dakar ce dimanche, alors que les Jeux sont déjà bien entamés.

À ces difficultés logistiques se sont ajoutés des problèmes administratifs majeurs. Selon les informations de VIBRACTU, les athlètes sénégalais ne disposaient pas initialement des accréditations obligatoires pour participer aux Jeux.

La situation a finalement été débloquée grâce à l’intervention du Comité national olympique et sportif sénégalais (CNOSS). Contacté par le comité local d’organisation angolais, le CNOSS, seule structure habilitée, a donné son autorisation pour l’accréditation des athlètes… à distance.

Pourtant, aucun représentant du CNOSS n’est présent à Luanda, malgré une demande transmise au ministère des Sports. D’après nos sources, la tutelle a fait le choix de coordonner directement avec certaines fédérations, mettant volontairement de côté Diagna Ndiaye et son équipe, une décision qui interroge au regard des difficultés rencontrées sur le terrain.

Dans ce climat d’incertitude, toutes les fédérations n’ont pas suivi. Celles du beach-volley et du tennis de table ont préféré renoncer à la participation, estimant les délais trop courts et les garanties insuffisantes. Leurs athlètes sont restés à Dakar, évitant ainsi une aventure à hauts risques.

À Luanda, les problèmes sont loin d’être terminés pour la délégation sénégalaise. Les conditions d’hébergement ne répondent pas aux exigences minimales de performance. Athlètes et encadreurs sont entassés dans des chambres pouvant accueillir jusqu’à 15 ou 20 personnes, parfois dans de simples dortoirs.

Dans un tel environnement, récupération, concentration et préparation deviennent secondaires, presque impossibles.
Au final, cette participation sénégalaise aux Jeux Africains de la jeunesse ressemble davantage à une improvisation subie qu’à un projet sportif structuré. Retards, absence de coordination, décisions prises dans l’urgence par la ministre des Sports Khady Diéne Gaye et ses collaborateurs : autant de manquements qui pénalisent directement de jeunes athlètes venus défendre le drapeau national.

Pour beaucoup d’entre eux, ces Jeux n’auront pas été l’occasion de se révéler, mais plutôt une leçon amère. Celle d’avoir été envoyés dans une compétition internationale sans les moyens, sans l’encadrement et sans la considération nécessaires, transformant un rendez-vous majeur de leur jeune carrière en une expérience frustrante, à la frontière entre compétition manquée et tourisme forcé.

VIBRACTU



Ousseynou Wade