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Khadia Sall, ex-mannequin dit tout: "J’ai subi des attouchements à 7 ans, quelques années plus tard mon maître d’école m’a violée et à 19 ans, j’ai vécu un viol collectif"

Rédigé par leral.net le Samedi 15 Février 2014 à 20:52 | | 0 commentaire(s)|

L’OBS - C’est l’une des mannequins les plus doués de sa génération. A 31 ans, alors qu’elle a tiré un trait sur les planches, Khadia Sall est une jeune femme radieuse. Tandis que sa vie, elle, n’a pas toujours été reluisante. Entre une enfance et une jeunesse bafouées par des viols à répétition et les affres d’un divorce scandaleux, l’ancienne Miss Rufisque a un passé chargé. Dans cette interview-vérité, elle nous ouvre les portes de son jardin secret et se confie sans strass, ni paillettes.


Khadia Sall, ex-mannequin dit tout: "J’ai subi des attouchements à 7 ans, quelques années plus tard mon maître d’école m’a violée et à 19 ans, j’ai vécu un viol collectif"
Votre visage nous est familier grâce aux affiches publicitaires. Pouvez-vous nous parler de vous ?

Je m’appelle Khadia Sall. Après mon baccalauréat, j’ai fait deux ans de Commerce International. Par la suite, j’ai suivi une formation de deux ans aussi comme styliste chez Sadiya Guèye. En 2004, alors que j’étais encore élève, j’ai été élue Miss Rufisque. C’est à partir de là que j’ai commencé à défiler pour des stylistes de renom et j’ai été reconnue du public. Grâce à cela, j’ai été retenue pour participer à l’élection Miss Malaïka et j’ai terminé dauphine. Après cela, j’ai continué mon périple dans le mannequinat, avec quelques sorties du pays. J’ai eu l’occasion de faire beaucoup de publicités. D’ailleurs, en 2010, j’ai été consacrée meilleure actrice de publicités, lors de la Fashion Awards d’Adama Paris. Je suis aussi dans le cinéma. J’ai déjà fait trois films et deux feuilletons, un long métrage est en cours. J’œuvre également dans le bénévolat.

Depuis un certain temps, vous vous faites rare sur les podiums. Pourquoi ?

Ce n’est pas que je me fais rare, mais je me suis carrément écartée des podiums. A un moment, il faut accepter de vieillir et de céder la place aux jeunes. J’ai défilé pour la dernière fois pour la Sira Vision, c’était en 2010. Après, j’ai décidé de tout envoyer promener pour m’occuper de mes propres affaires. Cela me demandait beaucoup de travail, de temps et de concentration. Etant donné que j’adore le boulot bien fait, je préfère avoir le temps nécessaire pour satisfaire mes clients. Forcément, cela n’allait pas avec les castings, les essayages, les répétitions et tout le tralala avant les défilés. Pire encore, les cachets des mannequins au Sénégal ne valent pas la peine de se sacrifier.

Vous avez mis entre parenthèses votre carrière pour vous investir dans votre agence. Quelles activités y menez-vous ?

C’est une agence de casting et non de mannequinat comme le pensent beaucoup. Lorsqu’on prépare des publicités, des films et autres, on fait appelle à moi pour trouver des acteurs, selon un profil bien donné. C’est en fonction de cela que moi je fais d’abord une présélection avant de l’envoyer aux clients qui va en retour faire une sélection finale. Je forme aussi des hôtesses et des stewards pour certaines écoles, car je suis professeur de bienséance et bonne manière. Il m’arrive d’avoir aussi des clients privés à qui je donne des cours de communication.

Arrivez-vous à tirer votre épingle du jeu, vu que des agences de ce genre pullulent dans la capitale ?

J’ai connu la crise comme tout le monde en 2013. Toutefois, à l’orée de 2014, les choses s’annoncent plutôt pas mal pour moi. Je rends grâce à Dieu.

«Je continue à avoir une vie assez troublante»

Un retour en arrière. Vous avez eu une enfance quelque peu troublante marquée par des viols à répétition…

Mais je continue à avoir une vie assez troublante. Cette partie de ma vie m’a beaucoup freinée, même si maintenant, je me sens beaucoup plu forte, prête à aller de l’avant. J’ai vécu une enfance très perturbée qui n’est pas facile à supporter, mais cela m’a énormément forgé le caractère. Je suis devenue une femme qui sait ce qu’elle veut et qui se bat pour l’obtenir. Je ne veux plus regarder en arrière et renouer avec les événements troublants de mon passé.

Comment se fait-il que vous n’ayez jamais songé à ester en justice après avoir subi les assauts répétés de la part de certains individus, dont un membre de votre famille ?

Ce qui s’est réellement passé c’est que j’ai été dans une maison où j’ai subi des attouchements de la part d’un parent. A l’époque, j’avais 7 ans et je n’avais pas encore la faculté de percevoir les choses. Forcément cela m’a perturbée. Quelques années après, j’ai été violée par un maître d’école. Il me donnait des cours particuliers chez lui avec ses nièces, pour combler des retards que j’avais eus. Après cette étape tumultueuse, j’avais 19 ans, j’ai vécu un autre viol, cette fois-ci collectif. Trois gaillards se sont relayés sur moi. C’était plus une vengeance qu’autre chose, car je connaissais bien mes bourreaux, nous étions ensemble au primaire. Ils m’ont fait payé le fait que j’étais une fille qui se comportait comme un homme. Je prenais tout le temps la défense des filles et je n’hésitais pas à me battre avec eux. L’âge nous a rattrapés. Nous avons grandi et chacun a fait son chemin. Un jour, alors que j’étais restée à la bibliothèque du lycée jusqu’à une heure assez tardive, ils en ont profité pour se venger. Je n’ai pas osé parler de cette affaire parce que je ne voulais pas être jetée en pâture devant l’opinion publique. J’avais honte et en plus, je subissais constamment leurs menaces. Je n’avais aucune envie que les gens aient pitié de moi. C’est lorsque j’ai été élue Miss Rufisque à 22 ans que j’ai commencé à prendre conscience de la gravité des faits dont j’ai été victime. Puisque j’avais une image à porter, je me suis dit que ce n’était pas le bon moment pour en parler. De plus, je suis dans une famille très conservatrice et très religieuse, je ne voulais pas les embarquer dans cette histoire. C’est bien après que j’en ai parlé publiquement, histoire de faire cesser les menaces que me faisaient mes violeurs. Sauf que ce n’est jamais aisé pour une femme de supporter le regard des autres.

Votre famille, comment a-t-elle réagi à vos tardives révélations ?

Certains m’en ont voulu et ils continuent de toujours m’en vouloir. Tandis que d’autres m’ont carrément appelée pour m’abreuver d’injures. Les histoires de famille restent taboues au Sénégal. Sauf que moi, j’avais besoin d’extérioriser mes mésaventures, car cela me hantait jour et nuit, je ne dormais plus.

«Je vois un psy, mais je ne suis pas folle»

Les menaces de vos bourreaux ont-elle cessé ?

Je n’ai plus de leurs nouvelles.

Aujourd’hui, vous avez fait table rase de cette sombre partie de votre vie. Comment vous y êtes-vous prise ?

Nous sommes au Sénégal et je reste persuadée que je ne suis pas la seule à avoir subi des sévices de ce genre. Aujourd’hui, je peux dire que jamais plus, je ne serai victime de cela, parce que je sais où mettre les pieds. Personne n’osera m’approcher pour me faire du mal.

Justement, quel a été le premier homme à qui vous avez réussi à faire confiance ?

Mon psychologue. Ici au Sénégal, on a tendance à penser que dès qu’on voit un psy, on est fou. Je ne suis pas du tout folle, j’avais juste besoin de me confier et c’est une sage-femme qui me l’a recommandé. Depuis, nous sommes restés de très bons amis et chaque fois que cela ne va pas, il est là.

«Trois ans après mon mariage, j’ai découvert que mon époux était marié à une autre Sénégalaise»

Toujours un œil dans le rétroviseur, votre divorce avec Christina Chevalier avait fait scandale, à cause des révélations qu’il a faites sur vous. Il vous accusait de ne pas être vertueuse, d’être une femme avide qui n’en voulait qu’à sa fortune ?

Si je ne suis pas vertueuse, pourquoi cherche-t-il toujours à me reconquérir ? Chevalier n’arrête pas de vouloir me récupérer. Si je suis si mauvaise qu’il le dit, pourquoi il me veut toujours ? Pourquoi ne cherche t-il pas meilleure que moi ? Ce qui me fait le plus mal dans cette histoire, ce n’est pas le fait qu’il ait raconté toutes ces balivernes dans la presse, mais c’est la lâcheté des gens derrière leurs claviers qui se mettent à balancer n’importe quel commentaire sur moi. Certains sont allés jusqu’à dire que je suis une vendeuse de ‘’soow’’ (lait caillé) qui a réussi à entrer dans les bonnes grâces d’un blanc à qui je me suis agrippée. Je n’ai rien de plus que les vendeuses de soow, mais ce sont quand-même des mensonges. Le jour où je sentirais le besoin de vendre du lait, je le ferais sans gêne. Mon ex-époux et mois, nous nous sommes connus alors que j’étais très jeune. Nous avons été ensemble pendant 7 ans, malgré tout. A cause de notre différence d’âge et de couleur de peau, tout le monde disait que notre mariage n’allait pas durer. Notre couple était très mal perçu, mais je me disais qu’en amour, il n’y a pas de couleur. Nous sommes tous égaux devant Dieu. A maintes reprises, des petites filles ont été données en mariage à des vieillards sans que cela ne choque personne. Mais puisque Christian est un blanc, dans la vision des Sénégalais, c’est malsain. Avec lui, j’ai vécu pas mal de choses, du bon comme du mauvais.

Qu’est-ce qui n’a pas marché entre vous ?

Il a lui-même dit que nous n’étions mariés qu’à la mosquée. Il faut se demander pourquoi nous ne nous sommes pas unis à la Mairie. 3 ans après notre mariage, j’ai découvert qu’il était toujours marié à une autre Sénégalaise. Donc il ne pouvait pas avoir de papiers légaux pour se marier à la Mairie, sinon il serait bigame.

«Christian n’arrêtait pas d’organiser des partouzes et de sortir avec ses élèves»

Il s’était converti à l’Islam, ce qui implique qu’il avait droit à plusieurs épouses…

Mais avec sa première épouse, il s’était marié sous le régime de la monogamie. En plus, il disait s’être soi-disant converti à l’Islam, alors qu’il continuait à boire de l’alcool, il ne priait jamais. Je réclamais toujours que notre union soit officialisée, mais j’ai fini par renoncer par crainte qu’il ne pense que je voulais avoir des papiers. Alors qu’avant de le connaître, j’ai voyagé à maintes reprises. Un jour, je suis tombée sur une lettre d’une femme qui lui disait que son fils le réclamait toujours. Je l’ai interpellé là-dessus et il m’a avoué qu’il avait un autre enfant que je ne connaissais pas. Quelque temps après, ma femme de ménage est venu faire un scandale à la maison parce qu’elle avait été engrossée par mon mari. Cela m’a mise hors de moi, à tel point que j’ai réclamé le divorce. Pendant deux ans, il m’a fait valser et pendant ce temps, il continuait à fréquenter qui il voulait. Des femmes m’appelaient pour m’intimider à des heures tardives. Il sortait même avec une de mes élèves de l’agence. J’en ai eu par-dessus la tête et je lui ai dit que de toute manière, je ne considérais plus notre union, vu qu’elle n’était pas légale. Avant de m’épouser, il était déjà marié à une autre sous le régime de la monogamie. Sans qu’il me répudie, j’ai quitté la maison pour vivre ma vie. Il a quand-même continué à me harceler. Entre temps, il s’est installé en Guinée et a appelé ma mère pour lui dire qu’il me répudiait. A l’époque, il m’a même dit qu’il sortait avec la Miss ou la dauphine de Guinée et qu’il avait envie de refaire sa vie. J’étais soulagée et je me suis dit que je pouvais enfin refaire ma vie. Lorsqu’il a eu écho de mon remariage, il est revenu expressément de Guinée pour me gâcher la vie. Actuellement, il dit être retourné pour de bon en France, mais il n’arrête pas de m’appeler pour me dire que je suis toujours sa femme. Avant-hier, il m’a envoyé un message pour me dire que nous sommes dans la semaine de Saint-Valentin et qu’il pense toujours aux bonnes choses que je lui ai données. Qu’il espérait me récupérer car il est persuadé que je ne peux pas être heureuse sans lui. C’est un homme que j’ai découvert petit-à-petit et il m’a fallu fouiner pour bien le connaître. Un homme qui travaillait au Café de Rome s’est offusqué quand il a su que j’étais avec lui. Il m’a dit que Christian n’arrêtait pas d’organiser des partouzes et sortait avec ses élèves. Maintenant, je me rends compte que j’ai fait une erreur de casting.

«J’avais à mes pieds des Ministres et des milliardaires»

N’êtes-vous pas tombé dans le piège de l’argent facile, en épousant un homme blanc bourré de fric, plus âgé ?

Lorsque j’ai connu Christian, il était chômeur depuis 6 mois.

Il disait avoir hérité de 80 000 euros de son père…

Je l’ai su à travers la presse. Peut-être que son argent a servi pour les autres filles qu’il entretenait. Si j’avais profité de ses sous, à l’heure qu’il est, je roulerais dans une belle voiture et j’aurais une garde-robe haut de gamme. Je circule toujours en taxi et je ne porte que de jeans. Parfois, il me donnait de l’argent, ce qui est tout-à-fait normal pour des conjoints. Mais le plus souvent, je lui empruntais de l’argent pour ensuite le lui rembourser. Nous partagions les factures de la maison. Un jour, alors que j’avais déjà quitté le domicile conjugal, son fils m’a appelée en panique pour me dire que son père a piqué une crise cardiaque. Je me suis immédiatement rendue à la maison. Je lui ai fait un massage cardiaque avant de le transporter à la clinique où il est resté pendant une semaine. J’ai dépensé une petite fortune pour ses soins. Je ne le regrette pas, car les sentiments étaient toujours là. Si ce n’était qu’un mariage d’intérêt, je n’aurais jamais choisi Chevalier. J’avais à mes pieds des ministres et des milliardaires. Si j’ai choisi de m’unir à lui c’est parce que nous étions amis avant de sortir ensemble. D’ailleurs, lorsque nous nous sommes mariés, nous n’avons consommé notre mariage que 4 mois après. Avec tout ce que j’ai vécu, je n’étais pas prête à me donner.

Il a également déclaré que vous l’aviez trompé et que vous découchiez tous les soirs…

Il était juste jaloux parce que je lui avais interdit de venir à mes tournages. Auparavant, il m’accompagnait partout et me servait quasiment de chauffeur. Mais une fois, il est intervenu dans mon tournage en donnant des directives au réalisateur. J’avais peur qu’il me fasse planter par mes employés, j’ai décidé qu’il ne viendrait plus avec moi. Etant donné que je travaillais parfois très tard, il en a déduit que je le trompais. Pendant une semaine, j’ai dormi chez une amie, le temps de trouver un appartement. Nous étions en séparation de corps. D’ailleurs, j’ai même fini par me brouiller avec cette amie parce que je croyais qu’elle s’était accoquinée avec Christian. Elle lui fournissait des renseignements sur moi et j’ai décidé de quitter sa maison sans même la mettre au courant. Au bout du compte, j’ai compris mon erreur, car cette fille ne voulait que mon bien et voulait me réconcilier avec Chevalier. Elle croyait que c’était la meilleure chose pour moi.

Vous vous êtes remariée juste après votre divorce. Est-ce à dire que vous fréquentiez votre nouveau conjoint avant qu’il ne vous répudie ?

Il m’a accordé le divorce un an avant que je ne remarie avec Christian Camara. Nous nous sommes connus, deux mois plus tard, nous étions mariés. Actuellement, il vit à Saly et moi, je suis à Dakar. Nous sommes séparés à cause de nos différents boulots.

Avez-vous réussi à trouver le bonheur à ses côtés ?

Tant que je travaille, je suis heureuse. C’est toujours bon, d’être avec l’être aimé, mais mon travail compte beaucoup. Si un homme me demandait de choisir entre mon boulot et lui, je l’enverrais balader sans hésiter. Ce ne sont pas les sentiments qui règlent les problèmes, mais l’argent. Et, je ne vais pas me prostituer pour l’avoir. J’envisage d’avoir des enfants et j’aimerais leur laisser quelque chose lorsque je ne serai plus de ce monde. Pour cela, il faut bosser.

PAR MARIA DOMINICA T. DIEDHIOU