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Kim Jong-un est arrivé en Chine pour une rencontre multilatérale inédite avec Xi Jinping et Vladimir Poutine

Rédigé par leral.net le Mardi 2 Septembre 2025 à 11:02 | | 0 commentaire(s)|

Kim Jong-un est arrivé en Chine pour une rencontre multilatérale inédite avec Xi Jinping et Vladimir Poutine
La présence de Kim Jong-un à la parade qui célébrera mercredi 3 septembre, les 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale, s'annonce historique. Un convoi portant le drapeau nord-coréen et similaire à celui déjà employé par lui dans le passé, a été vu approcher de la gare de Pékin.

Kim Jong-un n'a pas quitté son pays, reclus et soumis à de lourdes sanctions internationales, depuis un déplacement en Russie en septembre 2023. Ce sera seulement sa neuvième sortie de Corée du Nord depuis son accession au pouvoir fin 2011, sans compter deux brefs passages dans la zone démilitarisée à la frontière avec la Corée du Sud.

Une arrivée entourée du plus grand secret

L'agence sud-coréenne Yonhap a aussi annoncé l'arrivée dans la capitale chinoise du train présumé convoyer le dictateur nord-coréen, au terme d'un trajet de 1 300 kilomètres et d'environ une journée. Son arrivée et son voyage sont entourés du plus grand secret, comme une grande part de ses activités.

L'agence nord-coréenne KCNA a publié des photos de Kim Jong-un fumant une cigarette sur le quai avant d'embarquer à bord du train vert olive à liseré or. Un autre cliché le montre tout sourire, assis avec des collaborateurs à une table de travail devant le drapeau national dans un compartiment à boiseries.

Kim Jong-un fait partie des 26 chefs d'État et de gouvernement du monde entier invités à l'évènement monumental prévu autour du président Xi Jinping. Le président russe Vladimir Poutine y assistera également. La mise en scène protocolaire est gardée secrète.

Le train blindé de Kim Jong-un, une «forteresse ambulante»

Lent, luxueux et équipé de dispositifs dignes de James Bond : le train blindé à bord duquel Kim Jong-un est entré en Chine mardi 2 septembre pour assister à un défilé militaire à Pékin est surnommé la « forteresse ambulante ». Ce train de couleur vert olive accompagne le dirigeant nord-coréen dans la plupart de ses voyages. Comme Staline avant eux, les dirigeants nord-coréens évitent l'avion, jugé trop vulnérable. Kim Jong-un ne déroge pas à une tradition lancée par son grand-père Kim Il-sung et perpétuée par son père Kim Jong-il.

En 2001, il avait fallu pas moins de 24 jours à son père pour effectuer un aller-retour Pyongyang-Moscou, un marathon de quelque 20 000 km. Un officiel russe, convié à bord, Konstantin Pulikovsky, avait témoigné du luxe régnant à bord du train, où étaient servis homard et vins français. Selon la version officielle, c'est d'ailleurs dans son train que Kim Il-sung est mort d'une crise cardiaque en 2011, lors d'une « visite de terrain » en province.

Intégralement blindé

Fabriqué à Pyongyang en plusieurs exemplaires quasi-identiques, le train de Kim est intégralement blindé, des vitres jusqu'aux parois en passant par le plancher, ce qui le met en principe à l'abri des balles et des explosifs. Si l'on en croit le ministère sud-coréen de l'Unification, « il dispose d'armes d'assaut et d'un hélicoptère utilisable en cas d'urgence ». Revers de la médaille : en raison du poids de ces équipements, le train ne peut pas dépasser les 60 km/h. Reste qu'il offre des conditions de sécurité incomparables comparé à l'avion, où les « chances de survie sont considérablement réduites » en cas d'attaque, relève le ministère sud-coréen. Il peut en outre faire machine arrière en cas d'imprévu et ses itinéraires sont « plus difficiles à prévoir » que ceux d'un avion. Kim Jong-un fait aussi déployer des militaires tout le long des tracés qu'il emprunte, comme cela avait été le cas lors de son déplacement à Hanoï en 2019.

Kim Jong-un a déjà utilisé l'avion

Contrairement à son père, phobique de l'avion, Kim Jong-un ne déteste pas voler. Un film de propagande l'a même montré aux manettes d'un appareil en 2014. Par le passé, il s'est rendu à trois reprises en avion à l'étranger - deux fois pour aller en Chine et une autre fois pour assister à Singapour à un sommet avec Donald Trump en 2018.

Le régime nord-coréen dispose d'un avion officiel, le « Chammae-1 », du nom de l'oiseau emblématique de Corée du Nord. Ce vieil Iliouchine-62 de fabrication soviétique n'offre plus nécessairement toutes les garanties de fiabilité, selon des spécialistes. Pour le sommet de 2018, le « Chammae-1 » avait bel et bien volé de Pyongyang à Singapour. Mais il avait fait office de leurre, Kim Jong-un ne se trouvant pas à bord : le dirigeant avait pris place à bord d'un vrai-faux vol commercial d'Air China.

Le Boeing 747 avait décollé de Pyongyang sous le numéro CA122, celui d'un vol régulier pour Pékin. En vol, il avait toutefois changé de direction et d'immatriculation pour se diriger vers Singapour, selon les données du site Flightradar24.

Une apparition en public serait inédite

Le Renseignement sud-coréen s'attend à ce que Kim Jong-un reçoive un « traitement exceptionnel » et à ce qu'il soit placé aux côtés des présidents chinois et russe, a dit un député sud-coréen à sa sortie d'un briefing avec ces services. Les spéculations vont bon train sur une rencontre ultérieure Kim-Xi-Poutine. À elle seule, l'apparition de Kim Jong-un en public au milieu d'un certain nombre de dirigeants étrangers lors du défilé, voire de la réception qui suivra, serait inédite.

Avec cette image, la Chine frapperait un grand coup dans un contexte de rivalité exacerbée avec les États-Unis. Le défilé parachèvera une séquence où Pékin s'est employé à faire la démonstration de son emprise diplomatique et de sa puissance militaire.

La sécurité dans la capitale chinoise a été considérablement renforcée en vue du défilé. Des soldats ont pris position sur les ponts et au coin des rues. Des kilomètres de barrières métalliques ont été prépositionnées le long des avenues. Les Pékinois se creusent la tête pour savoir comment ils se déplaceront mercredi en contournant les quartiers interdits à la circulation.

RFI avec AFP