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L'AGONIE DE PANAPRESS, L'HÉRITAGE OUBLIÉ D'AMADOU-MAHTAR M'BOW

Rédigé par leral.net le Mardi 28 Octobre 2025 à 00:26 | | 0 commentaire(s)|

Si le Sénégal a accueilli sur son sol et octroyé à la PANA un accord de siège, un statut diplomatique, des exonérations, et est membre influent du Conseil d’administration, ce n’est pas pour lui permettre de violer impunément les droits des travailleurs

Ce 28 octobre 2025, journée de commémoration de la disparition du regretté professeur Amadou Makhtar Mbow, ancien secrétaire général de l’Unesco que le président de la République Sénégal, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, présente comme « un modèle de vertu et de citoyenneté exemplaire », nous venons encore une fois, inlassablement, sonner le tocsin et battre le rappel en ce qui concerne la situation alarmante et angoissante dans laquelle se trouve plongée depuis des décennies l’Agence panafricaine d’information (Panapress) qui était un projet cher au Professeur Mbow.

En ce jour dédié au grand homme, nous nous joignons aux hommages rendus au Professeur Mbow par toute la nation pour tous ses combats contre l’injustice et pour la dignité des peuples opprimés, mais surtout pour son projet et sa bataille héroique pour un Nouvel Ordre Mondial de l'Information et de la Communication (NOMIC) qui a marqué son mandat à la tête de l’Unesco de 1974 à 1987. Cette initiative portée pour le rétablissement des équilibres informationnels et communicationnels entre le Nord et le Sud a été à l’origine de la création de l’Agence panafricaine d’information et de communication. Hélas, Panapress (ou PANA) qui devait être un outil pour susciter une autre approche de l’information et de la communication qui sont sous la mainmise des grandes agences de presse de l’Occident, est plongée dans une agonie sans fin.

Nous, employés et anciens employés de Panapress — journalistes, photographes, spécialistes des technologies de l’information, traducteurs, personnel administratif et technique — avons pendant des décennies essayé d’apporter notre pierre à l’édifice en acceptant de travailler très souvent sans compter les heures, sans salaire à la fin du mois, et tout cela pour relever le défi d’une perspective africaine de l’information et de la communication que les dirigeants de la Pana nous avaient vendu, défi auquel ils étaient les derniers à y croire. En effet, le management nébuleux, gabégique, patrimonial et brutal par une poignée d’individus et mis en œuvre par le Directeur général Babacar Fall qui est à la tête de l’institution depuis plus de trentre trois (33) années a mis la PANA dans une situation de crise structurelle permanente et la situation de faillite est devenue évidente.

En plus du sabordage de l’outil qui avait suscité tant d’espoirs à ses débuts, nous, personnel et anciens employés de Panapress, nous nous retrouvons en fin de compte avec un cumul de salaires non payés qui revient à plusieurs années d’arriérés. La réaction du directeur général face aux membres du collectif des employés qui réclament leurs arrérés de salaire dus n’a été que le silence, le mépris et des mesure de rétorsions, notamment le licenciement illégal, abusif et massif des employés en grève.

C’est pourquoi en cette occasion qui y sied, nous interpellons encore une fois le président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, le Premier ministre Ousmane Sonko et tous les membres du gouvernement pour qu’ils nous aident à trouver une solution. Si le Sénégal a accueilli sur son sol et octroyé à la PANA un accord de siège, un statut diplomatique, des exonérations, et est membre influent du Conseil d’administration, ce n’est certainement pas pour lui permettre de violer impunément les droits les plus élémentaires des travailleurs et de piétiner le Code du travail du pays.

Nous interpellons le chef de l’État et le gouvernement parce que le Sénégal ocroie annuellement une subvention sous forme de contribution financière à la Pana et dans ce contexte de reddition des comptes la lumière doit être faite sur l’utilisation de ces fonds.

Nous profitons de l’occasion pour lancer un appel à tous les représentants des pays africains, du Tiers-Monde et du Sud Global à nous aider à remettre en place Panapress et ce sera assurément le meilleur moyen de rendre hommage au Professeur Amadou Makhtar Mbow qui, toute sa vie durant, a lutté pour une information et une communication équilibrée et plurielle.

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Farid


Source : https://www.seneplus.com/media/lagonie-de-panapres...