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L'ALERTE A LA CATASTROPHE DE WALL STREET SUR LE SÉNÉGAL

Rédigé par leral.net le Vendredi 12 Décembre 2025 à 21:20 | | 0 commentaire(s)|

Faute d'ajustements budgétaires extraordinaires, un défaut ou une restructuration apparaît « de plus en plus inévitable », selon une note de l'équipe « EMsights Capital Group » d'Artisan Partners, décrit comme "un investisseur “real money”

(SenePlus) - Alors que Dakar est déjà engagé dans un bras de fer diplomatique inédit avec Paris, marqué par la suspension des extraditions, un autre front, tout aussi périlleux, s'ouvre sur les marchés financiers. Dans une note incendiaire publiée ce 11 décembre 2025, la société de gestion d’actifs américaine Artisan Partners dresse un constat sans appel : plombé par une dette insoutenable et des dissensions au sommet de l’État, le Sénégal se dirige tout droit vers un défaut de paiement.

Le diagnostic posé par l'équipe « EMsights Capital Group » d'Artisan Partners, sonne comme un avertissement brutal pour les investisseurs. Alors que la dette des marchés émergents connaît une année faste, le Sénégal fait figure d'exception, ses eurobonds naviguant « juste au-dessus du territoire de la détresse ». La raison est arithmétique : les audits lancés par le duo Faye-Sonko ont révélé une ampleur de « dette cachée » bien supérieure aux attentes. Selon le rapport, la dette du secteur public avoisinait les « 132% du PIB à la fin de 2024 ». Même en tenant compte de la refonte du calcul du PIB, le ratio restera « bien au-delà de 100% », rendant les fondations de l'économie sénégalaise trop fragiles pour être sauvées par de simples « réparations cosmétiques ».​

Ce qui inquiète particulièrement les analystes, c’est la superposition de cette crise financière avec une crise politique majeure, qui fait écho aux tensions diplomatiques récentes. L'alliance autrefois saluée entre le Président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko, est désormais décrite comme étant « en conflit ouvert ».​

La note rapporte que le gouvernement serait divisé. Le nœud de la discorde ? La stratégie face aux créanciers. Ousmane Sonko réclamerait du temps pour prouver qu'une restructuration n'est pas nécessaire, tandis que le Président Faye, plus pragmatique face aux chiffres, saurait que « les mathématiques disent le contraire ». Pour Artisan Partners, ce drame politique serait presque divertissant si l'enjeu n'était pas d'éviter la faillite d'une nation.​

Le mirage des hydrocarbures

Les espoirs placés dans la manne pétrolière et gazière pour éponger cette dette sont balayés par le rapport. Si les projets Sangomar et GTA sont des réussites, les recettes fiscales qu'ils généreront ne suffiront pas à « effacer miraculeusement un ratio de dette à trois chiffres ». Pire, le projet phare Yakaar-Teranga est jugé si compromis que les grandes compagnies pétrolières déclinent poliment les sollicitations, et même l'agence publique COS Petrogaz admettrait désormais que la vision originale n'est « pas financièrement réalisable ».​

Malgré le financement sécurisé pour 2025 et un plan 2026 qui repose lourdement sur le marché de l'UEMOA, les analystes considèrent ces mesures comme des « pansements de liquidité, pas des remèdes ». Avec des banques locales dont 25% des bilans sont déjà exposés au risque souverain, la marge de manœuvre est infime.​

La conclusion d'Artisan Partners est glaçante : « La transparence est louable ; les mathématiques sont impitoyables. » Faute d'ajustements budgétaires extraordinaires, un défaut – ou une restructuration qui « y ressemble, sonne et se ressent comme tel » – apparaît « de plus en plus inévitable ». Pour le gestionnaire d'actifs, la maison fiscale sénégalaise ne se contente pas de trembler, elle se transforme en un « effondrement au ralenti ».

Un signal d'alarme crédible, loin de la spéculation

Au-delà des chiffres, c'est la nature même de l'émetteur de cette note qui renforce la gravité du message. Comme l'analyse Abdoulaye Ndiaye, professeur d'économie à l'Université de New York, Artisan Partners est un investisseur « real money », c'est-à-dire un acteur « long-only » qui investit sur le long terme et « ne peut pas monétiser un défaut du Sénégal par une position short ».​

Contrairement à des institutions qui parient à la baisse, ce type d'investisseur a « généralement tout à perdre à faire publiquement mauvaise presse à un émetteur souverain », explique l'économiste sur X (anciennement Twitter). Le fait qu'un tel partenaire choisisse de publier une analyse concluant à un risque de défaut élevé constitue donc « un signal d'alerte sérieux, indépendamment de toute spéculation de marché ». Pour Abdoulaye Ndiaye, cela suggère que « du point de vue de certains investisseurs institutionnels long terme, le Sénégal pourrait ne pas revenir sur les marchés internationaux avant plusieurs années »

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Farid

Source : https://www.seneplus.com/economie/lalerte-catastro...