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L'Épilogue d'une Impunité : de « Sylvia Bongo » à « Sylvie Valentin », Vingt ans de prison confirment l'échec du déni

Rédigé par leral.net le Jeudi 13 Novembre 2025 à 16:56 | | 0 commentaire(s)|

La Cour Criminelle Spéciale a mis un point final spectaculaire à l'affaire Bongo Valentin. L'ex-Première Dame du Gabon, Sylvia Bongo Ondimba, et son fils Noureddin ont été condamnés par contumace à vingt ans de réclusion criminelle pour détournement massif de fonds publics et blanchiment de capitaux.
Au-delà des sommes colossales en jeu, ce procès restera marqué par une tentative désespérée et symbolique de fuir la justice : le déni d'identité orchestré par l'ex-First Lady elle-même. (...)

- JUSTICE /

La Cour Criminelle Spéciale a mis un point final spectaculaire à l'affaire Bongo Valentin. L'ex-Première Dame du Gabon, Sylvia Bongo Ondimba, et son fils Noureddin ont été condamnés par contumace à vingt ans de réclusion criminelle pour détournement massif de fonds publics et blanchiment de capitaux.

Au-delà des sommes colossales en jeu, ce procès restera marqué par une tentative désespérée et symbolique de fuir la justice : le déni d'identité orchestré par l'ex-First Lady elle-même.

L'audience de la honte : quand « Sylvia » Devient « Sylvie »

L'épisode le plus saisissant de cette saga judiciaire s'est déroulé en octobre 2023, lors de sa confrontation directe avec Brice Laccruche Alihanga, l'ancien directeur de cabinet qu'elle était accusée d'avoir fait incarcérer.

Alors que les preuves et les accusations s'amoncelaient, Sylvia Bongo a choisi une tactique radicale. Devant les magistrats, celle qui a régné sur le Gabon pendant quatorze ans sous le nom de Sylvia Bongo Ondimba a nié son identité publique, exigeant d'être appelée Sylvie Aimée Marie Valentin, reprenant ainsi son nom de naissance (Valentin) et son prénom d'état civil (Sylvie Aimée Marie).

Ce geste n'était pas anodin, mais une manœuvre purement procédurale visant à jeter le doute sur la légalité des poursuites. En contestant l'identité inscrite sur les documents d'accusation, elle cherchait à créer un vice de forme qui aurait pu potentiellement annuler l'ensemble de la procédure. C'était le signe d'une panique totale : après avoir bénéficié des fastes et du pouvoir liés au nom Bongo, elle tentait de s'en délester au moment où ce nom devenait synonyme de chute et de criminalité.

L'ancienne Première Dame, jadis intouchable, a donc renié l'identité qui lui a permis d'exercer une influence sans précédent sur les affaires de l'État sans jamais avoir de fonction officielle. Ce déni de la réalité, de sa propre histoire et du Gabon qui la connaissait, n'a fait qu'accentuer le sentiment d'une élite déconnectée et moralement faillie.

Le verdict : une sentence claire ignorant le déni

Le procès, qui s'est tenu par contumace suite à l'exil de l'ancienne Première Dame et de son fils à Londres, a abouti à une condamnation ferme et lourde : 20 ans de prison.
La question de l'identité, soulevée avec tant d'éclat par la défense, a finalement été balayée par le tribunal. La sentence prononcée l'a été contre : Sylvie Aimée Marie Valentin épouse Bongo et M. Nourreddin Bongo Valentin.

Le tribunal a ainsi entériné l'identité complète de l'accusée, conformément à son état civil, incluant ses noms de naissance et d'épouse. La justice gabonaise a refusé de tomber dans le piège de la technicité stérile. Le message est clair : que l'on s'appelle Sylvia ou Sylvie, le délinquant financier doit répondre de ses actes.

Cette condamnation, historique par sa sévérité et par le profil des condamnés, marque une véritable rupture avec l'ère de l'impunité qui prévalait au Gabon. Elle envoie un signal fort : même l'entourage le plus proche et le plus protégé du pouvoir n'échappera plus à la reddition des comptes face au détournement des deniers publics.

L'ère de la toute-puissance est terminée. Le nom, quel qu'il soit, ne confère plus l'immunité.

FK/MT



Source : https://www.gabonews.com/fr/actus/justice/article/...