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L'assassinat de Oumar Lamine Badji, le business MFDC : Graves révélations du Colonel Abdoulaye Aziz Ndaw

Les révélations du Colonel Abdoul Aziz Ndaw son renversantes. Elles font même peur. Dans les pages 98, 99 et 100, de son ouvrage intitulé "Pour l’honneur de la gendarmerie sénégalaise", publiés dans le journal EnQuête, l’ancien commandant en second de la gendarmerie, explique les méthodes "peu orthodoxe" de l’ancien Haut Commandant de la gendarmerie, le Général Abdoulaye Fall, alors chargé du dossier Casamance. Lisez


Rédigé par leral.net le Lundi 14 Juillet 2014 à 13:08 | | 0 commentaire(s)|

L'assassinat de Oumar Lamine Badji, le business MFDC : Graves révélations du Colonel Abdoulaye Aziz Ndaw
P98
Jamais, à ma connaissance, le MFDC n’a pu occuper et fortifier des positions, violer le sanctuaire national, si ce n’est avec la complicité coupable du Général qui fait croire à l’Etat l’imminence d’un cessez-le-feu et d’un Accord de paix.
En complicité avec le Chef d’Etat-major Général, qui avait fait refuser le contact à ses forces et avait laissé les rebelles se mouvoir en toute impunité, le Général gendarme alors CEMPART, consolidait les positions du MFDC. Dans une situation de drôle de guerre l’armée surveillait les rebelles sans possibilité de réduire ou au moins de Contrôler.
Leur mainmise sur la Guinée Bissau ne laissa pas de marbre le chef d’Etat-major, TAGME. Le Capitaine de vaisseaux, Samba Fall, Attaché militaire, fera son possible pour renseigner correctement sur le MFDC et son potentiel.
Samba Fall mettra les pressions et obtiendra des Guinéens de Bissau la réduction des bases rebelles installées à la frontière.
Les mensonges du Général Fall et la complicité du CEMGA, qui évitait les problèmes et les pertes, permirent au MFDC d’échapper à l’étau guinéen et de s’échapper vers la Gambie pour renouveler leurs bases et appuis avec l’aide du régime gambien.
Pendant deux ans, voire trois, les armées sur instruction présidentielle produite par le Général Fall, CEMPART, abandonneront au MFDC des positions qu’il sera très difficile de reconquérir. Les service de renseignements se taisaient sur la Casamance ou reçoivent les foudres du Général Fall, qui mentait et manipulait le Chef de l’Etat. Le vieux Président croyait, effectivement, que la paix était proche. Les militaires ne mourraient

P99
plus et la presse de ne se faisait plus écho d’une Casamance meurtrie et assommée.
Deux cent millions était fournis mensuellement au Général et à ses neveux gendarmes qu’il employait comme agents de liaison avec la Casamance et distributeurs de liasses pour corrompre des groupes de notables et de prétendus rebelles.
Ces personnes recevaient des miettes et chantaient au président de la République les louanges du Général qui faisait un excellent travail contre le MFDC alors qu’il était le principal complice de la rébellion. Une somme partie de cet argent était détournée pour construire des villas dans le verger de Niague. La confiance absolu du Président Wade envers le Général Fall donna des ailes au gendarme et des moyens illimités pour conduire la gestion du dossier, écartant les compétences et les bonnes volontés.
La gestion de ce dossier était incompatible avec le commandement de la gendarmerie. Je fis pression sur le Général pour qu’il abandonne le dossier en montrant au Président les difficultés de maintenir le cap avec les charges de la gendarmerie.
Les promesses faites à moi et à l’Etat major de la Gendarmerie restaient des mensonges et il se trouvait de plus en plus mêlé au dossier de la Casamance. Il fut plusieurs fois, contre toute logique, refusé une escorte au Président Mbaye Jacques Diop du CRAES, par rivalité sur la gestion du dossier. Je dus prendre sur moi la responsabilité de répondre favorablement aux demandes d’escorte de cette autorité. Sa fille, chef de son protocole, encore un népotisme de l’alternance, en était un témoin vivant.
Avec Farba Senghor, le combat fut plus rude du fait des appuis de Farba dans la famille présidentielle. Farba fera tout son possible pour démonter l’absence de résultat dans la gestion du dossier Casamance. Il conduira des délégations et des délégations de responsables et rebelles en audience chez le Président Wade.

P100

De bonne foi, sans pourtant avoir le discernement requis, il apporta son soutien avec des pans du MFDC pour trouver la paix. Il voulait servir. son Président en bon partisan
Le Général tenta de mettre le renseignement et la Section de Recherches contre lui pour mettre hors circuit. Farba répondit en s’impliquant dans tous les dossiers contre la Gendarmerie comme après l’intervention musclée d’Ouakam.
C’est dans ce cadre qu’intervint l’assassinat du Président du Conseil Régional de Ziguinchor. Omar Lamine Badji a été assassiné à la veille de la tabaski chez lui, devant sa famille.
Le meurtre avait tout l’air d’un assassinat programmé et exécuté sans faille par une bande armée. Tout laissait croire que cet assassinat était l’œuvre du MFDC qui entendait exécuter un des plus hauts responsables de la République en Casamance.
Le procédé n’était pas nouveau, un sous-préfet avait été exécuté et bien avant, un député aussi avait été exécuté. La surprise provenait cependant du fait que la victime était un Diola et il était rare et exceptionnel que le MFDC exécute de sang-froid un ressortissant de la Casamance.
Cet assassinat jeta l’émoi sur la République et nécessita une réponse appropriée de l’Etat.
La Gendarmerie prit l’enquête sous la direction du Colonel Meïssa Niang qui, très vite, avec l’appui des ressortissants du village de la victime, fit des avancées extraordinaires. La piste politique qui voudrait une rivalité entre responsables du PDS, du département de Bignona était vite exclue. Des personnes nommées ont été citées comme auteurs et complices.
Le Colonel et ses enquêteurs arrivèrent, dans des délais plus raisonnables, à arrêter des personnes impliquées et lancer des avis de recherches contre d’autres qui s’étaient réfugiées dans le maquis en rejoignant le MFDC.
Un personnage important, probable organisateur du meurtre, était arrêté une semaine après le déclenchement de l’enquête.