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L'éphémère gouvernement Lecornu démissionne, la France s'enfonce dans la crise politique

Rédigé par leral.net le Lundi 6 Octobre 2025 à 12:19 | | 0 commentaire(s)|

C'est une déflagration politique. Quelques heures à peine après avoir formé son gouvernement, Sébastien Lecornu a remis lundi sa démission à Emmanuel Macron, sous le feu des critiques et fragilisé de l'intérieur par la fronde des Républicains de Bruno Retailleau.


Le locataire de Matignon, nommé le 9 septembre et qui devait tenir son premier Conseil des ministres à la tête du gouvernement à 16h00, s'est rendu aux premières heures de la matinée à l'Élysée pour remettre sa démission au président, qui l'a acceptée, selon un communiqué de la présidence.

« Les conditions n'étaient plus remplies » pour rester Premier ministre, a-t-il déclaré un peu plus tard dans la cour de Matignon, regrettant « les appétits partisans » qui ont conduit à sa démission, une allusion claire à Bruno Retailleau, qui dimanche soir a précipité sa chute en remettant en cause la participation des Républicains au gouvernement à peine celui-ci formé.

Les partis politiques « continuent d'adopter une posture comme s'ils avaient tous la majorité absolue », a déploré Sébastien Lecornu, reconnaissant que son offre de renoncer au 49.3 pour redonner la main au Parlement n'avait « pas permis ce choc de se dire qu'on peut faire différemment ».

Il s'agit du gouvernement le plus bref de la Vᵉ République, à peine plus d'une douzaine d'heures. Sa chute plonge la France dans une crise politique sans précédent depuis des décennies. Cette instabilité provoquait lundi matin la chute de près de 2 % de la Bourse de Paris. Sur le marché obligataire, le taux d'intérêt français à dix ans était, lui, en forte hausse.

Un casting gouvernemental avec peu de changements

Que va faire le président de la République ? Dissoudre comme le demande le RN, démissionner comme le voudrait LFI ou renommer un nouveau Premier ministre ?

Troisième Premier ministre désigné en un an, après que la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024 a donné lieu à un hémicycle ingouvernable, divisé en trois blocs très polarisés, Sébastien Lecornu, un très proche d'Emmanuel Macron, s'est retrouvé fragilisé alors qu'il venait de composer dimanche soir un gouvernement de 18 ministres, dont 12 sortants reconduits dans leurs portefeuilles.

Très remonté face à une composition qui « ne reflète pas la rupture promise », le patron de LR Bruno Retailleau, lui-même reconduit à l'Intérieur, avait immédiatement convoqué en urgence le comité stratégique du parti, qui devait se tenir à 11 h 30. Mais la décision était semble-t-il déjà prise. LR ne pouvait pas « offrir un dernier tour de piste » à la Macronie, a expliqué lundi son vice-président François-Xavier Bellamy. Les Républicains n'ont pas « à redouter une dissolution ».

Principal objet de la rupture : le retour surprise aux Armées de Bruno Le Maire, symbole pour la droite du dérapage budgétaire des dernières années de gouvernements macronistes. Mais aussi la large part réservée à Renaissance dans le gouvernement — avec 10 ministres, contre 4 à LR. Quant au chef des centristes de l'UDI, Hervé Marseille, il a estimé dimanche auprès de l'AFP, que « les choix effectués par le Premier ministre redonnent à l'UDI sa liberté ».

Une chute éclair pour un proche du président

De tous les gouvernements depuis la première élection en 2017 d'Emmanuel Macron, ministre des Armées pendant plus de trois ans, Sébastien Lecornu avait manqué de peu Matignon l'année dernière. Il aura finalement été nommé début septembre à la tête du plus fugace gouvernement depuis la création de la Ve République en 1958 par Charles De Gaulle, précisément pour en finir avec l'instabilité gouvernementale d'alors.

En succédant à François Bayrou, il avait promis des « ruptures » sur la forme et sur le fond que les oppositions et la droite dans les derniers jours – estimaient ne pas voir venir. Privé comme ses prédécesseurs de majorité à l'Assemblée nationale, Sébastien Lecornu avait aussi promis en arrivant d'être « plus créatif », « plus sérieux dans la manière de travailler avec (les) oppositions ». Peu loquace, c'est en grande partie en coulisses qu'il a étendu son influence et tenté de négocier. En vain.

RFI avec agences