L’étau se resserre autour de Wade

A la veille du premier tour, le président sénégalais avait multiplié les déclarations au ton provocateur et fracassant. Convaincu de l’emporter, il avait dit de l’ensemble de ses adversaires qu’ils ne faisaient pas le poids.
Aujourd’hui, après la confirmation des résultats provisoires par le conseil constitutionnel, dans le camp du chef de l’Etat sortant, on se montre particulièrement silencieux. Il faut dire que le contexte ne se prête guère aux grandes déclarations qui font la singularité de Me Wade. Or, pour se livrer un tel jeu, il faut bien en avoir le prétexte. Ce qui n’est pas aujourd’hui le cas dans le camp du président sortant. Autour de la présidence sénégalaise, il semble plutôt régner une atmosphère de morosité et de résignation. Autant se préparer à affronter l’inéluctable issue avec une certaine dignité, entend-on dire autour d’Abdoulaye Wade.

La raison d’une telle attitude tient au fait que les véritables d’espoir s’amenuisent de jour en jour. A commencer par le rejet par le conseil constitutionnel des requêtes qui avaient été introduites par le candidat-président. Déjà, l’introduction même de ces recours avait été interprétée comme une absence de réelles initiatives. Au fait, catastrophé par l’imprévisible résultat du premier tour et sachant à quel destin cette inattendue perspective l’exposait, le candidat n’avait eu comme unique réaction que de contester les dits résultats. Malheureusement, pour une fois, les cinq sages, eux aussi, sentant que le vent était en train de tourner, ne l’ont pas suivi.
Dans la perspective du second tour, il n’y a rien de surprenant que tous les autres candidats se soient rangés derrière Macky Sall. Ce scénario là était plus que prévisible. Mais ce qui hébète vraiment les proches d’Abdoulaye Wade, c’est la difficulté qu’ils semblent avoir à convaincre certaines couches sociales sénégalaises notamment religieuses, à soutenir leur candidat. Pour deux raisons, cette ultime déconvenue a du mal à passer dans le camp de Wade.

D’abord parce que par le passé, certaines confréries religieuses avaient des liens quasi naturels avec le candidat sortant. Ensuite, parce qu’en face du ralliement collectif en faveur de son adversaire, les éventuelles consignes de vote émanant de certains leaders religieux représentaient le tout dernier motif d’espoir. Au grand désespoir de l’ancien opposant historique, aujourd’hui c’est le contraire qui se produit. Dans la mesure où on annonce que des Imams de Ziguinchor viennent d’appeler à voter contre Wade. Cette inhabituelle prise de position serait liée à la crise casamançaise que les chefs religieux accusent Abdoulaye Wade d’avoir rangé « aux oubliettes ».

A ce rythme, le président sénégalais aura de la peine à échapper au sort qu’il redoutait tant. Mais en fin de compte, c’est bien aux Sénégalais que reviendra le dernier mot. Comme ils l’avaient, du reste, fait savoir le 26 février dernier.
Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry

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