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LA CPI POUR TRANCHER LES FAITS DE 2021-2024 ?

Rédigé par leral.net le Mardi 29 Juillet 2025 à 00:01 | | 0 commentaire(s)|

"Forum shopping", procédures complexes, risque de justice sélective : Me Amadou Aly Kane redoute les dérives des poursuites nationales sur les violences politiques. L'avocat défenseur des droits de l'homme préconise plutôt un recours à La Haye

Dans l'émission "Soir d'Infos" sur TFM ce lundi 28 juillet 2025, Me Amadou Aly Kane, avocat à la cour et défenseur des droits de l'homme, a livré son analyse sur l'enquête judiciaire ouverte concernant les violences politiques survenues au Sénégal entre 2021 et 2024. Cette enquête, initiée par le ministre de la Justice Ousmane Diagne qui aurait saisi le procureur général selon le journal L'Observateur du jour, vise à faire la lumière sur la mort de 80 Sénégalais lors de ces événements tragiques.

Face aux complexités juridiques et procédurales que soulève cette affaire, l'avocat a formulé une recommandation surprenante. "Mon conseil personnel serait que ces faits, on les soumette à la CPI, à la Cour pénale internationale comme l'avait fait la Côte d'Ivoire à l'époque", a déclaré Me Kane lors de l'émission animée par Sarah Sissé.

L'avocat rappelle que des événements similaires s'étaient produits dans ce pays voisin, qui avait choisi de déférer la situation à la Cour pénale internationale. "C'est dans ce cadre que monsieur Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé avaient été poursuivis devant la CPI pour crime contre l'humanité", précise-t-il.

Cette recommandation s'appuie sur plusieurs préoccupations exprimées par l'expert juridique. D'abord, les complexités procédurales inhérentes au système judiciaire sénégalais, notamment concernant les poursuites contre les hauts gradés militaires qui nécessitent des procédures spéciales.

Plus préoccupant encore, Me Kane évoque le risque de "forum shopping" - l'accusation de choisir sélectivement les faits à poursuivre. "Il y a risque qu'on dise écoutez, vous avez pris la partie des faits qui vous intéresse et vous avez soumis à des juridictions sur lesquelles peut-être vous avez un certain contrôle", avertit-il.

L'avocat souligne que les violences de cette période impliquaient "deux camps" : l'opposition de l'époque et le pouvoir en place. Il craint que l'enquête ne vise principalement les actes reprochés au pouvoir d'alors, négligeant "les incendies volontaires" et autres dégâts matériels causés par l'opposition.

Les événements de 2021-2024 ont coûté entre 7 à 10 points de croissance économique au Sénégal, rappelle Me Kane. Dans un contexte déjà marqué par une "crise de l'endettement" et une "dégradation de notre note souveraine", l'avocat s'interroge : "Est-ce qu'on peut supporter un choc qui découlerait de ces poursuites ?"

Sa solution : "On laisse la CPI trancher, faire les investigations. Elle en a les moyens et elle en a les compétences. Et nous, on continue sur notre plan de relance, sur nos affaires domestiques."

Pour Me Kane, secrétaire général du parti R3D (Regard différent pour un développement durable), une procédure judiciaire réussie doit "respecter les droits de la défense, la présomption d'innocence, l'équilibre entre les parties". Elle doit également "emporter la conviction des jurés sur le plan international", pas seulement satisfaire "des militants ou des victimes" en excluant d'autres.

Cette position, qui tranche avec l'approche gouvernementale actuelle, soulève des questions importantes sur la meilleure voie à suivre pour rendre justice aux victimes tout en préservant la stabilité nationale. 

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Farid


Source : https://www.seneplus.com/politique/la-cpi-pour-tra...