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LE 8 NOVEMBRE À DAKAR, EN TÉRA MEETING SONKO, LE MPOX ET LA FIÈVRE DE LA VALLÉE DU RIFT

Rédigé par leral.net le Lundi 27 Octobre 2025 à 01:00 | | 0 commentaire(s)|

EXCLUSIF SENEPLUS - Si le Premier ministre maintenait le Téra Meeting, il se comportera exactement comme le jour où, bravant le couvre-feu pour cause du Covid-19, il se transforma en vecteur d’un redoutable agent pathogène

Dans un post publié sur sa page du réseau socioprofessionnel LinkedIn, Le Soleil, en guise d’illustration, insère plusieurs images légendées dont l’une d’elles se passe de commentaires sur ce que nous considérons, en tant qu’observateur, comme les 18 mois de repos du premier des ministres depuis avril 2024. « J’avais simplement besoin d’un peu de repos, mais je reprendrai du service dès lundi prochain, [27 octobre 2025] », annonce Ousmane Sonko à celles et ceux, jeunes ou moins jeunes, qui s’impatientent de le voir une énième fois pratiquer son sport favori quand le Mpox et la fièvre de la vallée du Rift, sans cartons d’invitation, s’invitent aussi après avoir plusieurs dizaines de fois endeuillé le Nord du pays. En proie à deux épidémies, le Sénégal de Diomaye et Sonko - à 1 % de surtaxe à la consommation -, n’est donc pas que financièrement et économiquement en agonie.

L’échec de la protection

La notion (polysémique) de prévention dans le domaine de la santé correspond, dans le pire des cas, à la réduction du nombre de nouveaux malades quand survient une pathologie dans la population. Dans le meilleur des cas, elle correspond aux mesures permettant d'éviter la survenue de la maladie. A titre d'exemple, « le suivi de la grossesse est l'occasion de prévenir les anémies, le tétanos néonatal, le paludisme et la transmission du VIH à l'enfant » (USAID/MCHIP, 2012).

Une action préventive est dite de « protection » lorsqu'elle se rapporte à la défense contre des agents ou des risques connus. Les cas de fièvre Ebola, très contagieuse et mortelle, signalés en Guinée forestière et à Conakry dans le courant du mois de mars 2014, constituaient des risques connus au Sénégal, pays frontalier de la République de Guinée. Aussi l'arrêté préfectoral ayant entraîné la fermeture à Vélingara (sud du Sénégal) des marchés hebdomadaires - comme celui de Diaobé -, fréquentés par les ressortissants des deux pays voisins, constituait-il une mesure de protection contre le virus Ebola prise par l'autorité compétente.

Concernant le Mpox et la fièvre de la vallée du Rift, l’action préventive de protection s’est soldée - comme le montre le plus récent communiqué du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique à notre possession -, par un échec.

Point de situation sur les épidémies de Mpox et de Fièvre de la Vallée du Rift (FVR)

Le ministère de la Santé et de l'Hygiène publique (MSHP) fait le point sur l'évolution des épidémies de la Fièvre de la Vallée du Rift (FVR) et de la Mpox, à la date du 22 octobre 2025.

1- Fièvre de la Vallée du Rift (FVR)

Depuis le début de l'épidémie, le Sénégal a enregistré 287cas confirmés, dont 25 décès et 226 guéris. La répartition des cas positifs est la suivante :

Région de Saint-Louis : 244 cas • District Saint-Louis : 71 cas • District Richard-Toll : 125 cas • District Podor : 18 cas • District Pété : 7 cas • District Dagana : 23 cas

Région de Louga : 16 cas • District Linguère : 8 cas • District Keur Momar Sarr : 4 cas • District Sakal : 2 cas • District Dahra : 2 cas

Région de Dakar : 2 cas • District Keur Massar : 1 cas • District Sangalkam 1 cas

2- Mpox

Région de Matam : 13 cas • District Thilogne : 8 cas • District Kanel : 2 cas • District Ranérou : 1 cas • District Matam : 2 cas

Région de Fatick : 9 cas • District Fatick :3 cas • District Diofior : 6 cas

Région de Kaolack : 3 cas • District Nioro : 1 cas • District Kaolack : 2 cas

Depuis la confirmation du premier cas le 22 août 2025, 7 cas confirmés et 2 cas probables ont été enregistrés, tous localisés dans la région de Dakar. Huit (8) personnes sont guéries et aucun décès n'a été signalé. A ce jour, 30 personnes contacts sont actuellement suivis.

Le ministère appelle les populations à faire preuve de vigilance, à respecter scrupuleusement les mesures de prévention, et à collaborer activement avec les agents de santé et les relais communautaires pour contenir ces épidémies.

Et si 2020 inspirait 2025

Dès le mois de mars 2020, date à laquelle est apparu le premier cas de coronavirus, le gouvernement du Sénégal rendit publics quotidiennement, à travers un communiqué du ministère de la Santé et de l’Action sociale (MSAS), les chiffres de l’épidémie. Ledit communiqué, disponible sur le site Internet du ministère, se présentait - situation du vendredi 28 août 2020 -, d’une manière générale ainsi qu’il suit :

Ce vendredi 28 août 2020, le ministère de la Santé et de l’Action sociale a reçu les résultats des examens virologiques ci-après:

Sur 1250 tests réalisés, 90 sont revenus positifs, soit un taux de positivité de 7,20 %. Les cas positifs sont répartis comme suit :

- 50 cas contacts suivis par nos services ;

- 40 cas issus de la transmission communautaire répartis entre :

Kédougou (7), Bignona (3), Kaolack (3), Ziguinchor (3), Guédiawaye (2),

Ouakam (2), Plateau (2), Popenguine (2), Saint-Louis (2), Thiés (2), Fann Résidence (1), Keur Massar (1), Liberté-5 (1), Louga (1), Maristes (1), Mbao (1), Médina (1), Nord Foire (1), Ouagou-Niayes (1), Pikine (l), Richard-Toll(1) et Tivaouane (1) ;

- 117 patients hospitalisés ont été contrôlés négatifs et déclarés guéris ;

- 44 cas graves sont pris en charge dans les services de réanimation ;

- 2 décès ont été enregistrés ce jeudi 27 août 2020 ;

- L’état de santé des autres patients hospitalisés est stable.

A ce jour, 13384 cas ont été déclarés positifs dont 9091 guéris, 279 décédés et donc 4013 sous traitement.

Le ministère de la Santé et de l’Action sociale exhorte les populations au respect strict des mesures de prévention collective et individuelle.

Le nombre de personnes, arrachées à l’affection de leurs proches et au pays tout entier et pour lesquelles nous avons une pensée pieuse, attire, évidemment, hier comme aujourd’hui, notre attention avant toute autre considération. Viennent, respectivement en deuxième et troisième position, les cas graves et les autres patients hospitalisés. C’est seulement après que nos préoccupations de recherche s’imposent à nous à la lecture des communiqués comme celui rappelé.

Peu avant la mi-mars, chaque communiqué selon ce modèle, devenu un classique, montre la façon dont le nombre de cas communicataires se répartit dans la région de Dakar et dans les autres parties du pays. La tentation est donc grande pour le chercheur de dresser un tableau récapitulatif sur une assez longue période et d’axer prioritairement son investigation sur lesdits cas. Pour n’avoir jamais été mis en cause par les professionnels de la santé, le format du communiqué parut donc satisfaisant. Pour notre part, les choses - nous y avions consacré beaucoup de temps de travail bénévole -, étaient  beaucoup moins simples. Une chose est sûre, la disponibilité, au quotidien, du communiqué fut un acquis dont tout chercheur pouvait se satisfaire.

Dans le communiqué du vendredi 28 août 2020 - c’est le cas pour tous les communiqués l’ayant précédé et pour tous les communiqués suivants - les « cas contacts » mentionnés sont suivis par les services du MSAS. Pour ces cas, la source bien connue de contamination permettait d’établir un lien épidémiologique permettant de répondre à la question essentielle : « Qui a le coronavirus, quand, où et pourquoi ? » L’impossibilité d’établir un tel lien pour les cas communautaires signifie que les personnes malades ont contracté le coronavirus d’une source inconnue et que le virus se propage d’une personne à l’autre dans la communauté concernée. Corrélée en même temps positivement avec l’augmentation exponentielle du nombre de personnes infectées, l’éclosion de cas communautaires fut d’un intérêt certain pour la recherche. Aussi l’analyse visait-elle à en percer le mystère si mystère il y a.

La propagation du virus au sein d’une communauté donnée signifie que les conditions dans lesquelles un fort regain d’activité du dudit virus sont réunies ou presque. C’est théoriquement le cas au Sénégal au mois d’août 2020 puisque toutes les mesures d’interdiction  de la circulation et des rassemblements (état d’urgence, couvre-feu, déplacements sur de longues distances, etc.) visant à endiguer une trop importante circulation de l’agent pathogène avaient été levées par le gouvernement à cette date et que le relâchement général observé dans tous les milieux socioprofessionnels s’était accentué à la même date du fait des préparatifs  pour la célébration de la grande fête musulmane du sacrifice.

Le rappel ainsi fait donne une idée sur la façon dont mars 2020 doit inspirer octobre 2025. Premièrement, à la différence du MSAS de 2020, le MSHP d’octobre 2025 ne dit rien dans son communiqué du 22 octobre 2025 sur le nombre de tests réalisés, le nombre desdits tests  revenus positifs et le taux de positivité correspondant. Deuxièmement, si le Premier ministre maintenait le Téra Meeting du 8 novembre 2025, il se comportera exactement comme le jour où, bravant le couvre-feu pour cause d’épidémie de Covid-19,  il se transforma en vecteur, pour les siens d’abord et pour le reste de la société ensuite, d’un redoutable agent pathogène. Hier, le coronavirus. Aujourd’hui le Mpox et la fièvre de la vallée du Rift qui s’inviteront au Téra Meeting du 8 novembre 2025.

Épidémiologie politique

L’épidémiologie est la science qui étudie les déterminants, les causes, de la maladie dans les populations. Elle s’intéresse donc à l’état de santé des populations plutôt qu’à la santé des individus, objet de la médecine clinique.

Faire de l’épidémiologie consiste à estimer le risque d’être ou de tomber malade, et son augmentation potentielle, en fonction de certaines caractéristiques comme nos gènes, nos comportements, notre environnement, etc.

L’épidémiologie politique est, elle, l’ensemble des processus politiques et bureaucratiques relatifs à l’utilisation de l’information obtenue à partir d’études épidémiologiques. En l’absence de telles études et de l’utilisation des données enregistrées, les processus politiques et administratifs, encore  inexistants, suffisent à dissuader le chef du gouvernement à préparer une démonstration de force dont le résultat serait l’accroissement de la morbidité dans une société déjà malade d’une misère crasse. Celle-ci s’est aggravée avec l’arrêt du paiement des bourses de sécurité familiales qui, en contrepartie de leur versement aux ayants droit du Registre national unique (RNU), encourageaient les milieux défavorisés à déclarer les naissances, à vacciner les mômes et à les inscrire à la maternelle. à l’école coranique et, plus tard, à l’école primaire en langue française ou franco-arabe selon le choix souverain des parents.

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Farid


Source : https://www.seneplus.com/politique/le-8-novembre-d...