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LE CRI D’UN JEUNE MIGRANT SENEGALAIS AUX CANARIES : «Ils nous volent et nous enferment»

Rédigé par leral.net le Mardi 21 Octobre 2025 à 17:22 | | 0 commentaire(s)|

LE CRI D’UN JEUNE MIGRANT SENEGALAIS AUX CANARIES : «Ils nous volent et nous enferment»

 
Arrivé à El Hierro il y a six mois, après une traversée périlleuse depuis le Sénégal, Boy (nom d’emprunt), 16 ans, témoigne du calvaire qu’il endure dans un centre pour mineurs à Gran Canaria. Il dénonce le vol de son argent, l’absence d’activités éducatives et des sanctions absurdes. Son récit met en lumière les zones d’ombre du dispositif d’accueil des mineurs migrants dans les îles Canaries.
 
 
 
«Ils ne nous traitent pas bien. Ils nous volent notre argent et appliquent des règles que personne ne comprend.» La voix de Boy tremble à l’autre bout du fil. Ce jeune Sénégalais de 16 ans, arrivé il y a six mois à El Hierro, après une traversée en pirogue, confie à Canarias7, le désespoir et la colère qui l’habitent.
Depuis son arrivée, il a connu trois centres d’accueil différents. Mais celui où il se trouve actuellement, dans le sud de Gran Canaria, est selon lui un lieu d’injustice et d’abandon : «le problème, ce sont les responsables. Ils ne veulent pas notre bien. Ils appliquent des sanctions qui n’ont aucun sens.»
Boy raconte avoir été «bien accueilli» à El Hierro, première terre qu’il a foulée après l’océan. L’espoir, alors, était encore vivant. Mais au fil des transferts Tenerife, puis Gran Canaria,  il dit avoir découvert une autre réalité : celle d’un système défaillant, où l’humanité semble se dissoudre dans la bureaucratie.
Dans son centre actuel, il révèle qu’une soixantaine de jeunes vivent entassés, et affirme que certains ne sont même pas mineurs. Une situation qu’il juge «illégale et dangereuse».
La colère du jeune Sénégalais naît d’abord d’un détail en apparence anodin : l’argent de poche. «On devrait recevoir 10 euros par semaine, mais on ne nous donne qu’un euro, parfois un euro cinquante.»
Pour lui, ce n’est pas une simple question de montant, mais de dignité. Cet argent symbolise la reconnaissance de leur humanité et de leur autonomie. «Ils nous enlèvent toute notre liberté», écrit-il en français dans un message adressé au journaliste.
Mais les frustrations ne s’arrêtent pas là : pas d’école, pas d’activités sportives, pas de sorties sauf les week-ends. Les journées s’étirent, vides, derrière les murs. «Nous n’apprenons rien, nous ne faisons rien. C’est comme une prison.»
Le témoignage de Boy vient raviver un débat sensible : celui de la prise en charge des mineurs migrants non accompagnés. Les centres canariens ont reçu près de 89,86 millions d’euros en 2025 pour assurer leur accueil, leur éducation et leur bien-être. Pourtant, la réalité décrite par ce jeune garçon semble bien loin des intentions officielles.
Il n’est qu’un parmi plus de 2800 mineurs arrivés sur l’archipel depuis le début de l’année. Des enfants souvent invisibles, ballottés entre espoir et désillusion, entre mer et murs.
Son message, avant tout, est un appel. Un cri discret, mais profond : «nous avons vraiment besoin de ton aide.»
Derrière ces mots, la fatigue d’un adolescent qui a tout risqué pour un avenir meilleur, et qui découvre que l’exil n’est pas toujours une délivrance. Dans sa solitude, Boy incarne la voix d’une génération oubliée, à la croisée de deux mondes : celui qu’il a fui, et celui qui, pour l’instant, ne l’a pas encore accueilli.
 
Khadidjatou D. GAYE
 
 



Source : https://www.jotaay.net/LE-CRI-D-UN-JEUNE-MIGRANT-S...